Dalya Daoud : Challah la danse

Challah la danse    par  Dalya Daoud.

Le Nouvel Attila (2024) 251 pages.

Rentrée littéraire 2024.

 

 

 

En écrivant Challah la danse, Dalya Daoud a réussi une chronique  villageoise peu ordinaire, inspirée de son expérience personnelle.

 

De 1969 à 1998, elle fait vivre plusieurs familles dans un village des Monts du Lyonnais, à quelques encablures de la Capitale des Gaules et de Givors.

 

 

Si la famille Benbassa est centrale avec Smaïl et Lalla, celle qui danse, et leurs cinq enfants, c’est tout un ensemble qui gravite autour d’eux. Ils sont venus d’Algérie ou de Tunisie pour travailler dans l’usine de tissages Brocard Frères.

 

Armand Kechichian en est le patron – vous saurez pourquoi le nom de l’usine ne ressemble en rien au sien, en cours de lecture – et, au plus fort de l’activité, il emploie soixante-huit personnes qu’il a bien fallu loger. C’est pourquoi il a fait construire à la va-vite un lotissement de six longères en préfabriqué, en bordure du chemin des Brigands. On l’appelle le Lotissement que certains nomment même la casbah...

 

 

Quand vient l’été, les Taïeb repartent à Monastir, en Tunisie, les Benbassa en Kabylie mais les Amrouche préfèrent rester.

 

 

D’anecdotes savoureuses en événements révélateurs d’une acclimatation pas toujours facile, Dalya Daoud (photo ci-dessous) m’a permis d’appréhender et de comprendre tous les obstacles qu’ont dû surmonter ces immigrés venus faire tourner nos usines.

 

 

 

Ce village que Dalya Daoud décrit de manière savoureuse, se nomme Saint-Bol, dénomination fictive alors que les relations entre les habitants sont tellement réelles que je m’y crois et que j’espère en savoir plus à la fin de ces chapitres que je trouve trop courts. Heureusement, le récit est plein d’humour, de remarques délicieuses sur le voisinage et la vie de quartier.

 

 

De toutes ces tranches de vie, j’aimerais dégager la fête foraine avec ces attractions très flippantes qui me rappellent des souvenirs mais c’est la fin d’une petite entreprise faisant vivre tout un village qui me laisse un goût amer. On laisse entrer chez nous des tas de produits fabriqués bien loin et dans des conditions inadmissibles alors que nous savions les réaliser  aussi mais… mondialisation et super profits obligent.

 

 

Les années passent et les enfants grandissent. Ils veulent vivre leur vie, partir en ville, tenter de s’intégrer, même au village, mais c’est très difficile car le racisme reste vivace ainsi que le poids de la religion et des traditions.

 

 

Malgré tout, Vincent Chambon, fils de celui qui avait vendu le terrain à Brocard Frères pour la construction du Lotissement, agriculteur dynamique, apporte un brin d’espoir, même s’il ne fait pas l’unanimité.  Hélas, l’histoire s’arrête en octobre 1998 et j’aurais bien aimé qu’elle se poursuive car Dalya Daoud maintient un suspense intrigant. Cela laisse peut-être espérer une suite...

 

 

Challah la danse est donc un roman captivant de cette rentrée littéraire 2024. Il permet de comprendre ce que vivent et ressentent des familles venues d’Afrique du Nord pour s’installer en France, à la campagne, loin des immenses cité urbaines. Tout le mérite en revient à Dalya Daoud et je remercie Babelio et les éditions Le Nouvel Attila pour cette découverte.

 

 

 

PS :

 

Petit bonus surprise que j’ai découvert par hasard en retournant le bandeau illustré par une belle photo signée Doug DuBois, pour Challah la danse : Dalya Daoud nous offre trois recettes à inclure dans son récit : Les escargots de Montserrat (page 145), Le sandwich à l’œuf de Toufik (page 197) et Le gratin de cardons de l’Auberge de la Brivonne (page 146).

 

Bon appétit !

 

Jean-Paul

 

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M
Voilà une autrice que je ne connais pas encore et bien entendu après avoir lu ta chronique faire sa connaissance me tente beaucoup. Merci
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