Justine Niogret : Quand on eut mangé le dernier chien
-
Quand on eut mangé le dernier chien par Justine Niogret.
Voir de près (2024) 337 pages ; Au diable vauvert (2023) 224 pages ; J’ai Lu (2024) 192 pages.
/image%2F3417118%2F20240714%2Fob_57d427_quand-on-eut-mange-le-dernier-chien.jpg)
Dans son roman Quand on eut mangé le dernier chien, Justine Niogret raconte l’expédition dans l’immensité des terres glaciales de l’Antarctique, de trois scientifiques, Mawson, Ninnis et Mertz. dix-sept chiens groenlandais, et deux traîneaux, le « groupe de l’est lointain ».
Partis fin 1912 du Cap Denison avec leurs chiens, leur but, cinq cent soixante kilomètres et même chose au retour, est de collecter des données, des roches géologiques, et d’explorer et cartographier les régions côtières du continent glacé. Ils sont loin de se douter de l’affreux cauchemar qui les guette.
En effet, comme le titre du livre le laisse à penser, l’expédition va être confrontée à des conditions extrêmes, inhumaines. L’autrice va d’ailleurs donner comme titre aux différents chapitres du livre, le nombre de chiens survivants, ce nombre diminuant au fil du récit, même s’il peut augmenter deux fois, la première lorsque la Chienne met bas quatorze chiots, hélas nés déjà froids et la seconde lors du retour de La Rouge.
/image%2F3417118%2F20240714%2Fob_a61de1_route-of-the-far-eastern-party-map-fr.png)
Les bêtes sont vitales, ce sont elles qui tirent les traîneaux sur lesquels se trouvent la nourriture, les outils, les médicaments et « Tous savaient ce qu’ils deviendraient sans les chiens »…
/image%2F3417118%2F20240714%2Fob_d429ef_sir-douglas-mawson-circa-1916.jpg)
Justine Niogret a centré sa fiction historique sur les trois aventuriers au courage sans borne et leurs chiens faits pour la glace, à la puissance et l’endurance incroyables.
Photo ci-dessus : Douglas Mawson.
/image%2F3417118%2F20240714%2Fob_c0f398_d9481.jpg)
Photo ci-dessus : Finnesko.
Elle nous transporte dans ce froid glacial, dans cette solitude glacée avec l’infini à perte de vue, infini pourtant très restreint pour ces hommes portant des lunettes de bois fendu enfoncées dans plusieurs capuches durcies et prises par la glace.
/image%2F3417118%2F20240714%2Fob_a4f3d3_220px-mertz-and-ninnis-arrive-at-aladd.jpg)
/image%2F3417118%2F20240714%2Fob_40a4f8_b-e-s-ninnis.jpg)
Photo ci-contre : Edward Sutton Ninnis.
Tout en nous faisant suivre la progression de ces explorateurs, Justine Niogret décrit avec détails non seulement les éléments naturels sur et avec lesquels ils évoluent, avec les sastrugi, crêtes de neige aiguës et le blizzard, leur nourriture avec le fameux hoosh, soupe faite avec les réserves de pemmican, les vêtements avec les finnesko, chaussures traditionnelles en peau de renne, mais aussi la tente de bambou et l’indispensable et vital petit poêle Primus.
/image%2F3417118%2F20240714%2Fob_8d379f_xavier-mertz.jpg)
Photo ci-contre : Xavier Mertz.
Avec un style clair, dépouillé et précis, l’autrice nous fait vivre au plus près de ces hommes, ressentir avec acuité et avec incrédulité les conditions dantesques et quasi irréelles qu’ils doivent vaincre, leur survie ne tenant qu’à leur ténacité, leur expérience, leur solidarité.
/image%2F3417118%2F20240714%2Fob_918142_mawsonhut.jpg)
Leurs forces physiques et mentales, leur capacité à dépasser la souffrance et l’épuisement m’ont absolument coupé le souffle et laissée ébahie.
/image%2F3417118%2F20240714%2Fob_87df93_svalbard-sastrugi-snow.jpg)
Photo ci-dessus : Sastrugi.
De même, leur pugnacité pour faire face au blizzard, leur résistance aux privations de nourriture et de soins, leur ingéniosité et inventivité pour tenter de se sortir de situations quasi sans issue m’ont stupéfaite et laissée plus qu’admirative.
/image%2F3417118%2F20240714%2Fob_164172_douglasmawsoncapdenison.jpg)
Plus que des hommes, on peut, je crois, parler de surhommes, de véritables héros, ne cherchant pas la gloire ou la renommée, mais seulement à approfondir les connaissances sur des contrées encore mal connues, et pour cause.
/image%2F3417118%2F20240714%2Fob_8df92c_7994764.jpeg)
Quand on eut mangé le dernier chien de Justine Niogret (photo ci-dessus) est un récit puissant et saisissant, une revisite personnelle et originale, réussie de cette grande histoire de survie… solitaire, à l'ère héroïque de l'exploration antarctique.
Ghislaine