Olivier Grenson : Le Partage des Mondes BD
-
Le Partage des Mondes BD par Olivier Grenson.
Le Lombard (2024) 239 pages.
/image%2F3417118%2F20240707%2Fob_8a0501_le-partage-des-mondes-le-partage-des-m.jpg)
La phrase choisie en épigraphe par Olivier Grenson pour Le Partage des Mondes, extraite de « Renaître par les contes », de Henri Gougaud synthétise parfaitement l’esprit de ce superbe roman graphique, posant cette question essentielle : le merveilleux n’est-il pas la vie véritable qu’il faut aider à éclore ?
Dès les premières pages, nous voici propulsés en septembre 1940, dans un épisode de la Seconde Guerre mondiale, avec cette opération de grande ampleur menée par la Luftwaffe pour détruire la Royal Air Force, puis Londres, le Blitz. Les sirènes retentissent, annonçant une nouvelle attaque allemande.
Isaac, un jardinier de Kensington, cet homme qui a perdu l’amour de sa vie, Eva, lors d’un bombardement n’espère plus rien, mais une petite fille égarée au cœur du chaos croise sa route juste au moment où il fallait se rendre aux abris.
/image%2F3417118%2F20240707%2Fob_3963cb_page-6.jpg)
Réfugiés dans le métro, pour lui changer les idées et pour l’aider à oublier la violence humaine, le vieil homme va commencer à lui raconter une histoire et improviser un conte, réapprenant lui-même à rêver et à vivre…
Quel magnifique travail graphique a réalisé Olivier Grenson dans cet album, que ce soit dans les tons sombres, grisâtres, pour nous faire appréhender la vie des Londoniens plongés dans le fog, les fumées et les poussières des usines et maintenant celles des bombardements ou dans ces superbes couleurs chatoyantes utilisées pour raconter ce conte onirique, écologique, véritable bouée de sauvetage pour les deux protagonistes, ces couleurs flamboyantes faisant d’autant plus ressortir la grisaille de la guerre.
/image%2F3417118%2F20240707%2Fob_5aa4e6_page-7.jpg)
Olivier Grenson, scénario, dessin & couleurs, représente avec beaucoup de réalisme le chaos vécu par les Londoniens, leur quotidien compliqué, le métro devenant leur refuge lors des alertes de bombardement. Si le dessin exprime également à merveille les sentiments de ces milliers de gens vivant sous les bombes, il nous donne aussi à entendre le son de manière fascinante, notamment les hurlements des sirènes, le grondement des avions allemands, le fracas des bombes ou encore la riposte des canons britanniques.
Ce cadre historique particulièrement sombre fait hélas résonner en nous, le terrible conflit ukrainien actuel.
/image%2F3417118%2F20240707%2Fob_ee3662_page-25.jpg)
Quelle idée géniale d’avoir utilisé ce contraste entre la réalité de la guerre et l’innocence de l’enfance, en inscrivant au cœur de cet épisode historique traumatisant ce conte montrant l’importance des rêves et la force que peut revêtir l’imaginaire et le pouvoir de la fiction.
Ce conte, L’arbre aux mille couleurs, mis en scène de façon sublime, tant par le texte, les dessins que les couleurs porte un vrai regard sur le monde d’aujourd’hui, mis fort à mal aussi bien par le réchauffement climatique que par le retour de la guerre. Pour répondre aux questions de Mary sur les conflits armés et au partage des mondes Isaac utilise d’ailleurs une métaphore très explicite : « Un pays c’est comme un gâteau et la guerre c’est pour rafler le plus gros morceau ».
Je me suis fort attachée à ces deux personnages unis dans leur désir d’échapper au réel, aussitôt après avoir fait leur connaissance, tant ils sont émouvants. Ils servent admirablement ce récit, empli d’une profonde humanité
/image%2F3417118%2F20240707%2Fob_d680fb_page-35.jpg)
En ces temps difficiles, je ne peux que recommander vivement la lecture de ce roman graphique, Le Partage des Mondes de Olivier Grenson (photo ci-dessous).
/image%2F3417118%2F20240707%2Fob_4e138d_olivier-grenson.jpg)
Je remercie très sincèrement actuabd et les éditions Le Lombard pour m’avoir offert l’opportunité de découvrir ce splendide album.
Ghislaine