Alexandra Koszelyk : Pages volées
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Pages volées par Alexandra Koszelyk.
Aux Forges de Vulcain (2024) 297 pages.
Rentrée littéraire 2024.
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Dans ces « quelques pages volées à l’éternité », comme elle l’écrit si bien, Alexandra Koszelyk va très loin dans la confidence, l’introspection, une recherche d’elle-même à la fois émouvante et enrichissante pour le lecteur que je suis.
À l’occasion de sa première résidence d’écriture, à Mortagne-au-Perche (photo ci-dessous), dans l’Orne, Alexandra Koszelyk revient sur le terrible traumatisme qui a marqué sa vie à jamais. Elle avait un peu plus de 8 ans quand, dans un terrible accident de la route causé par un autre véhicule, ses parents sont morts. Alexandra et son petit frère âgé de 3 ans étaient dans la voiture mais elle ne se souvient que de son réveil à l’hôpital.
À partir de là, je découvre un récit à la fois doux et brutal. C’est ce que l’on peut qualifier d’essai car l’autrice va très loin en parlant d’elle-même mais aussi de sa famille et des gens qu’elle rencontre.
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Trente ans après cet accident, « l’accident de ses parents », comme on lui disait, elle est devenue mère à son tour et cela réactive sans cesse sa douleur, cette perte irrémédiable qu’elle réussit tout de même à surmonter, grâce à l’écriture.
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Toujours précise, Alexandra Koszelyk qui m’avait déjà captivé avec À crier dans les ruines, note chaque étape, la date et chaque lieu où elle prend ses notes dans son précieux carnet. Cela se développe essentiellement durant l’année 2023 et elle m’emmène de Mortagne-au-Perche à Colombes, chez elle, puis en Bretagne, en Normandie avant de revenir dans l’Orne puis en région parisienne, en Lorraine, à Paris, au Père-Lachaise (photo ci-dessous) et, enfin, à Orléans pour l’enterrement de son oncle.
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Souvent, elle détaille son travail d’écrivaine, son rapport à la lecture, son écriture qui est un régal. Il faudrait citer beaucoup de belles phrases qui ne peuvent qu’enchanter les lecteurs de ces Pages volées. Elle réussit même quelques vers libres très émouvants.
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Si l’analyse est bonne, Alexandra Koszelyk a raison de se demander ce qui se serait passé si les réseaux sociaux avaient existé quand elle retrouve son journal intime : « Comment se reconstruit une orpheline de nos jours ? »
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L’autrice parle aussi très bien de son travail d’enseignante en français, latin, grec. Celles et ceux qui l’ont eu comme prof ont eu bien de la chance.
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Il y a aussi son rapport avec l’Ukraine et l’ukrainien car ses quatre grands-parents sont originaires de ce pays dramatiquement martyrisé par son voisin insatiable. La catastrophe de Tchornobyl (photos ci-dessus), comme il faut l’écrire en ukrainien, huit mois après l’accident, ne peut qu’être traumatisante.
Je suis profondément ému par ce que ressent Alexandra Koszelyk (photo ci-dessous) lorsqu’elle affirme que l’écriture défie la mort, cette mort qui rôde souvent dans ces Pages volées.
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Elle fait bien la promotion de l’étymologie, analyse parfaitement sa façon d’écrire et le style de son livre tout en me faisant vivre la vie d’une écrivaine qui doit beaucoup se déplacer pour échanger avec ses lectrices et lecteurs, une richesse pour nous aussi.
Grâce à Babelio et aux éditions Aux forges de Vulcain que je remercie, j’ai pu retrouver une autrice déjà appréciée mais qui a su, dans Pages volées, exceller dans un registre totalement différent.
Jean-Paul