Cécile Coulon : La langue des choses cachées

La langue des choses cachées    par   Cécile Coulon.

L’Iconoclaste (2024) 134 pages ; Voir de près (2024) 200 pages.

 

 

Un prologue magnifique, empreint de poésie et de lyrisme introduit La langue des choses cachées de Cécile Coulon, un roman court, épuré, de moins de 150 pages, mais d’une grande intensité :

« Car c’est ainsi que les hommes naissent vivent et disparaissent en prenant avec les cieux de funestes engagements … Au milieu de cette foule aveugle, titubante, certains comprennent les choses cachées ».

 

C’est donc l’histoire de l’un d’entre eux, un jeune guérisseur que Cécile Coulon nous raconte.

Quand on a appelé sa mère, celle-ci, âgée, s’est tournée vers lui et il a compris : il doit prendre son tour, faire suite. À la tombée du jour, il se rend donc dans un hameau isolé, le Fond du Puits, situé entre deux basses collines, un endroit où sa mère a autrefois déjà officié auprès d’une âme en souffrance. C’est la première fois qu’il part seul accomplir cette tâche : voir les choses cachées.

 

 

Il va cependant désobéir à sa mère, en se rendant, après sa visite  à la famille qui l’a appelé, auprès d’une autre qui le demande, puis en parlant, ce qui est interdit, sa mère lui a pourtant expliqué le travail des années entières…

Il réalise que les actions de sa mère ont eu de terribles conséquences mais celles qu’il va mener lui, en seront-elles dénuées ?

 

 

La langue des choses cachées se lit comme un conte, un conte noir et cruel. Il pourrait se dérouler au Moyen-âge, comme au siècle dernier, les gens se déplacent à pied, les rues sont étroites et les maisons basses et pourtant, il semble se passer de nos jours, à une époque où les hôpitaux comportent de nombreux étages, les couloirs tous identiques et où les spécialistes refusent cette aide-là. Les personnages n’ont pas de nom. Il y a « la mère », « le fils » toujours écrits en italique dans le texte, « le prêtre », témoin vivant du village, pilier essentiel de ces lieux, « l’homme aux épaules rouges » ou encore « la femme aux yeux verts »

 

 

 

Ce roman, l’autrice l’a voulu nerveux, vif, condensé, avec une petite histoire dans chaque chapitre pour contribuer à l’histoire principale.

 

Dans ce conte sombre, l’autrice dénonce avec force la violence des hommes, leur violence envers les femmes, les enfants. Son écriture poétique, ciselée et extraordinairement sensorielle m’a emportée et transportée véritablement dans ce Fond du Puits, auprès de ce « fils ».

 

 

Lumière et obscurité, blancheur et noirceur, l’amour et le sang, l’innocence et la bestialité, le meilleur et le pire se côtoient et s’opposent tout au long du récit. Une seule couleur, le rouge, fait parfois irruption, aussi sombre que le noir.

 

 

La langue des choses cachées est un roman fabuleux dans lequel Cécile Coulon (photo ci-dessous) explore avec talent la force poétique de la nature et la noirceur des hommes.

 

 

J’avais déjà beaucoup apprécié cette autrice en lisant Une bête au paradis, Prix littéraire du monde 2019. Après l’avoir entendue présenter La langue des choses cachées, au Printemps du Livre de Grenoble, je me suis promise de le découvrir et ne l’ai pas regretté, le conseillant à mon tour à toutes celles et ceux qui aiment la belle littérature.

Ghislaine

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M
J'aime beaucoup la plume de cette autrice et j'ai noté ce roman pour le lire depuis sa sortie mais pour l'instant, à moins de le réserver, il est toujours emprunté quand je vais en médiathèque...j'attendrai donc ! Merci pour ta chronique qui me conforte dans l'idée de la lire
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D
J'avais préféré le réserver et j'ai pu l'avoir sans trop de délai....
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