J'y vais mais j'ai peur. Journal d'une navigatrice. BD Clarisse Crémer et Maud Bénézit
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J’y vais mais j’ai peur
Journal d’une navigatrice.
BD de Clarisse Crémer et Maud Bénézit.
Delcourt/Encrages (2024) 218 pages.
Prix Orange BD 2024.
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Le Prix Orange de la BD, cette année, a mis à l’honneur un album complètement différent du précédent lauréat: Majnoun et Leïli, Chants d’outre-tombe, de Yann Damezin.
J’y vais mais j’ai peur, journal d’une navigatrice, cette BD réalisée en étroite collaboration par Clarisse Crémer et Maud Bénézit, m’a permis de faire, tout simplement, un fabuleux tour du monde : le Vendée Globe 2020, une aventure folle remarquablement contée et dessinée.
J’ai tout de suite été séduit par une sorte de naïveté dans le dessin, par ces vignettes libres de tout cadrage, un peu comme Clarisse, la navigatrice qui a réalisé enfin un rêve, par sa volonté propre.
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D’emblée, elle me fait partager son amour pour la nature, une mouette, une chienne (Gigi !) car dès son plus jeune âge, Clarisse adore parler aux animaux. Mais sa passion pour la voile date de 2006 et elle est amplifiée dès sa rencontre, en 2011, avec Tanguy qui est skipper, c’est-à-dire capable de diriger un bateau.
Avec Maud Bénézit qui s’est déjà distinguée avec Il est où le patron ?, BD éloquente sur le monde agricole, Clarisse Crémer n’hésite pas à détailler ce qui l’attire dans la navigation, sans jamais faire de ce livre un manuel de voile.
Le récit est la plupart du temps constitué d’un foisonnement de vignettes avec tout le texte indispensable – présentation de la scène, plus dialogues et réflexions – mais arrivent régulièrement des planches entières, voire des doubles pages magnifiquement dessinées.
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Clarisse fait bien partager l’évolution de son projet, ses hésitations, ses doutes, son enthousiasme et ses décisions car, avant de se lancer dans ce fameux Vendée Globe, tour du monde en solitaire et sans assistance, elle fait ses preuves : transat en double avec Tanguy, solitaire du Figaro… De plus, elle se fait coacher par Armel Le Cléac’h pour pouvoir piloter un Imoca (18,28 m de long et 29 mètres de mât).
Même si elle se décide à y aller pour ce Vendée Globe grâce au soutien indispensable de sponsors, elle a peur.
Enfin, elle y va ! En juillet 2019, elle devient membre officiel du Team Banque Populaire à Port-la-Forêt (Finistère) et elle suit de près le travail de toute une équipe lancée dans dix-sept mois de préparation.
Elle fait même la transat Jacques Vabre avec Armel Le Cléac’h et ramène toute seule le bateau depuis le Brésil. Hélas, le Covid vient tout remettre en question, posant tous les problèmes que nous avons vécus.
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Malgré tout, le départ approche. On utilise la visio pour communiquer. Les masques empêchent un véritable au revoir avec la famille mais c’est parti, le 8 novembre 2020 !
À partir de là, je vous laisse avec Clarisse qui détaille, explique très bien sa vie à bord, fait partager ses soucis, ses inquiétudes, ses problèmes mais surtout communique son enthousiasme, ses joies et tout son bonheur de réaliser un rêve qui paraissait impossible.
Elle n’oublie pas l’humour, même dans les moments difficiles et, grâce à Maud Bénézit (photo ci-dessous), fait bien comprendre la vie à bord.
Pour illustrer chaque action un peu technique, elle dessine, commente et tout devient plus clair. Moi qui n’ait pas le pied marin, j’aurais envie d’y aller aussi… mais soyons raisonnable…
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Côté moral et sentiments, Clarisse se livre avec beaucoup de franchise et cela permet de comprendre dans quel état psychologique elle était, seule, loin de tout, même si elle communique avec son équipe, sa famille et même avec des écoliers qui la suivent.
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Au passage, je découvre ce point Nemo au milieu de l’océan Pacifique, l’endroit le plus éloigné de toute terre, avec, en plus, 4 000 mètres de fond !
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Quand la ligne d’arrivée approche, Clarisse n’hésite pas à se poser tous les problèmes de pollution causés par le trafic maritime. Trop de baleines sont tuées par les bateaux. On parle de 20 000 chaque année et, en plus, au Danemark, on arrête et enferme un homme comme Paul Watson qui se bat pour sauver les baleines !
J’ai vraiment été passionné par cette aventure et je remercie Nicolas Zwirn, de Lecteurs.com, qui m’a permis d’embarquer avec Clarisse Crémer, bien secondée par Maud Bénézit dans cette BD récompensée par le Prix Orange BD 2024.
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Non seulement, Clarisse Crémer (photo ci-dessus) a bouclé son Vendée Globe 2020 en 87 jours, 2 heures, 24 minutes et 25 secondes mais elle s’est classée 12e sur 33 bateaux au départ. Qu’on lui dise qu’elle est, ce 3 février 2021, la femme la plus rapide sur un Vendée Globe, ne l’enthousiasme pas plus que ça car, sa plus belle découverte au bout de cette aventure, elle s’en rend compte enfin : c’est elle-même !
Jean-Paul