Jean Bart : Europolis

Europolis   par  Jean Bart.

Createspace Independant Publishing Platform (2016) 299 pages.

Titre original : Europolis.

Traduit du roumain par Gabrielle Danoux.

 

 

 

 

Avec un tel pseudonyme, Jean Bart, Eugeniu Botez (1874 – 1933), écrivain roumain (photo ci-contre), ne pouvait que transmettre sa passion pour la navigation, que ce soit sur un fleuve, sur la mer ou sur l’océan.

 

 

Dans Europolis, roman excellemment traduit par Gabrielle Danoux, l’auteur m’a fait vivre - années 1920 - une folle épopée aux côtés d’une quantité impressionnante de personnages qui se croisent, s’aiment, se haïssent, se combattent et disparaissent.

 

 

Europolis, c’est Sulina, ville éphémère pour l’auteur où se concentre un commerce important, où le blé de Roumanie est exporté mais où tous les trafics sont possibles. Pour que les échanges fonctionnent, a été mise en place, après la guerre de Crimée (1853 – 1856), une Commission Européenne du Danube qui veille à ce que ce bras du fleuve reste navigable malgré les quantités d’alluvions qu’il charrie et dépose au débouché dans la Mer Noire. Pour cela, il faut draguer le fond du fleuve et cela coûte cher.

 

 

Dans ce texte délicieux, cette traduction française très agréable à lire, je fais connaissance avec Stamati Marulis qui reçoit un jour, dans son café, une lettre venant d’Amérique du Sud. Ici, Grecs et Roumains vivent en parfaite entente mais cette lettre va déclencher un vrai cataclysme.

 

 

En effet, ce courrier signé par le frère de Stamati, Nicola,  fait rêver toute la population car un Américain qui rentre au pays ne peut être que très riche… Stamati dont l’épouse, Penelopa qui fut séduite par le capitaine Angelo Deliu – coup de foudre joliment présenté – contracte aussitôt un emprunt à la banque gréco-roumaine.

 

 

Pas très loin, de là, vit Olimbia, sœur de Stamati et Nicola, dont le mari tient un salon de coiffure, pense à réclamer aussi sa part. Ça promet !

 

 

Coup de théâtre : quand arrive enfin le fameux Nicola, accueilli comme un héros par une foule immense, se tient à ses côtés, une superbe jeune fille, la fille métisse de Nicola : Evantia. Mais, c’est « une moricaude » comme on la surnomme car elle est noire. En plus, elle porte un singe ! Tout le monde jase pendant que Penelopa et Olimbia se la disputent.

 

 

Rapidement, comme Penelopa qui n’a pas hésité à fouiller dans les bagages de son beau-frère, l’Américain, on se rend compte que ce dernier n’est pas riche. Qu’à cela ne tienne, les espoirs demeurent et on l’invite dans la meilleure société où on lui propose d’investir dans le pétrole, de créer une société de sauvetage sur le Danube, etc…

 

 

Eugeniu Botez (Jean Bart) me prépare bien à la catastrophe à venir mais, auparavant, raconte l’histoire émouvante d’Evantia après celle de son père, sans oublier de me faire découvrir les îles sur le Danube et les abords de ce fleuve majestueux avec de magnifiques descriptions. Il émaille souvent son récit d’expressions en français ce que Gabrielle Danoux ne manque pas de signaler dans ses notes de bas de page, apportant en plus d’intéressantes précisions.

 

 

L’auteur sait aussi très bien disserter sur l’amour. Il présente toujours avec précision les personnages de son roman, hommes ou femmes. Cela donne une galerie impressionnante de portraits avec, c’est normal, beaucoup de marins. Il pose ainsi d’excellentes questions à propos de l’attraction qu’exerce un être humain sur un autre et les conséquences qui en découlent.

 

 

Europolis met en scène une population hétéroclite, très internationale, qui n’échappe pas au racisme, à l’intolérance mais cela est, hélas, toujours vrai aujourd’hui. Heureusement, la poésie vient donner un peu de bonheur quand la tristesse et la nostalgie l’emportent. J’ai beaucoup aimé les vers cités par Neagu, le grand amour d’Evantia, en conclusion d’Europolis. Ils sont de Vasile Alecsandri et d’Eminescu qui dit très justement :

 

« Nous, enfants de ce petit univers

Nous faisons sur notre terre des monticules de fourmilières. »

 

J’adresse un chaleureux merci à Gabrielle Danoux (photo ci-contre) pour m’avoir permis de lire Europolis, un étonnant voyage dans le temps sur une rive du delta du Danube.

 

Jean-Paul

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