Claire Vesin : Blanches

Blanches    par   Claire Vesin.

La manufacture de livres (2024) 297 pages.

 

 

Sur une période relativement courte, d’octobre 2013 à avril 2014, mais riche en enseignements, Claire Vesin nous fait vivre au quotidien l’ordinaire d’un service d’urgences dans un hôpital public en crise.

 

 

Avec Blanches, cette autrice, médecin cardiologue, ne signe pas un documentaire mais un premier roman fort réussi !

 

 

En mettant en scène plusieurs personnages évoluant au service des urgences dans un hôpital d’une banlieue en décrépitude, Villedeuil, aux portes de Paris, elle nous donne à vivre et à entendre par leurs voix, la réalité d’un hôpital public.

 

Jean-Claude Pouillat y a passé toute sa carrière au sein du service de chirurgie. Seul depuis le départ de sa femme et de leur fils pour le Canada, ce, après la disparition de leur autre fils Arnaud, il reste passionné par cette ville comme par son métier.

 

 

Laetitia, 24 ans, est née et vit dans cette banlieue modeste. Elle y travaille. Infirmière,  à l’accueil des urgences, elle est inquiète pour son compagnon Kamel qui ne trouve pas de travail malgré des études brillantes, pénalisé par son nom et son adresse.

 

 

Aimée, elle, très affectée par la disparition de son amour, Arnaud, débute l’internat et a choisi d’effectuer son premier stage à Villedeuil.

Fabrice, quant à lui, est médecin au SAMU et a du mal à accepter sa paternité future.

 

 

Dans ce quotidien difficile, chacun de ces quatre personnages principaux fait le maximum pour que les patients soient pris en charge le plus vite possible, dans les meilleures conditions possibles mais, dans un stress permanent dû à leur impuissance devant le nombre toujours croissant des malades à prendre en charge, des effectifs et des moyens de plus en plus réduits.

 

 

Lors de ces premiers mois vécus ensemble, les destins de ces quatre personnages principaux vont s’entremêler, ils vont partager joies et échecs, détresse et amour du métier,  des relations vont se nouer. Malgré les difficultés rencontrées, ils tiennent et un équilibre est trouvé, un équilibre certes fragile.

 

 

Un accident de la route, lors du retour du réveillon et André se retrouve avec une double fracture du fémur et sera absent à l’hôpital pour plusieurs semaines. En attendant, il faut revoir l’organisation car pas de remplaçant disponible et c’est là que cet équilibre est remis en question et que le drame se produit bouleversant la vie de nos protagonistes.

 

 

Blanches est un roman poignant qui se lit presque comme un polar et qui analyse malheureusement avec beaucoup de justesse et de réalité la déliquescence de l’offre de soins, à l’hôpital public, il y a de cela déjà une décennie, crise qui s’est depuis encore largement aggravée, hélas.

 

 

Mais Blanches, plus qu’un rapport sur la situation critique et le mal-être de l’hôpital public en France, sur les services d’urgence et d’hospitalisation en grande tension est également un constat du mal-être d’une banlieue populaire.

 

 

J’ai trouvé très pertinente la réflexion qu’Aimée se fait en fin de roman sur le peu d’écart entre la médecine humanitaire, cette médecine différente de celle qu’on pratique en France, que son père lui conseille et la médecine pratiquée dans cet hôpital de Villedeuil où on trouve parfois les mêmes malades, les mêmes joies, aussi.

 

 

Bien mieux que des chiffres, toujours bruts et froids, avec ce roman, Claire Vesin (photo ci-contre) nous fait toucher du doigt le quotidien si compliqué du personnel soignant  pour tenter de soigner dignement et montre les conséquences de cette crise de l’hôpital sur la façon dont ils remplissent leurs missions.

 

 

Mais ce sont avant tout les valeurs humanistes portées par ce roman, l’humanité de ces soignants qui, chaque jour, se mettent au service des autres qui m’ont le plus touchée.

 

 

Blanches comme les tenues revêtues par le personnel hospitalier, Blanches comme les nuits qu’il est amené à passer en service ou même en repos,

 

Blanches est un bel hommage à tous ces soignants particulièrement ceux des services d’urgence confrontés à des enjeux dramatiques critiques « la vie qui glissait entre les doigts malgré les efforts », mais aussi à des moments d’émotion intenses et où la solidarité n’est pas un vain mot.

    Ghislaine

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