Antoine Choplin : La Barque de Masao

La Barque de Masao   par  Antoine Choplin.

Buchet/Chastel (2024) 202 pages.

Rentrée littéraire 2024.

 

 

 

C’est l’histoire de Masao, aujourd’hui ouvrier rectifieur sur l’île de Naoshima au Japon. Un soir, en sortant de l’usine, sa fille Harumi l’attend, quatorze ans sont passés depuis leur dernière entrevue. Des retrouvailles difficiles et empreintes de maladresse et qui vont donner lieu à des rendez-vous emplis de pudeur et d’humanité.

 

 

 

Hamuri est devenue architecte, elle loge actuellement sur l’île voisine de Teshima (photo ci-dessous), où elle travaille sur un projet artistique unique, elle va construire un musée, une sorte de musée, et c’est l’occasion pour elle de reprendre contact avec son père.

 

 

 

Masao se souvient alors y avoir travaillé, à dépolluer celle qu’on appelait à l’époque l’île-poubelle.

 

 

Affleurent d’autres souvenirs comme les années passées au phare d’Ogijima (photo ci-dessous), phare « purgatoire » pour Masao, à partir duquel remonte à sa mémoire l’histoire d’amour superbe et dramatique qu’il a vécu avec Kazue, et se dessine peu à peu le portrait de celle-ci, mère de Harumi.

 

 

Il se souvient également de cette barque qu’il a construite de ses propres mains et sur laquelle il a connu des heures de plénitude. Cette embarcation dont il a dû se délester pour offrir des études à sa fille, aura un rôle majeur et fabuleux !

 

 

À l’instar de ses autres romans, j’ai retrouvé avec La Barque de Masao, toute la sensibilité, la poésie, et cette culture de l’art du silence propres à  Antoine Choplin (photo ci-dessus).

 

 

Il m’a une nouvelle fois embarquée au propre comme au figuré vers un lieu inattendu, la mer intérieure du Japon avec deux de ses îles, véritables symbioses de l’art et de la nature que sont Naoshima (photo ci-dessus) et Teshima avec leurs deux musées respectifs, dans lesquels l’architecture du lieu et du bâtiment est conçue en fonction de l’œuvre exposée – le musée d’art de Chichu enterré dans les reliefs du paysage, échafaudé par l’architecte Tadao Ando, et où l’on retrouve exposés dans l’une des salles, cinq des Nymphéas de Monet (photo ci-dessous) et le musée d’art de Teshima signé de l’architecte Ryue Nishizawa qui contient une seule œuvre, Matrix qui se confond avec le bâtiment, créée par la sculptrice Rei Naito – Mais  quelle œuvre, un véritable joyau !

 

 

Ce sera une révélation pour Masao, lui qui ne sait pas bien ce que signifie être artiste, après cette  dernière visite peut affirmer à sa fille que, oui, Kazue, sa mère, était une vraie artiste…

 

 

Ce chapitre décisif pour le roman, qui raconte la visite de cet ouvrage d’art, est sublime et s’est apparenté pour moi à un instant de grâce. Quant au dernier chapitre, s’il m’a fait craindre quelque peu, le naufrage, il m’a finalement emportée vers une conclusion transcendante !

 

Photo ci-dessus : Matrix de Rei Naito.

 

La Barque de Masao, ce voyage intérieur, voyage littéraire sur la mer de Seyo au large des îles nippones où l’art occupe une place majeure est une perle rare, que je m’empresse d’ajouter aux autres perles que j’ai déjà découvertes avec cet auteur, elle occupera même la place centrale du collier.

 

Photo ci-dessus : Musée de Teshima.

 

Comme à chacun des romans d’Antoine Choplin (À contre-courant, L’impasse,Le héron de Guernica, La nuit tombée, Nord-Est, Une forêt d’arbres creux, Partie italienne, Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar), que j’ai déjà eu le plaisir de lire, j’ai été conquise par son écriture sobre et pudique, pleine de tendresse, de délicatesse, de sensibilité, de sensualité et  de poésie.

 

La Barque de Masao a été un véritable coup de cœur que je ne saurais trop conseiller !

Ghislaine

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M
J'aime beaucoup cet auteur et j'espère trouver ce titre très vite à la médiathèque. Merci pour ton enthousiasme
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D
Je me suis en effet régalée !
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