Daniel Berthet : La magie du papillon

La magie du papillon   par  Daniel Berthet

 Kariel B. Edition (2024) 191 pages.

Rentrée littéraire 2024.

 

Reprenant les principaux personnages des romans précédents de la collection « Les Foudres du ciel » - Au nom de notre bonne foi !, L’anneau de Saint-Jérôme et Ercilie d’Ourène, baronne de Saint-Jérôme -, Daniel Berthet (photo ci-dessous) jongle habilement entre l’imaginaire et le réel.

 

La magie du papillon qui se lit sans problème indépendamment des trois autres, débute en plein été de l’an 1670, à Digne, avec Antonine, une jeune fille qui n’arrive pas à se remettre des décès simultanés de sa grand-mère, Emerande Parpaillot, et de sa marraine, Ercilie d’Ourène. Toutes les deux, elles ont été victimes de la canicule… déjà !

 

 

Antonine se réfugie dans la prière à la Vierge-Marie et va régulièrement prier sur les tombes de ses êtres les plus chers. Elle n’a que 13 ans et a hérité de la vieille maison où elle vivait avec sa grand-mère, Emerande. Avec cela, elle possède aussi maintenant le château d’Oyse où vivait sa Belle Marraine, Ercilie mais elle n’y séjourne pas.

 

 

C’est dans ce cimetière de Digne que la magie opère pour la première fois quand un grand et beau papillon bleu, Morpho, se met à lui parler. Antonine délaisse alors ses vaines prières pour se laisser prendre par le rêve, l’imaginaire.

 

 

C’est là, qu’en tant que lecteur, je dois lâcher prise pour suivre Antonine dans ses rencontres avec celles et ceux qui ont vécu avant elle. C’est magique et Daniel Berthet sait parfaitement conter cela en utilisant souvent un langage adapté à cette fin du XVIIe siècle, mots oubliés et pourtant souvent percutants comme « Vertudieu » et « Mordieu » ou, en langage plus soutenu : «  le houppier du chêne » ou « béjaune », un jeune homme niais et sans expérience.

 

 

L’auteur ne néglige pas non plus l’humour lorsqu’il fait intervenir un chevalier dont l’amure grince. Pourquoi ? Parce qu’elle est rouillée, bien sûr… depuis tout ce temps et parce qu’il a été enterré avec !

 

 

Me captivant encore plus, Daniel Berthet pousse plus loin le retour dans le passé quand il nous livre les souvenirs d’un charretier. Cette partie étant intitulée « Rouge sang », je pense que ça va se gâter et c’est un coquelicot qui s’invite pour évoquer ce passé terrible avec le massacre de la Saint-Barthélémy.

 

 

Pourtant, tout semble bien commencer avec un mariage fastueux de la fille de Catherine de Médicis, la princesse Margot, avec Henri de Navarre. À sa manière, avec une écriture très imagée, l’auteur me replonge dans un épisode terrible de notre Histoire. C’est un bon rappel montrant que ces religions, au lieu d’apaiser, divisent et attisent les haines, comme on le constate toujours aujourd’hui. C’est bien raconté. C’est haletant et angoissant.

 

 

 

Enfin, Daniel Berthet affirme un autre de ses talents quand il fait partager des scènes d’une sensualité, d’un érotisme agréables ramenant un peu d’amour sans la moindre exclusive.

 

 

Ce printemps de l’espoir est bienvenu car il mêle encore les vivants aux morts, prouvant une fois de plus que le rêve et la poésie sont capables d’adoucir notre vie sur Terreloin de ces violences meurtrières qui phagocytent l’actualité et font tant de victimes innocentes.  

 

Jean-Paul

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