II. Correspondances de Manosque 2024

II. Correspondances de Manosque 2024

26ème édition

Jeudi 26 septembre.

 

 

Seconde journée de nos Correspondances 2024.

Nous revoilà sur la Place de l’Hôtel de Ville parce que trop justes pour la sieste littéraire. Nous allons donc retrouver Claudie Hunzinger en ce début d’après-midi où il fait bon.

 

Claudie Hunzinger : Il neige sur le pianiste (Grasset).

 

 

Présentée par Sophie Joubert, Claudie Hunzinger nous ramène dans ces Vosges qu’elle aime et où elle vit. Comme dans La survivance et Un chien à ma table que nous avons lus et appréciés, elle continue ses variations sur ce même lieu.

 

Dans Il neige sur le pianiste, Claudie Hunzinger crée une écrivaine de fiction qui vit immobile. Elle rencontre un pianiste, grand voyageur, qu’elle va tenter de garder auprès d’elle, avec la complicité de la neige... À cela, elle ajoute un petit renard, devant sa porte. Il est en mauvais état et elle le nourrit.

 

 

Bien sûr, cette écrivaine ressemble beaucoup à Claudie Hunzinger qui avoue avoir passé cinquante ans de sa vie en montagne et qu’elle a appris à se fondre avec les éléments. Quant au pianiste, elle n’a pas voulu qu’on le reconnaisse même si son écriture s’appuie d’abord sur la réalité avant de passer à un rêve éveillé, ouvrir d’autres espaces, divaguer et multiplier sa vie.

 

Au cours de l’entretien, elle nous confie quelques éléments de cette vie : son enfance, son cahier de dessin offert par sa mère, ces fourmis qui dévoraient son gâteau de Pâques, son premier livre (Sans famille) et son premier poème signé Verlaine, sans oublier sa mère, Emma, née en 1906. Elle était prof de littérature française en Alsace occupée par les nazis, où il était interdit de parler français. Aussi, elle lui lisait des poèmes.

 

Claudie Hunzinger révèle toujours beaucoup d’humanité, de sensibilité et de tendresse et ce fut un régal de l’écouter.

 

 

 

Ruben Barrouk : Tout le bruit de Guéliz (Albin Michel)

Abdellah Taïa : Le Bastion des larmes (Julliard)

 

 

Maintenant, ce sont deux jeunes auteurs qui ont pris place sur scène, à l’invitation de Maya Michalon qui anime l’entretien. Ruben Barrouk ne semple pas très à l’aise alors qu’Abdellah Taïa fait preuve de beaucoup de spontanéité.

 

 

Avec Tout le bruit du Guéliz, Ruben Barrouk évoque sa grand-mère, juive séfarade, une histoire intime et universelle, très actuelle, dans le Guéliz, le quartier juif de la nouvelle ville de Marrakech, au Maroc. Aussitôt, le thème nous rappelle le livre de Hélène Perez Gans : Marrakech la rouge, les Juifs de la Médina.

 

 

Ruben Barrouk (photo ci-contre) est né à Paris, en 1997, mais sa grand-mère vit toujours là-bas, à Marrakech et se plaint sans cesse à cause d’un bruit qu’elle entend, un bruit qui lui gâche la vie.

 

 

Il faut à tout prix identifier ce bruit qui pose le problème de la coexistence entre juifs et musulmans.

 

 

 

Ce voyage jusqu’à Marrakech, l’auteur l’a fait en 2022 et il affirme que l’histoire est vraie. C’est l’occasion, pour lui, de parler souvenirs d’enfance, de cuisine, comme Hélène Perez Gans, de climat et surtout d’une époque où juifs et musulmans vivaient ensemble, ce que les jeunes Marocains ignorent.

 

 

Abdellah Taïa (photo ci-contre), lui, nous emmène dans Le Bastion des larmes, livre dans lequel il raconte ce Maroc où il est né en 1973, à Salé.  Son personnage principal qu’il nomme Youssef, est écrivain et homosexuel. Installé en France, il revient au Maroc pour revendre la maison familiale et il se souvient.

 

 

Huitième enfant élevé avec six sœurs, il a tout partagé avec celles-ci, faisant la petite folle avec elles. De son côté, l’aîné, avait sa chambre et était considéré comme un roi.

 

 

Hélas, ses sœurs étaient programmées pour être prises par des hommes. Aussitôt, elles se détournent de leur petit frère. Elles oublient ce qu’elles ont vécu avec lui. Lui, il se souvient aussi de Najib, son premier amant au sort tragique.

 

 

Abdellah Taïa affirme très justement que personne ne naît homophobe ou raciste mais le devient. Youssef, qui a été source de bonheur familial, se retrouve marginalisé mais la poésie en langue arabe qui lui arrive par le vent lui permet d’espérer.

 

Le Bastion de larmes a fait partie cette année des première sélections des quatre plus grands prix littéraires mais Abdellah Taïa vient déjà d’obtenir le Prix de la langue française pour l’ensemble de son œuvre.

 

 

Philippe Jaenada : La désinvolture est une bien belle chose (Mialet-Barrault)

 

 

Philippe Jaenada, nous ne manquons jamais son intervention aux Correspondances de Manosque car nous avons déjà lu et apprécié plusieurs de ses romans comme Sulak, La serpe, La petite femelle, Au printemps des monstres et Sans preuve & sans aveu.

 

 

Aujourd’hui, avec Yann Nicol, il vient nous parler de son dernier livre : La désinvolture est une bien belle chose dont Ghislaine a déjà publié son ressenti et que Jean-Paul va faire très bientôt.

 

 

Avec sa verve habituelle, Philippe Jaenada parle de Kaki, Jacqueline Harispe, qui, à vingt ans, s’est jetée du troisième étage d’un hôtel parisien, le 28 novembre 1953. C’est l’occasion de raconter l’histoire de ces jeunes que l’auteur nomme « Les Moineaux » parce qu’ils fréquentaient assidument un bar appelé « Chez Moineau », au 22, rue du Four, à Saint-Germain-des-Prés.

 

Pour parler de ces jeunes gens qui avaient grandi en pleine Seconde guerre mondiale, Philippe Jaenada se lance dans une aventure originale : faire le tour de la France le plus parfaitement possible. Ainsi, il découvre de plus en plus de coïncidences, explique certains aspects de l’histoire de Kaki, échoue pour d’autres. Comme à son habitude, il émaille son récit de détails surprenants, originaux qui ne manquent pas d’étonner tout en s’évertuant à découvrir le plus de bistrots possibles, testant le whisky servi sur place.

 

 

 

S’il a vécu vingt-quatre jours l’esprit libre, de façon éphémère, avec désinvolture, il souligne que, pendant deux ans, les Moineaux ont aussi vécu totalement libres, dégagés complètement de toute contrainte, même si, pour Kaki, cela a mal fini.

 

Ghislaine et Jean-Paul

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