Olivier Guez : Mesopotamia

Mesopotamia   par  Olivier Guez. 

Grasset (2024) 400 pages.

Rentrée littéraire 2024.

 

 

 

Quand un écrivain de talent sort de l’oubli une héroïne de l’Histoire du premier quart du XXe siècle, cela donne un récit passionnant.

 

 

 

Mesopotamia d’Olivier Guez (La disparition de Josef Mengele) réussit cela parfaitement même s’il me désoriente parfois avec les libertés qu’il prend pour la chronologie. Heureusement, chaque chapitre annonce le lieu et surtout l’année mais j’aurais préféré une narration plus classique. Cette façon de raconter, je le reconnais pourtant volontiers, a aussi du charme car elle apporte des explications, détaille un passé important pour le personnage central : Gertrude Bell.

 

 

Alors, je n’ai pas boudé mon plaisir pour suivre Miss Bell (photo ci-dessous) comme on l’appelle. À Bassora d’abord, en 1916 puis à Ispahan, Bagdad, Téhéran, Port-Saïd, Damas, Konya, Le Caire, sans oublier ses retours réguliers à Rounton Grange, le domaine familial, et à Londres. Cette femme volontaire, rigoriste, qui s’oppose au droit de vote pour les femmes, est archéologue mais excelle surtout dans ses visions politiques pour unir cette Mésopotamie, avec le Tigre et l’Euphrate, du golfe persique aux montagnes kurdes, pays qui deviendra l’Irak.

 

 

Olivier Guez sait parfaitement m’attacher à ses personnages qu’il fait vivre avec leurs qualités et leurs contradictions. Il livre aussi de splendides descriptions lorsque Miss Bell qui rêvait de l’Orient, arrive en Perse à l’âge de 23 ans, en 1892.

 

 

Ce Thomas Edward Lawrence qui commence à apparaître dans le récit, à 28 ans, en 1916, partage avec Gertrude Bell (photo ci-contre) la même détestation des Français. La date fait tilt aussitôt car la Première guerre mondiale dure depuis déjà deux ans et la Grande-Bretagne, engagée dans les batailles, ne veut rien céder de son empire oriental qui repose essentiellement sur les Indes. Seulement, en Mésopotamie, il y a le pétrole qui commence à jouer un rôle important.

 

 

 

L’auteur montre bien comment l’Angleterre rayonne sur le monde en proposant un panorama impressionnant. Revenant à Miss Bell, il fait vivre cette jeune femme que son père, Hugh Bell, riche industriel, veut marier. Hélas, pour l’instant, Gertrude ne séduit aucun homme car elle se veut leur égale et son éducation rigoriste n’aide pas.

 

 

Les événements historiques sont vécus depuis le Moyen-Orient, principalement du côté britannique, et cela change notre point de vue. Olivier Guez (photo ci-dessus) livre ici un passionnant rappel de l’Histoire de l’après Première guerre mondiale, après l’effondrement de l’empire ottoman, et je comprends mieux tous les problèmes qui agitent cette région depuis longtemps et perdure encore aujourd’hui.

 

 

Apparaît enfin Fayçal (photo ci-dessus), encore un personnage très connu, comme Lawrence, le fameux Lawrence d’Arabie (photo ci-dessous). Fayçal sera propulsé à la tête de ce nouvel état mis en place grâce à la volonté inébranlable de Gertrude Bell.

 

 

Si cette femme se bat, lutte avec beaucoup de courage, il est important de noter ses moyens financiers importants, grâce à la fortune de son père. Elle ne se prive d’aucun voyage, cumule tous les avantages matériels nécessaires et superflus même si elle n’hésite pas à affronter le désert lorsque c’est nécessaire.

 

 

Olivier Guez fait de son héroïne un personnage tout de même attachant qui m’a fait souffrir jusqu’au bout dans sa recherche de l’amour, recherche enfiévrée, maladroite et très émouvante. Toutes les lettres qu’il cite ont été conservées et son amour pour Dick n’en est que plus bouleversant.

 

 

Jusqu’au bout de Mesopotamia, j’ai été captivé par ma lecture, une lecture qui mêle avec beaucoup de justesse itinéraire personnel et implications politiques essentielles pour l’avenir de toute une partie du monde, dans une région que Gertrude Bell (1868 – 1926) avait tenté de stabiliser. Hélas…

Jean-Paul

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M
J'attendais ce livre avec impatience, j avais lu un peu sur sa vie & ses **exploits** mais j 'ai té déçue, aussi bien par l écriture , j'avais par moment l impression de lire une encyclopédie<br /> Alors que j avais beaucoup apprécié son roman sur Mengelé
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J
Hélas, pas d'accord du tout avec vous, Martine. Comme je l'ai écrit, j'ai été captivé de bout en bout par ce récit comme je l'avais été par le livre sur Mengele.
A
critique très emballante. Moi qui ne pensais pas le lire, je viens de le mettre dans ma liste de livres à lire. Bravo Jean-Paul
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