Aure Hajar : Sentir mon corps brûler

Sentir mon corps brûler    par   Aure Hajar.

Éditions Eyrolles/Aparté (2023) 260 pages ; Eyrolles/Poche (2024) 355 pages.

 

 

 

Pouvoir choisir sa vie est très difficile et c’est encore plus difficile quand on est une femme.

 

 

 

Aure Hajar qui enseigne le droit à Paris, publie son premier roman : Sentir mon corps brûler. Dans ce livre, elle plonge dans la vie de Lila, fille d’une mère marocaine et d’un père français qui a disparu. Elle aussi est étudiante en droit dans la capitale et elle est vite confrontée aux problèmes d’argent. Aussi, elle décide de passer sa première annonce de putain ou plutôt d’escort car les petits boulots  comme les gardes d’enfants ne suffisent pas pour vivre et étudier au cœur de Paris.

 

 

 

Voilà donc celle qui raconte, qui se raconte, dans la putosphère, comme elle l’écrit, et tout de suite elle éprouve de la haine pour les clients. À chaque rendez-vous, une fois payée, son corps est disponible à volonté. Pour pouvoir supporter cela, elle qui dit s’appeler Fleur se dissocie de ce corps.

 

 

À la fac de droit, elle retrouve Andrea, une amie d’enfance, se lie avec Agathe dont les parents financent les études. Elle tombe amoureuse de Victor, le frère d’Andrea, qui la délaisse assez vite, se rabat sur Arnolphe… sans trouver le parfait amour qu’elle recherche.

 

 

Avec beaucoup de sincérité, Lila se confie, livre ses impressions, ses doutes, ses angoisses mais c’est de plus en plus pénible, même si je comprends la nécessité de telles confidences accompagnées d’hésitations, de retours en arrière, de fâcheries, de réconciliations…

 

 

De temps en temps, ses souvenirs d’enfance remontent à la surface et les relations compliquées avec sa mère ne facilitent pas son parcours de vie.

 

 

D’étudiante qui tente de s’appliquer à une prostitution sélective, Lila bascule de plus en plus vers le sexe tarifé, vite sordide. La rencontre avec Candice est une véritable introspection, une profonde recherche à propos de leur prostitution qui semble légère au début mais peut mener très loin et saboter la personnalité de celle qui s’y livre. Cela, Aure Hajar (photo ci-dessus) le démontre très bien.

 

Tout au long de ce livre, c’est l’attitude des hommes vis-à-vis des femmes qui est stigmatisée. Ils sont pratiquement tous des « bêtes » comme c’est écrit et répété à de nombreuses reprises. Dans ce livre, qu’ils soient étudiants ou installés dans la vie, célibataires ou mariés, ce ne sont que des profiteurs, des jouisseurs sans scrupule, sans le moindre respect pour celles qu’ils rencontrent.

 

Le comble de l’ignoble est atteint lorsque Lila se laisse entraîner dans le tournage de films pornos. C’est une spirale infernale et les hommes qui sont aux commandes ne méritent même pas le nom de « bêtes ».

 

 

Enfin, pour exister, il faut être toujours jeune et belle : Aure Hajar (photo ci-dessous) dénonce bien cette injonction omniprésente dans les émissions, les chaînes d’infos, les films, les magazines et… chez les putes. C’est un engrenage dans lequel les femmes s’engouffrent volontairement ou malgré elles. L’âge qui avance inexorablement fait alors des ravages et exclut sans pitié celles qui ont cédé à cette loi du système.

 

 

Alors, revient sans cesse cette haine des hommes qui, si elle est justifiée pour certains, ne peut s’appliquer à tous alors que ce livre ne fait aucun détail. Que ce soit à l’université, en politique, chez les clients des travailleuses du sexe – expression revendiquée par Candice -, le constat sans nuance est trop exclusif pour être juste. Il faut bien sûr défendre la cause des femmes mais est-ce la meilleure solution d’exclure les hommes alors qu’il faut d’abord et surtout les rappeler à l’ordre, au respect, afin de pouvoir partager des relations et même  un amour permettant un épanouissement commun ?

 

J’ai reçu Sentir mon cœur brûler, version poche, en service presse, de la part des éditions Eyrolles que je remercie.

Jean-Paul

 

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