Daniel Berthet : La magie du papillon

La magie du papillon   par  Daniel Berthet.

 Kariel B. Edition (2024) 191 pages.

Rentrée littéraire 2024.

 

 

En cet été 1670, à l’extrémité de Digne, autour de Notre-dame-du-Bourg, entre deux tombes, une jeune fille d’à peine treize ans se recueille et pleure la mort de deux êtres chers, sa grand-mère et sa marraine emportées à quelques semaines d’intervalle par la fournaise caniculaire.

 

 

N’ayant plus aucune famille, le cimetière est devenu pour Antonine, sa seconde maison. Prostrée et plongée dans ses prières à la Vierge-Marie, c’est alors qu’elle entend une voix étrange, et,  levant les yeux, elle voit un grand et beau papillon bleu. Le lépidoptère l’invite à prendre place dans le bleu de ses ailes, au côté de ses âmes défuntes et à se laisser guider dans le lointain pays de l’imaginaire.

 

 

La magie du papillon, dixième roman de Daniel Berthet fait partie de la collection « Les Foudres du Ciel », faisant suite à Au nom de notre bonne foi, L’anneau de Saint-Jérôme et Ercilie d’Ourène, baronne de Saint-Jérôme. Il peut se lire indépendamment de ces derniers, sans aucun problème. Prenant source dans la Haute Provence, comme les précédents, celui-ci nous entraîne une nouvelle fois dans la grande Histoire des Maîtres du Monde par le biais de la petite histoire des gens du peuple, mais cette fois sous la forme d’un conte et quel conte !

 

 

Le superbe papillon va conduire l’héroïne, Antonine dans le labyrinthe de l’imaginaire, et lui faire rencontrer ses porteurs de rêves.

 

 

 

C’est un voyage dans le passé, un retour sur le seizième siècle, des années 1560 aux années 1615, que l’auteur nous offre à travers le chagrin de cette jeune orpheline et cet envol du réel à l’imaginaire.

 

 

Photo ci-contre : Daniel Berthet.

 

Quatre parties composent le roman – quatre saisons – quatre couleurs : le bleu flamboyant de l’été en Provence, le rouge sang de l’automne coquelicot, le blanc royal de l’hiver solitude et le vert galant printemps d’espoir. 

 

C’est une véritable symphonie de couleurs qui nous est offerte, malheureusement d’un rouge sanglant atroce lorsqu’elle revisite cet événement tragique qu’a été la nuit de la Saint Barthélémy.

 

Photo ci-dessus : Notre-Dame du Bourg, à Digne.

 

La magie du papillon m’a permis, outre ce terrible massacre, d’assister auparavant au mariage de Henri de Navarre avec la princesse Marguerite de France (tableau ci-dessous) puis aux luttes royales qui ont suivi.

 

 

Roman historique, conte, cet ouvrage est également une véritable ode à la nature. Les animaux comme les végétaux sont des personnages à part entière et Daniel Berthet n’hésite pas, et cela m’a vraiment enchantée, non seulement à leur donner la parole mais à les faire interagir avec les humains.

 

Tableau ci-dessus : le massacre de la Saint-Barthélémy.

 

Pour parfaire ce retour dans le passé qui s’apparente souvent à de véritables scènes cinématographiques tant l’auteur a su faire vivre et agir ses personnages dans de spectaculaires décors, l’inclusion de termes médiévaux pour les tenues vestimentaires comme le vertugadin, les souquenilles, ou pour d’autres objets comme la hart ou encore l’androne ou le calame apportent un supplément d’âme au récit.

 

 

La magie du papillon, ce roman qui nous emmène dans le passé et dans lequel la poésie est omniprésente est empreint de fantastique et de beaucoup de sensualité, l’éveil du plaisir sensuel chez Antonine est particulièrement bien narré. Il est également porteur de liberté en ce sens qu’il nous enseigne qu’avec le rêve, il est possible de lâcher prise et de partir où l’on veut.

 

 

Après cette lecture, je ne peux que souscrire à l’avis de Patrice Saunier, auteur de la préface : « Comme moi, vous ne verrez plus les papillons de la même façon après avoir lu ce conte. Ils vous emporteront aussi loin que les rêves peuvent nous emporter. »

 

Ghislaine

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