Julia Malye : La Louisiane

La Louisiane    par  Julia Malye.

Stock (2024) 558 pages ; Le Livre de Poche (2025) 576 pages.

 

 

 

Il a fallu une rencontre lors du Printemps du Livre de Grenoble 2024 pour motiver ma lecture de La Louisiane, l’impressionnant roman de Julia Malye qui a écrit cela en anglais puis en français.

 

 

 

Ce pavé de plus cinq cents pages impressionne en effet mais la présentation faite par l’autrice m’a intrigué et suscité ma curiosité. Ces femmes expédiées en Louisiane, colonie française, afin de tenter de peupler ce territoire, ont vécu des épreuves incroyables, surmonté des obstacles impressionnants et La Louisiane se révèle un bel hommage, une sortie de l’ombre absolument méritée.

 

 

 

J’ai beaucoup aimé la façon dont Julia Malye mène son récit. Chacun des douze chapitres annonce son personnage central et l’année où l’action se déroule. Si Geneviève, Pétronille et Charlotte se partagent la vedette, il ne faut pas oublier Marguerite et Utu’wv Ecoko’nesel. La première ouvre l’action, en 1720. Elle dirige La Salpêtrière (photos ci-dessous), immense établissement occupé par des cellules, des dortoirs et des ateliers. C’est elle qui a eu l’idée d’envoyer des dizaines de femmes de l’autre côté de l’Atlantique, femmes que réclame M. Joly de Fleury, le gouverneur. Ce dernier veut quatre-vingt-dix futures mères à offrir à des maris potentiels afin d’augmenter le peuplement sur les bords du Mississipi.

 

 

Alors, Julia Malye fait bien vivre toutes les hésitations, les choix de cette femme qui dirige La Salpêtrière depuis cinquante-et-un ans.

 

 

Julia Malye (photo ci-dessous), bien documentée, fait visiter La Salpêtrière, en détaille toutes les parties, explique le rôle de chaque section pour ces femmes, ces filles qui se trouvent là, contre leur gré, pour la plupart. On y trouve La Grande Force, une prison, mais aussi un quartier pour femmes riches. En même temps, l’autrice permet de découvrir le Paris de ce début du XVIIIe siècle.

 

 

C’est aussi le moment de faire connaissance avec la jeune orpheline, Charlotte, avec Pétronille, une aristocrate rejetée par sa famille, et avec Geneviève, emprisonnée parce qu’elle a aidé des femmes à avorter. Comment ne pas être féministe en lisant le sort réservé aux femmes depuis des siècles ?

 

 

Marguerite réussit à faire adopter sa liste de quatre-vingt-dix femmes malgré les avis contraires concernant surtout Charlotte, trop jeune, et Geneviève, condamnée à la prison.

 

 

Avec le départ pour la Louisiane, l’histoire devient de plus en plus passionnante et ma hâte de tourner les pages, de plus en plus intense. Julia Malye n’occulte rien, surtout pas le déplacement chaotique jusqu’à Paimbœuf puis Lorient. Le bateau qui doit emmener son lot de femmes, plus du bétail, se nomme La Baleine. C’est un trois-mâts qu’il a fallu remettre en état avant que les passagères, encadrées par trois nonnes et quelques policiers, ne goûtent au mal de mer. Elles sont cantonnées dans l’entrepont et devront faire preuve de patience et de malice pour respirer l’air libre et rencontrer quelques pirates...

 

Photo ci-dessus : Le Mississipi.

 

De son écriture vivante et pleine de délicatesse, Julia Malye fait quelques retours en arrière dans le passé de ses trois héroïnes et cela permet de mieux les comprendre.

 

 

Dans la partie II, les voilà, en 1721, à Biloxi, ville dont le nom signifie, en amérindien, les premiers hommes. Il faut lire les aventures, les épreuves que subissent ces femmes, obligées de se marier. La Nouvelle-Orléans apparaît aussi et c’est l’occasion de constater que la solidarité déjà vue sur La Baleine, se poursuit entre ces femmes alors que Geneviève qui vient d’avoir une fille, Mélanie, a dû suivre son mari au Pays des Illinois. Il faut naviguer en pirogue sur le Mississipi et c’est là qu’apparaissent les Natchez (document ci-dessous) et Fort Rosalie.

 

 

Avec Utu’wv Ecoko’nesel, La Louisiane se bonifie grâce aux pertinentes réflexions de cette jeune Natchez devant la façon de vivre des Français. Ces autochtones, comme on peut aussi les nommer, ne comprennent rien aux mœurs des colons qui ont capturé des Africains pour en faire des esclaves. C’est toujours pertinent, plein d’émotion et je suis pris par le suspense entretenu par l’autrice lorsque le drame se prépare.

 

 

Enfin, on ne peut pas parler de la Louisiane sans évoquer les ravages causés par les ouragans et ce livre offre une terrible immersion – c’est le mot le plus juste – au cœur de la tempête qui peut tout noyer et tout emporter.

 

 

Geneviève, Pétronille et Charlotte, personnages fictifs mais tellement réels m’ont permis un formidable voyage dans le passé, un passé qui se connecte trop bien avec notre vingt-et-unième siècle, prouvant ainsi que notre monde n’a finalement pas tellement évolué.

 

Photo ci-dessus : Biloxi aujourd'hui.

 

Avec La Louisiane, Julia Malye a réussi une performance littéraire que je tiens à saluer car ce roman m’a fait passer d’intenses moments.

 

Jean-Paul

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M
Le sujet etait séduisant et intéressant par contre jai eu l'impression de lire un scenario tres détaillé <br /> Je suis passée totalement à cote de ce roman
Répondre
J
C'est dommage, Martine...
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