Yves Montmartin : Victoire
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Hispaniola Tome 2 : Victoire par Yves Montmartin.
La chouette à lunettes (2024) 294 pages.
Victoire et Liberté sont des mots pleins d’espoir pour un monde meilleur mais quand ils sont appliqués à l’histoire de Haïti, ils révèlent tant de problèmes qu’il faut absolument se plonger dans la lecture du dernier roman signé Yves Montmartin.
Après Calixte, j’étais impatient de découvrir le tome 2 de Hispaniola : Victoire. Pourtant, j’ai été vite désorienté par la tournure énigmatique que prend ce livre d’un auteur dont j’ai déjà apprécié La mauvaise herbe, Brindille et Le Code.
Ici, Yves Montmartin m’emmène à Lyon, dans le quartier de la Croix-Rousse (photo ci-dessous), chez Amandine et Lionel qui ont une fille, Valérie. Ils l’ont adoptée tout bébé. Elle a grandi, heureuse, dans ce foyer plein d’amour et rentre au CP.
Comme d’habitude, Yves Montmartin est très pédagogue. Il ne laisse pas passer un mot, une expression rare sans l’expliquer dans une notre précise et complète, en bas de page. Par petites touches successives, il laisse apparaître un lien avec Haïti, lien qui devient de plus en plus fort, surtout lorsque Valérie commence à correspondre avec Ignatou qu’elle appelle « sa sœur de cœur ». Malgré cela, la vie lyonnaise du personnage principal s’impose de plus en plus, excellemment détaillée par l’auteur de façon très vivante.
C’est au cours du chapitre 2 que, brusquement, Valérie a pris la parole pour raconter ce qu’elle vit et parler de ses rêves, de cet homme qui vient lui raconter l’histoire du renardeau orphelin.
Le voyage en Haïti organisé par ses parents pour rencontrer Ignatou et sa famille est un merveilleux cadeau offert à Valérie à l’occasion du passage à l’an 2000. Auparavant, elle a appris, à l’âge de 8 ans, qu’elle avait été adoptée, que son pays d’origine est Haïti. Elle va donc le découvrir et Yves Montmartin (photo ci-contre) offre déjà d’excellentes descriptions de l’ambiance locale. Il donne aussi beaucoup de détails sur la vie quotidienne sans occulter tous les problèmes qui ne font que s’accentuer.
Le retour en France me déçoit quelque peu mais il faut bien que Valérie grandisse, obtienne son permis de conduire à 18 ans et se forme au métier d’infirmière tout en restant connectée à la vie haïtienne. Comme je suis toujours impatient de retourner là-bas, je me demande, à cause de tant de chapitres sur la vie lyonnaise de Valérie, pourquoi Hispaniola ? Patience…
Enfin, alors qu’elle a été invitée à fêter la Saint-Sylvestre, à Chaponost, avec les Sapeurs-Pompiers du Rhône, une discussion est déterminante pour Valérie qui rencontre un responsable de Pompiers du monde. Alors, je me dis que l’auteur a bien su me faire piaffer d’impatience et qu’il a bien fait de mettre en place, méthodiquement, tous les éléments pour la partie la plus forte, la plus émouvante de son roman dont je ne peux révéler la suite.
Je peux simplement dire que Yves Montmartin fait prendre conscience du drame absolu que sont les conséquences du tremblement de terre du 12 janvier 2010, pour les Haïtiens. Il décrit parfaitement toutes les difficultés rencontrées par les sauveteurs, mettant en avant leurs émotions, leur ressenti et surtout leur dévouement sans relâche qui va au-delà des apparences.
Pour tous les lecteurs attendant des nouvelles du précédent tome (Calixte), que l’on se rassure : Yves Montmartin maîtrise bien son sujet et les derniers chapitres de Victoire répondent à toutes les questions… jusqu’à ce que le récit s’interrompe pour laisser la place aux extraits du journal de Victoire.
Ce journal fait défiler beaucoup de nouvelles à propos de Haïti mais confirme surtout la montée de la violence, de la prédominance des gangs, de l’insécurité, là-bas. Malgré tout, l’auteur que je remercie pour sa confiance, réussit une belle conclusion grâce à ces deux mots fondamentaux : Victoire et Liberté.
Jean-Paul