Laure Barachin : L'été où Mylena a disparu

L’été où Mylena a disparu   par  Laure Barachin.

Auto édition  (2024) 462 pages.

 

 

Après avoir lu Les Enfants du mal puis Le Miracle de la justice, je me plonge dans le nouveau roman de Laure Barachin (photo ci-dessus) : L’été où Mylena a disparu.

 

 

Là, j’ai retrouvé la qualité d’écriture d’une autrice qui excelle à démontrer tout ce que peut apporter la lecture ; elle va plus loin avec un club de lectrices : Les Amoureux de la littérature, appuyant un peu beaucoup sur les références à Babelio, ce fameux site qui permet aux passionnés de lecture de partager et d’échanger à propos des livres qu’ils lisent, site que j’apprécie aussi grandement.

 

 

Au cours de son roman, Laure Barachin joue avec son principal personnage, Stéphanie, qui écrit en même temps ses souvenirs dans un livre qui aura pour titre : L’été où Mylena a disparu…

 

 

Avec ce choix ambitieux, l’autrice introduit beaucoup de personnages et j’avoue que je m’y perds un peu entre Mylena, Maryna, Olena, Camille, Anne, Katia, etc… De plus, je dois faire attention à l’époque annoncée en tête de chaque chapitre. On passe de 1998 à 2023, en reculant jusqu’en 1957 pour revenir à 1998 puis 1992, 1993… J’ajoute que les discussions sont parfois difficiles à suivre car j’ai de la peine à identifier qui parle quand le dialogue dure.

 

 

Arrivent enfin les références trop fréquentes à la littérature, aux livres, aux autrices, aux auteurs. Personnellement, cela gêne ma lecture mais j’admire le gros travail de documentation, les énormes recherches nécessaires pour citer tout ça, avec, chaque fois, un petit résumé de l’histoire, et le thème principal. Malgré tout, j’ai bien apprécié, à la fin du roman, l’hommage à Albert Camus (La Chute et photo ci-dessous) mort avant d’avoir fini son œuvre littéraire. Il avait été un des seuls intellectuels occidentaux à avoir dénoncé l’usage de la bombe atomique, ce que j’ignorais.

 

 

Laure Barachin fait la même chose avec la musique, les chanteurs, les chansons. Là, elle cite souvent des extraits, des paroles de chansons qu’elle adapte à la situation à ce que vivent ses personnages qui arrivent même à communiquer en citant quelques vers. Là aussi, je suis admiratif, même si cela me lasse un peu.

 

 

Alors, bien sûr, il y a une histoire qui débute à Pamiers (photo ci-dessus) où je fais connaissance avec Stéphanie qui veut être magistrate et Mylena, sa grande amie. Elles ont 18 ans. L’une est discrète, timide, studieuse. L’autre se montre délurée, extravertie et peu scolaire et, elle est très belle. Même si elles se considèrent comme deux sœurs, Stéphanie n’apprécie pas que Mylena participe à des « divertissements entre adultes consentants ». Déjà, émergent des allusions insistantes à la prostitution, l’exploitation des jeunes femmes avec, en ligne de mire, un certain Benjamin Aznar…

 

 

Le saut en 2022 permet de retrouver une Stéphanie, magistrate au tribunal de Montauban (photo ci-dessus). Elle est même juge d’instruction. Pour savoir comment elle est arrivée là, il faut attendre un peu, un séjour en Bretagne où le phare de Ploumanac’h (photo ci-dessous) rappelle à Stéphanie celui de Port La Nouvelle. Elle y était heureuse avec Mylena.

 

 

Ensuite, son travail l’amène à rencontrer Olena, une Ukranienne qui recherche sa fille, Maryna (22 ans) disparue.

 

 

Laure Barachin aborde alors pour la première fois le drame ukrainien, parle du massacre de Babi Yar (mémorial ci-dessus), les 29 et 30 septembre 1941 puis cette immense famine orchestrée sous Staline, l’Holodomor (mémorial ci-dessous).

 

 

Vers la fin du livre, je lis avec beaucoup d’attention un débat entre Katia et Olena à propos de l’Histoire de l’Ukraine et de celle de la Russie qui éclaire ce qui se passe aujourd’hui. Là encore, l’autrice révèle un gros travail de documentation. J’apprends ce que signifie ce Z peint sur les chars russes. Cela représente « za » qui signifie « pour », pour la victoire. Ce Z que Iegor Gran a mis en exergue dans son roman Z comme Zombie.

 

 

Côté personnages masculins, c’est l’horreur. Heureusement, Matthias, l’ami précieux de Stéphanie, relève le niveau. Pour les autres, l’autrice parle à plusieurs reprises de morceaux de viande quand ces messieurs considèrent les femmes. C’est évidemment exagéré mais cela se comprend dans cette histoire où la prostitution de jeunes filles tient une place importante.

 

Laure Barachin que je remercie pour sa confiance, nous a emmené aussi en Espagne où la guerre civile causa d’énormes ravages dans les familles. Des comportements suspects émergent et l’autrice rappelle le sort réservé par la France aux Républicains ayant fui le franquisme. Les rivalités internes entre communistes et membres du POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste) ont eu des conséquences dramatiques qu’il ne faut pas oublier.

 

 

L’été où Mylena a disparu est ainsi un roman foisonnant, apportant quantité d’informations, mettant en évidence la souffrance des femmes et le mépris et la violence dont font preuve certains hommes, pas tous, heureusement !

 

Jean-Paul

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