Arturo Pérez-Reverte : L'Italien
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L’Italien par Arturo Pérez-Reverte.
Traduit de l’espagnol par Robert Amutio.
Titre original : El Italiano.
Gallimard/du monde entier (2024) 437 pages.
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Comme il l’a déjà montré à de nombreuses reprises, Arturo Pérez-Reverte est un conteur remarquable, bien traduit en français par Robert Amutio ; j’avais déjà apprécié ce grand écrivain dans Le tango de la vieille garde.
Avec L’Italien, j’ai plongé… avec délice dans un roman ancré dans l’Histoire de Gibraltar durant la Seconde guerre mondiale. Subtilement, l’auteur fait partager ses sources, les personnes qu’il retrouvées avant de m’entraîner dans un récit haletant, plein de suspense, jusqu’au bout.
Comment a-t-il fait, alors que le sort d’Elena Arbués, de Teseo Lombardo et de Gennaro Squarcialupo est vite connu ? Magie de l’écriture, sens du récit ; tout cela, Arturo Pérez-Reverte le domine amplement.
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Cette énigme vénitienne comme le propose le premier chapitre débute dans la librairie Olterra, en 1981, dans la cité des Doges. J’apprendrai plus tard le sens de ce nom choisi pour cette boutique. L’auteur s’exprime à la première personne du singulier comme il le fera à chaque fois qu’il parlera de son enquête. C’est bien car je sais aussitôt où je suis et à quelle époque je me trouve.
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L’Italien est un hommage ou plutôt un grand coup de projecteur sur ces militaires italiens, ces plongeurs au courage immense qui combattaient du mauvais côté, celui de l’Axe, mais faisaient d’abord leur devoir. Avec leur sous-marin de type ouvert pour deux personnes, un maiale (photo ci-dessous) - cochon en italien, parce que difficile à diriger et à contrôler - ils tentaient de détruire les bateaux anglais contrôlant la Méditerranée, à Gibraltar, à Malte et à Alexandrie.
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Donc, Elena Arbués est libraire à La Línea de la Concepción, ville située à la limite de la frontière avec Gibraltar dans la baie d’Algésiras. Les trois cartes insérées en début d’ouvrage sont précieuses et je m’y suis référé régulièrement.
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Dès les premières pages, j’apprends qu’Elena a trouvé un homme échoué sur la plage, près de chez elle, à Punta Mayorga. Cet homme est un plongeur de combat italien et elle le sauve. Cette rencontre détermine toute une histoire qui m’a pris aux tripes alors que, je l’ai déjà dit, en 1942 et 1943, l’Italie fasciste combat aux côtés de l’Allemagne nazie.
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J’apprends rapidement une autre information précieuse : Elena est veuve et son mari a été tué par erreur par les Anglais, lors de l’attaque surprise de Mers el-Kébir. La France venait de capituler face à l’Allemagne mais les Alliés ne voulaient pas que la flotte française tombe aux mains de l’ennemi. Cet homme était second à bord d’un navire marchand espagnol.
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Quand Elena rentre de son travail à bicyclette, elle voit, au loin, ce fameux rocher de Gibraltar où stationnent 20 000 soldats britanniques. Son port sert de halte précieuse pour les navires marchands britanniques mais aussi pour les bateaux de guerre qui vont combattre en Méditerranée ou qui en reviennent.
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Un débat intéressant à propos de l’Espagne de Fanco et de sa soi-disant neutralité, oppose le Docteur Zocas à l’archiviste Aljaraque puis l’auteur fait partager les préparatifs de l’équipe de plongeurs réunie autour du Lieutenant de vaisseau Lauro Mazzantini.
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Entre alors en action un certain Harry Campello qui est policier à Gibraltar. Les descriptions sont précises, complétées par des informations intéressantes. Arturo Pérez-Reverte (photo ci-dessus) sait habilement mettre en valeur le métier de libraire avant de lancer ces fameux maiale qui vont tenter de placer des charges explosives sous les bateaux anglais, de l’autre côté de la baie. Bien sûr, les Anglais ne les laissent pas faire sans savoir d’où partent ces fameux hommes-torpilles.
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Jusqu’au bout, la tension est extrême, tension qui retombera avec une grande émotion grâce à Elena et Teseo, tous les deux extrêmement courageux.
J’ai trouvé ce roman magnifique et très émouvant et j’ai été captivé jusqu’au bout par L’Italien, roman qui m’a apporté aussi beaucoup d’informations intéressantes sur des événements méconnus de la Seconde guerre mondiale.
Jean-Paul