Nour Malowé : Le printemps reviendra
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Le printemps reviendra par Nour Malowé.
Récamier (2024) 281 pages.
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Le printemps reviendra, ce roman extrêmement poignant de Nour Malowé se déroule à Kaboul en Afghanistan.
À travers le regard de Marwa, une chirurgienne passionnée par son métier et mère de trois adolescents, deux garçons et une fille, l’autrice décrit ces jours interminables qui ont précédé le 15 août 2021, avant que les talibans reprennent la capitale afghane, presque vingt ans après avoir été chassés du pouvoir.
Le roman commence donc le 4 juillet 2021. Après que Washington ait commencé le rapatriement de ses soldats d’Afghanistan, le 1er mai, les talibans ont intensifié leurs offensives contre les forces afghanes pour prendre le contrôle de nombreuses zones rurales à travers le pays.
Ils sont en ce début juillet aux portes de la ville ; sans le soutien américain, les forces gouvernementales se sont effondrées sous les yeux du monde entier.
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Marwa sait que « les autrefois sont des lendemains » et, pour protéger les siens, se retrouve face à un dilemme, rester avec sa fille aux mains des talibans, ou partir et abandonner ses fils engagés dans la milice. Fuir où et pour quelle vie ?
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Elle ne peut désolidariser sa famille tellement soudée. Deux fils restés en Afghanistan pour faire la guerre et elle, fuir avec sa fille en Occident pour la protéger, c’est impossible, le dépouillement affectif les épuiserait.
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À travers le combat que va mener cette femme et mère afghane et cette furieuse envie de vivre qui l’habite, c’est la force et la résilience des femmes que Nour Malowé explore, ces femmes qui sont toujours les premières victimes du régime islamique et qui perdent chaque droit pour lequel elles se sont battues.
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J’ai été à la fois subjuguée par le courage dont fait preuve Marwa tout au long de ces journées et terriblement émue par ses monologues intérieurs si déchirants, au cours desquels on sent monter une tension parfois insoutenable.
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Infatigable, cette héroïne du quotidien fait l’impossible pour sauver ses patients bien que les antalgiques manquent et que le matériel médical promis n’arrivera jamais. Elle fait abstraction de l’univers qui l’entoure lorsqu’elle opère mais ne peut s’empêcher, après avoir sauvé la vie de jeunes enfants, de se poser la question : « Est-il correct de leur permettre de vivre dans le monde à venir ? »
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Bien qu’il soit un récit qui va crescendo vers l’inexorable, vers un monde au bord du gouffre et vers un piège qui se referme, Le printemps reviendra est porté par une poésie sublime, une écriture magnifique, d’une grande sensualité, et dans lequel l’art, la littérature et la beauté s’opposent brillamment à l’obscurantisme, de façon très poignante.
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Ce roman, écrit comme un journal, rend bien compte également de la terreur qui a envahi le pays, avec les gens qui cherchent à fuir dans l’espoir d’une vie meilleure.
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Il montre également que les talibans sont persévérants et rusés, envoyant des infiltrés aussi bien dans la foule des fuyards que dans la ville et qui, le moment venu, propageront la guerre à l’intérieur – une guerre contre les femmes, qui les prive de toute liberté.
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Plus de trois ans après la prise de Kaboul (photo ci-dessous) par les talibans, le constat est plus qu’affligeant, les libertés des femmes afghanes continuent de s’éroder, le régime taliban réduisant désormais les femmes au silence. Sans visages avec cette ignoble burqa, les voilà maintenant sans voix, inadmissible !
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Néanmoins pour porter en avant le courage et le combat qu’ont mené des femmes comme l’héroïne du roman et comme continuent à le mener encore des afghanes exilées, ou pas, essayons de faire confiance à ce que disent les Afghans : « On peut tuer toutes les hirondelles, le printemps viendra quand même » ! Le roman lui-même se termine sur une tout petite note d’espoir mais tellement émouvante, Shor, la fille de Marwa a trouvé la beauté au sous-sol et attendra l’éclosion des beaux jours…
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Le printemps reviendra de Nour Malowé (photo ci-dessus) est à lire absolument !
Ghislaine