Valérie Perrin : Tata
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Tata par Valérie Perrin.
Albin Michel (2024) 634 pages.
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Tata, quatrième roman de Valérie Perrin, une histoire familiale incroyable ne se lit pas, il se dévore !
J’avais été déjà captivée et conquise par cette extraordinaire conteuse, cette écrivaine mais aussi photographe de plateau et scénariste, qu’est Valérie Perrin avec Les oubliés du dimanche et surtout Changer l’eau des fleurs. J’ai une nouvelle fois été emportée dans un flot d’émotions avec Tata.
Nous sommes en 2010 et Agnès, réalisatrice de films proche de la quarantaine, séparée de Pierre, son acteur fétiche devenu son mari, reçoit un coup de fil de la gendarmerie de Gueugnon, (photo ci-dessous) sa tante Colette Printemps est décédée.
Impossible, sa tante unique est enterrée au cimetière de cette ville depuis trois ans, « Remourir, ça n’existe pas. » Et pourtant...
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Agnès a passé toutes les vacances de son enfance dans cette ville de Saône et Loire devenue capitale mondiale de l’inox avec l’usine des Forges, chez sa tante Colette, sœur de son père Jean. Celle-ci, célibataire sans enfant tenait une cordonnerie et était également supportrice inconditionnelle de l’équipe de football de Gueugnon. Elle avait par ailleurs disparu trois jours après cette inoubliable victoire des « Forgerons », 2 – 0, contre le Paris Saint-Germain en finale de la Coupe de la Ligue, en 2000.
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Il y a trois ans, en août 2007, quand ont eu lieu les funérailles, Agnès vivait alors avec son mari et sa fille Ana à Los Angeles et elle n’avait pu se rendre aux obsèques.
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Elle part donc en Bourgogne et s’installe dans la petite maison où vivait secrètement sa tante ces dernières années, pour comprendre cette première mort simulée, savoir qui a été enterré à sa place et éclaircir le mystère.
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C’est donc à la rencontre de cette femme discrète et apparemment sans histoire que nous conduit Valérie Perrin notamment par le biais de cette centaine de cassettes contenues dans une valise qu’Agnès découvre, des C 120, enregistrées par Colette pour que sa nièce les écoute quand elle ne serait plus.
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Durant son enquête, en remontant dans l’enfance de Colette, Agnès va découvrir alors la raison de sa réclusion volontaire ainsi que de lourds secrets.
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La voix de Colette portée par les enregistrements permet de recoller les morceaux de sa vie, mais aussi de celle des autres, et également de celles d’Agnès et de sa fille.
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Vont s’entrecroiser les époques, l’histoire remontant jusqu’à la deuxième guerre mondiale avec la rafle de familles juives, et vont s’entrelacer des destins et des intrigues palpitantes comme s’entrelacent aussi réel et fiction.
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Ce grand roman d’amour et d’amitié, cette fresque familiale d’une grande sensibilité, dans laquelle la musique a une place prépondérante de même que le cinéma, aborde de nombreux thèmes, principalement l’abandon, l’enfance brisée, l’adoption, les liens du cœur et ceux du sang. De multiples rebondissements entretiennent suspense et émotion pour notre plus grand plaisir.
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Ce que j’apprécie chez Valérie Perrin (photo ci-dessous), c’est son talent pour brosser les portraits de ses personnages et sa faculté à donner une voix à des vies de l’ombre, ici des cordonniers représentés de superbe manière non seulement par Colette mais aussi par cet admirable altruiste qu’est Mokhtar.
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Certes, beaucoup de coïncidences traversent l’histoire et peuvent apporter une certaine incrédibilité au récit, mais la justesse et la sensibilité de la plume de l’autrice, la bienveillance, la tendresse et l’humanité qui se dégagent de ce roman le rendent vivant et terriblement poignant et addictif.
Un grand merci à Ingrid !
Ghislaine