Véronique Olmi : Le courage des innocents

Le courage des innocents    par  Véronique Olmi.

Albin Michel (2024) 280 pages.

 

 

 

 

Ben est le héros du dernier roman de Véronique Olmi dont j’ai déjà lu Bakhita et Les évasions particulières,Pourtant, ce qui est magnifiquement mis en évidence dans Le courage des innocents, ce sont les enfants et le sort qu’on leur réserve que ce soit en France ou en Ukraine.

 

 

 

Les deux grandes parties de ce livre semblent radicalement différentes mais l’autrice a su parfaitement mettre Ben au centre du récit et dégager sa personnalité, une personnalité torturée, instable et pourtant toujours tournée vers la sécurité affective des enfants.

 

 

D’emblée, Véronique Olmi m’a captivé avec son écriture enveloppante, riche, envoûtante. Elle présente Ben, 23 ans, militant qui se bat contre les centrales nucléaires, l’extension d’un camp militaire ou les travaux dévastateurs pour l’installation d’une autoroute. Pour l’instant, il va chercher son petit frère, Jimmy, treize ans de moins, qui a été enlevé à son père et placé dans un foyer.

 

 

La rencontre avec Anna offre déjà un beau moment mais la suite est plus tendue car elle révèle tous les problèmes de ces enfants qui n’ont plus de famille stable ou qui vivent dans la rue.

 

 

Véronique Olmi (photo ci-dessus), au passage, sait parfaitement mettre en évidence l’absurdité de ce que l’administration nomme « conflit d’intérêt », c’est-à-dire lorsqu’un gosse s’attache trop à sa famille d’accueil. L’affection, on n’aime pas… Alors, le gosse est aussitôt arraché à ceux qui lui donnent un peu d’amour, cet amour pourtant essentiel à leur épanouissement. Je précise de Ben et Jimmy sont nés de la même mère, Léa, décédée hélas, que le père de Ben a disparu de la circulation et que Fred, le père de Jimmy, n’arrive pas à se débarrasser de son alcoolisme.

 

 

Après une scène pleine de tendresse, d’amour fraternel, filial même, entre Ben et Jimmy, Véronique Olmi offre une terrible prise de conscience avec ces mineurs paumés, étrangers, ces filles qui n’ont d’autre choix que de céder au mirage de la prostitution.

 

 

Quand débute la seconde partie, je sens aussitôt que l’on change de dimension car Ben monte dans un bus qui part pour l’Ukraine. Il est avec des femmes seules dont les hommes sont à la guerre. Dans le bus de retour, d’autres femmes seront avec leurs enfants et quitteront leur pays.

 

 

Le voyage est long mais le bruit des bombes se fait entendre alors que les réseaux mafieux tentent de monnayer la sortie d’Ukraine pour les enfants seuls, pour des femmes aussi.

 

 

Malgré la mort qui rôde, Ben suit Alex et Thomas qui bossent pour une association humanitaire. Finalement, il rencontre Sofia et, après treize heures de bus et 900 kilomètres, de Lviv à Kherson, il se retrouve en zone occupée par l’armée russe.

 

 

C’est alors une passionnante et terrible immersion dans cette Ukraine occupée par ces Russes qui emploient tous les moyens pour effacer la langue d’abord, cette langue ukrainienne qu’ils nomment dialecte, avant de s’en prendre aux enfants.

 

 

Cette seconde partie est d’une force incroyable. Il faudrait que tout le monde la lise pour enfin prendre conscience de ce qui se passe là-bas.

 

 

On suit Ben, bien sûr, et je constate tout ce que cette guerre d’occupation et d’envahissement implique au quotidien : les contrôles, la peur, le manque de nourriture, d’eau, la violence, les bombes, les mines, la mort, ceux qui collaborent, ceux qui résistent… Puis, comme je l’ai déjà signalé, il y a le sort réservé aux enfants que les Russes tentent de récupérer quitte à les arracher à leur famille et à les faire adopter, là-bas, en Russie comme l’exige Maria Llova-Belova (surnommée Bloody Mary), la commissaire aux droits de l’enfant de Poutine.

 

 

Ben constate tout cela, il le vit et fait le maximum, lui qui, normalement, est un touriste. Avec effroi, j’ai pris conscience de ce que cette guerre détruit, oblige au quotidien, grâce à la plume de Véronique Olmi, grâce aussi à la petite Maya mais je n’en dis pas plus...

 

 

 Avec Le courage des innocents, elle a réussi un roman profondément humain et révélateur de ce qui se passe loin de nous, se rapproche quand même, mais que nous avons un peu trop facilement tendance à occulter.

 

Jean-Paul

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M
J'ai commencé hier **Le Gosse** de cette autrice;;;bon début
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M
Je compte bien le lire un jour mais pour l'instant il n'est pas encore disponible en médiathèque et j'ai déjà trois réservations en cours ce qui est le maximum...j'attendrais donc car j'aime cette autrice. Merci pour ta chronique
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J
Ta patience sera récompensée, Manou.
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