Cécile Cayrel : Aveu de tendresse

Aveu de tendresse   par  Cécile Cayrel.

 La Tribu (2025) 247 pages.

 

 

 

 

Dès la première page de Aveu de tendresse, deuxième roman de Cécile Cayrel, nous faisons la connaissance de Samuel Haenel, le narrateur. Il se trouve dans le bureau de la commissaire Delair.

 

 

 

Jacques Morel a été retrouvé mort, le cou tranché au cutter chez Samuel. Ce dernier, né en 1993 et domicilié à Rennes est en train de tenter d’expliquer pourquoi cet homme qu’il a rencontré seulement trois semaines plus tôt a choisi son appartement pour mourir et pourquoi ce n’est pas lui qui l’a tué.

 

 

 

Pour cela, il a besoin que la commissaire le croie. Elle, est pressée d’en finir, et lui, a besoin de temps pour expliquer en détail comment ce vendeur dépressif du magasin Truffaut a pu venir se suicider chez lui.

 

 

Pour débuter son récit, Samuel, ancien alcoolique, intérimaire dans une boite de surgelés, réfléchit et pense aussitôt à Betty car dit-il « évidemment, tout venait de là et tout finirait là ». Surprise pour le lecteur, Betty s’avérant être un poisson-clown. Pour rompre sa solitude, Samuel l’a acheté pour lui servir de compagnon.

 

 

Lorsqu’il a fait son choix, un des vendeurs du magasin, la cinquantaine, passionné d’aquariophilie, lui a proposé son aide et c’est à l’issue de cette rencontre qu’une relation complexe est née entre ces deux hommes que la vie a rudoyés.

 

 

 

Tout au long de ces 247 pages, Samuel va essayer de raconter minutieusement et dans les détails chaque étape de cette rencontre jusqu’à la fin tragique de Jacques, espérant trouver dans les yeux et le cœur de la commissaire des éléments lui laissant espérer sa relaxe.

 

Photo ci-dessus : Rennes.

 

Le roman débute relativement doucement et je dois avouer que cette histoire de poisson-clown comme animal de compagnie m’a un peu prise au dépourvu et fait sourire ironiquement. Mais au fil des pages, impossible de ne pas s’attendrir et de ne pas s’attacher à ces personnages cabossés par la vie, l’un souffrant d’un manque cruel d’affection et l’autre détruit par une épreuve tragique.

 

 

La relation d’écoute que Samuel tente difficilement d’établir avec la commissaire est également très intéressante à suivre et Samuel, malgré des apparences très naïves comprend que « ce qu’on lui reproche, au fond, c’est de ne pas s’être engouffré dans la grande normalité de l’indifférence ».

 

Comment, en effet, malgré l’envie qu’on a parfois au cours de son récit, de lui dire de ne pas s’engager, comment reprocher à cet homme d’avoir voulu venir en aide à un être qui lui semblait en souffrance et avoir voulu croire à une relation d’amitié pure ?

 

 

D’autre part, dans sa relation très poétique que noue Samuel avec Betty son poisson-clown, s’ajoute ce  grand rapprochement que ne peut s’empêcher de faire Samuel avec van Gogh en qui il se reconnaît. Le compagnonnage de Vincent lui donnait une direction dit-il, et il s’en inspire pour peindre à son tour, renouant avec cet art qu’il avait délaissé. Cette sorte de thérapie trouvée un temps en peignant est superbement relatée par l’autrice (photo ci-dessus).

 

 

Tout en sensibilité, teinté d’humour, Aveu de tendresse est un roman psychologique original, surprenant, un peu décalé, captivant, plein de pudeur, de délicatesse et de sensibilité dont l’intensité va crescendo jusqu’à un dénouement inattendu. Il est une sorte de thriller, plein de sollicitude pour les gens blessés par la vie tout en s’adressant à chacun de nous et à notre besoin fou de tendresse.

 

 

Un grand merci aux éditions La Tribu, nouvelle maison d’éditions créée et dirigée par Julia Pavlowitch au sein des Nouveau Éditeurs, dont Aveu de tendresse est l’une des premières parutions,  et à Babelio, pour cette émouvante découverte.

 

Ghislaine

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