Fabrice Caro : Fort Alamo

Fort Alamo   par  Fabrice Caro.

Gallimard - Sygne (2024) 173 pages.

 

 

 

 

De la même manière que j’avais été enchantée à la lecture des précédents romans de Fabrice Caro, Le Discours, Samouraï et Broadway, j’ai été une nouvelle fois séduite par son dernier, Fort Alamo, dans lequel conte fantastique et vie quotidienne se combinent parfaitement.

 

 

 L’histoire débute dans un supermarché. Devant la caisse, le temps que Cyril, professeur de français, récupère un article qu’il avait oublié, un type l’a doublé l’air de rien, sans s’excuser. Alors qu’il le maudit intérieurement, l’homme s’effondre, foudroyé, tout juste après avoir réglé sa note. Il apprend en lisant les faits divers que l’homme, âgé de 58 ans est décédé d’un AVC.

 

 

Mal à l’aise, il va l’être d’autant plus, quand d’autres faits similaires vont se produire. Disposerait-il d’un super pouvoir qui provoquerait la mort de celles et ceux qui l’irritent ?

 

La disparition récente de sa mère et l’urgence qu’éprouve son frère à vouloir vider la maison pour la vendre, tout cela contribue à son mal-être et le plonge dans une angoisse existentielle. De plus, il est persuadé que c’est sa belle-sœur Corinne qui est derrière et qui pousse son mari à faire vite,

 

 

D’ailleurs il finit par appréhender fortement, ce qui pourrait se passer, en présence de cette belle-sœur chez qui il faudra se rendre le jour de Noël, puisque c’est elle qui organise le repas comme chaque année et tient à le gérer de A à Z

 

 

En outre, c’est à lui, Cyril, qu’incombe le choix des cadeaux pour la famille de son frère, sacré dilemme pour lui, pour trouver le bon cadeau qui saura faire plaisir...

 

 

 

Comme à chacun de ses romans, Fabrice Caro (photo ci-contre) réussit à se saisir de petits riens du quotidien et à les mettre en avant de façon anodine mais ô combien réaliste. Impossible de ne pas se reconnaître dans de nombreuses situations épinglées et de ne pas s’identifier souvent à ce gars bien sympathique.

 

 

Qui n’a pas connu en effet ce casse-tête de fin d’année avec ce choix ô combien épineux des cadeaux ?

 

 

Qui n’a pas pesté et fulminé en son for intérieur, au moins une fois, devant une personne qui, sans s’excuser, prend votre place dans une file d’attente, ou devant une autre qui dans le train ou une salle d’attente regarde un film sans mettre ses écouteurs, insouciant de la pollution sonore qu’il génère, ou encore face aux chiens du voisinage qui se refusent à vous reconnaître et aboient de façon agressive à chaque retour au bercail ?

 

 

C’est tout cela que Fabrice Caro, met en scène avec brio, humour et dérision dans cette histoire où la mort, cependant, tient le rôle principal. La mort que l’auteur aborde sous de multiples angles. En ce qui concerne celle de la mère du narrateur, Il en parle avec beaucoup de  mélancolie et une infinie tendresse. Pour ce qui est de la disparition de l’assistante du proviseur  Mme Jacquet ou de celle de Milo, le chien des voisins,  c’est l’humour noir qui prend le relais. C’est un roman où les relations familiales sont également au cœur du récit.

 

 

Fort Alamo de Fabrice Caro, centré sur les angoisses contemporaines, est un livre captivant, divertissant, poignant, parfois hilarant qui mêle tendresse et humour, un humour très particulier qui flirte en permanence avec la mélancolie, un livre que je recommande fortement.

 

Ghislaine

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