Gian Marco Griffi : Chemins de fer du Mexique

Chemins de fer du Mexique   par  Gian Marco Griffi.

Traduit de l’italien par Christophe Mileschi.

Titre original : Ferrovie del Messico.

 Gallimard/Du Monde entier (2024) 660 pages.

 

 

 

 

Chemins de fer du Mexique est un roman-fleuve de Gian Marco Griffi, excellemment traduit par Christophe Mileschi. Publié dans la collection Du Monde entier, chez Gallimard, collection que j’apprécie beaucoup, il m’entraîne principalement en Italie, en 1944.

 

 

Le pays est occupé par les Allemands auxquels les fascistes mussoliniens au pouvoir apportent de l’aide malgré le mépris dont font preuve les Nazis à leur égard.

 

Bien sûr, l’auteur me gratifie de quelques incursions au Mexique une vingtaine d’années auparavant mais aussi en Allemagne d’où est partie l’idée saugrenue d’établir ou plutôt de faire établir une carte ferroviaire du Mexique.

 

Dans la pure logique administration militaire, la demande a dégringolé tous les échelons jusqu’à tomber sur les épaules du malheureux Francesco Magetti, appelé familièrement Cesco. Je suis là en pleine absurdité et ma lecture est désopilante, pour l’instant, d’autant plus que Cesco n’a qu’une semaine pour accomplir sa tâche.

 

 

C’est à Asti (photo ci-dessus), dans le Piémont, que se passe l’essentiel de l’histoire puisque Cesco est membre de la Garde nationale républicaine ferroviaire de la ville.

 

 

Gian Marco Griffi (photo ci-dessous) n’est pas avare de détails. C’est souvent trop, beaucoup trop ! Les digressions foisonnent et cela devient lassant même si toute l’absurdité de l’administration ressort quand Cesco se lance à la recherche de documents pour établir cette fameuse carte.

 

 

Voilà un beau parcours, un bel exemple de la bureaucratie qui s’acharne sur un pauvre type, dévoué et obstiné qui souffre, en plus, d’un mal de dents atroce, lui qui a une peur bleue de tous les dentistes, sauf un. Hélas, celui-ci, soupçonné de sympathie avec les maquisards, vient d’être arrêté par l’occupant…

 

 

Enfin, voilà Tilde, charmante bibliothécaire, que Cesco rencontre au cours de sa recherche. Il en tombe aussitôt amoureux alors qu’Isotta, son premier amour, lui écrit du Sénégal. Mademoiselle Tilde conseille à celui que tout le monde appelle, dans la ville, « Écrivain du Mexique », un livre intitulé : « Historia poética y pintoresca de los ferrocariles en México ». Hélas, ce livre a été emprunté et Cesco se lance sans délai dans une recherche folle, absurde, pour retrouver l’ouvrage qu’il pense essentiel pour l’accomplissement de sa mission.

 

 

Dans ce roman foisonnant et riche, comme je le dis plus haut, Gian Marco Griffi me plonge dans le Mexique des années 1920. Grâce au chemin de fer, il montre la misère, les enfants qui se laissent mourir mais aussi des paysages à couper le souffle. En même temps, c’est l’occasion de croiser pléthore de personnages et je m’y perds un peu.

L’auteur offre même des expressions en dialecte piémontais. Il donne une scène surréaliste où des officiers allemands en train de jouer au golf débattent du règlement de ce sport devant le cadavre d’un soldat de la Wehrmacht.

 

 

Dès de Cesco rencontre une nouvelle personne, celle-ci lui raconte sa vie mais ce qui m’étonne le plus, c’est cette longue séquence dans un cimetière où l’on fait bouillir des cadavres pour faire de la place, un travail commandé par l’occupant.

 

 

Jonglant d’un sujet à l’autre, l’auteur sait parfaitement raconter comme l’on parle : de façon naturelle et sans façon. Il sait aussi m’emmener dans des digressions surréalistes en maniant l’humour et la poésie sans négliger la dérision. Il est malgré tout réaliste devant l’attitude des Italiens partagés entre collaboration active et résistance : ce n’est pas sans rappeler ce qui se passait au même moment en France.

 

 

Celles et ceux qui s’empressent de courir au siège local de la Gestapo pour raconter ce qu’ils ont vu ou entendu trahissent leurs concitoyens, les envoient aussi à la mort, mais allez savoir de quoi est fait notre espèce humaine ?

 

 

Heureusement, dans ce pavé à nul autre pareil, Gian Marco Griffi ne manque pas de philosophie, même son personnage principal, Cesco m’a souvent fait souffrir à cause de son indécision, de sa maladresse et surtout en ne soignant pas sa dent qui lui fait atrocement mal, mais… il y a peut-être un espoir…

 

Jean-Paul

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