Sally Rooney : Intermezzo
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Intermezzo par Sally Rooney.
Traduit de l’anglais (Irlande) par Laetitia Devaux.
Gallimard / Du monde entier (2024) 459 pages.
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Intermezzo raconte l’histoire de deux frères : Ivan, l’intelligent, champion du jeu d’échecs, et Peter, le beau, avocat des opprimés, des marginalisés.
Sally Rooney, autrice irlandaise confirmée bien traduite par Laetitia Devaux, met longuement en scène ces deux hommes et leur entourage. Ivan Koubek est le plus jeune. Il va avoir 23 ans alors que Peter Koubek a 32 ans et demi. Leur père vient de mourir et cette disparition les marque fortement tous les deux.
En trois grandes parties, Sally Rooney me plonge dans la vie de chacun de ces deux enfants d’un père venu d’Europe de l’Est, un père qui a divorcé d’une Irlandaise et qui a été emporté par le cancer, à la soixantaine.
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Pendant que Peter se débat entre deux amours : Sylvia, le charisme à l’état pur, et Naomi, l’étudiante, Ivan est l’invité d’un club d’échecs, loin de Dublin, à Clogherkeen, dans le comté de Leitrim. C’est là qu’il rencontre Margaret, une belle femme qui a 36 ans. C’est magique, un véritable enchantement. Ivan se confie et c’est émouvant d’apprendre ce qu’il dit de sa vie et des échecs, ce jeu où il excelle.
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Quand Margaret l’autorise à l’embrasser, j’apprécie l’érotisme soyeux, discret, parfait, proposé par Sally Rooney. Cette première nuit d’amour en appellera d’autres malgré les soucis qui ne manquent pas d’arriver.
Des soucis, Peter en a aussi. Il abuse du Xanax, verse de l’argent à Naomi. Son métier d’avocat le met à l’aise financièrement mais c’est du côté de Sylvia que les choses se compliquent. Petit à petit, l’autrice révèle le passé qui conditionne les relations entre Peter et Sylvia.
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L’écriture de Sally Rooney (photo ci-dessus) est une véritable avalanche, une cascade de mots, d’actions, de pensées, de vie. J’accroche bien à son récit, même si beaucoup de pages sont très denses et si, parfois, je trouve qu’elle en fait trop, allant jusqu’à délayer au maximum certaines conversations. Je reconnais toutefois qu’elle sait, à merveille montrer les états d’âme, les conflits intérieurs, les hésitations de celui ou de celle qui s’exprime. Les réflexions sur la vie sont souvent très justes, pleines de franchise et de spontanéité.
J’avoue, et je ne dois pas être le seul, que c’est Ivan qui m’émeut le plus, que c’est de lui que je préfère entendre parler car, avec Margaret, ils offrent un amour tellement beau et très réconfortant.
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Quand Ivan rencontre son frère, cela ne commence pas trop mal mais hélas, ça dégénère vite car leur passé ressurgit avec le complexe du cadet vis-à-vis de son aîné et l’attitude de ce dernier par rapport à leur père.
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Sally Rooney montre qu’elle connaît bien des auteurs comme Bourdieu, Colette ou Proust mais ce sont ses références nombreuses à Dieu qui m’exaspèrent. C’est vrai que nous sommes dans l’Irlande très catholique… Par contre, qu’est-ce qu’elle écrit bien quand elle aborde l’érotisme ou la psychologie de ses personnages ! Leurs rivalités, leurs accords sont analysés très finement.
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Enfin, il faut que je précise que c’est Alice Zeniter (photo ci-dessus) qui a motivé ma lecture d’Intermezzo lorsqu’elle a parlé de ce livre, aux Correspondances de Manosque, au cours d’un débat passionnant intitulé le Club des critiques de la NRF.
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Jean-Paul