Stéphane Audoin-Rouzeau et Gérard Araud : Faire la guerre sans l'aimer ?
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Faire la guerre sans l’aimer ?
par Stéphane Audoin-Rouzeau et Gérard Araud.
Une conversation menée par Martin Legros et Karim Rissouli.
Philosophie magazine éditeur / On poursuit le débat (2024) 149 pages.
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En coédition avec l’émission C ce soir (France 5), Philosophie magazine éditeur a lancé une collection intitulée « On poursuit le débat ». Cette excellente idée permet de mettre par écrit les interventions des invités et de favoriser une réflexion plus approfondie. Par contre, cela peut avoir l’inconvénient de figer les opinions alors que la situation géopolitique ne cesse d’évoluer.
Avec deux invités aussi différents que complémentaires, ce premier opus, intitulé Faire la guerre sans l’aimer ?, a réussi à éviter bien des écueils. En effet, Stéphane Audoin-Rouzeau (photo ci-dessous), historien, grand spécialiste de l’Histoire de la Grande Guerre, et Gérard Araud, diplomate, qui fut ambassadeur de France en Israël et aux États-Unis, ont réussi à faire un état des lieux complet, à envisager l’avenir, en prenant en compte une éventuelle élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis d’Amérique, ce qui, hélas, s’est produit.
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Dans une longue préface, Martin Legros (photo ci-dessous) qui mène la conversation avec Karim Rissouli, présente le problème posé, problème qui s’affirme de plus en plus au fil du temps qui passe et des menaces qui s’accumulent. Martin Legros cite André Malraux, présente les deux invités qui ont conversé en deux temps, le 26 avril et le 5 juin 2024, sur France 5, dans C ce soir.
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En cinq chapitres et une conclusion, la conversation est présentée clairement. La discussion est passionnante, très enrichissante et complète ; il faudrait tout noter…
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Photo ci-dessus : Karim Rissouli.
Le retour à la guerre à nos portes n’est pas contestable et il faut « faire la guerre si ton pays est en guerre ». Ils sont tous les deux d’accord pour reconnaître que l’Ukraine ne peut pas gagner mais qu’elle résiste dans une guerre de position qui n’est pas sans rappeler les tranchées de la Première Guerre mondiale.
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De notre côté, nous devons vivre avec la possibilité de la guerre alors que nous venons de vivre près de 80 ans de paix depuis la fin de la guerre d’Algérie. Plus de conscription, une armée de métier réduite qui ne pourrait pas tenir plus de 80 km de front…
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Notre pays consacre maintenant 2% du PIB aux dépenses militaires alors que la Pologne en est déjà à 4%, sans oublier que France et Royaume-Uni comptent parmi les pays disposant de l’arme nucléaire, comme la Russie, l’Inde, la Chine, le Pakistan, Israël, la Corée du Nord et les États-Unis.
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Gérard Araud (photo ci-dessus) note au passage qu’en Israël, la musculation a remplacé le violoncelle… S’il ne croit pas à un embrasement général, de son côté Stéphane Audoin-Rouzeau compare la situation en Ukraine à l’Espagne des années 1930. L’Europe compte des extrêmes de droite et de gauche qui affichent un pacifisme prudent et se disent prêts à toutes les compromissions pour ne pas avoir à entrer en guerre, référence aux accords de Munich en 1938.
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Une année s’est presque écoulée depuis ce débat et il devient de plus en plus évident qu’il faut vivre avec la possibilité de la guerre sans savoir jusqu’où l’Europe peut s’engager. Poutine espérait l’élection de Trump ; c’est fait !
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Aujourd’hui, il est essentiel de se poser la question : « Comment faire la paix ? » Gérard Araud et Stéphane Audoin-Rouzeau sont tombés d’accord sur une seule solution : un armistice ; mais il faut que les deux camps trouvent cela profitable.
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Le retour des États nations semble acté. Pourtant, seule une Europe unie peut résister et sauver l’Ukraine qui revendique un ancrage de plus en plus fort à l’Ouest. Gérard Araud en profite pour souligner la puissance de la Chine car notre monde occidental a perdu son rôle essentiel au profit de la zone Pacifique. Le réveil des Européens est brutal. Comme le souligne Stéphane Audoin-Rouzeau, au moment où les États-Unis nous abandonnent, il faut se souvenir qu’en 1914, « les élites militaire et politique étaient à peu près persuadées que la France serait incapable de subir le choc d’une attaque allemande. »
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La lecture de Faire la guerre sans l’aimer ? est facile bien que cet ouvrage expose des problèmes essentiels. Aussi, l’initiative de Philosophie magazine mérite d’être encouragée et je remercie cet éditeur ainsi que Babelio pour m’avoir permis cette lecture très instructive.
Jean-Paul