Péric Bisseck : Idylles de Mayotte, l'œil de Chido
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Idylles de Mayotte, l’œil de Chido par Péric Bisseck.
Photographies d’Audrey Albiges.
Cap de l’Étang Éditions (2025) 122 pages.
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Idylles de Mayotte, l’œil de Chido, est bien plus qu’un recueil de poèmes et de textes signés Péric Bisseck car captivant dès les premiers mots, ce petit livre, superbement illustré par les photos d’Audrey Albiges, m’a permis de prendre un peu plus conscience de la réalité mahoraise depuis le passage dévastateur du cyclone Chido.
Carcassonnais de naissance, Péric Bisseck est, depuis six ans, professeur d’EPS à Mayotte. Comme pour la plupart des enseignants, son travail lui permet d’être très proche de la population et de comprendre les aspirations de la jeunesse mahoraise.
Que ce soit sous la forme de poèmes en vers libres ou plus classiques mais aussi en prose, Péric Bisseck (photo ci-dessous) me fait vivre au plus près des habitants de l’île, allant bien plus loin que ce que nous livrent, de temps à autre, les bulletins d’information. Cette réalité est émouvante, bouleversante surtout lorsque la soif et la faim privent les gens du minimum vital.
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Ce cyclone qui a emporté même des structures paraissant solides, a privé de toit la majorité de la population mais ce sont les mères de Mayotte qui méritent le plus bel hommage, réaliste et tendre :
« Elles sont les mères de tous,
Pas seulement des leurs,
elles ne connaissent pas de frontières
quand il s’agit de protéger
un enfant, un frère, une sœur,
un voisin qui se bat
pour sa survie. »
L’océan, le vent, la vie sous-marine habitent les mots du poète qui se pose des questions sur son métier et sur cette inégalité qui clive fonctionnaires venus de métropole et Mahorais.
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Quand l’auteur parle « Des mots qui tombent », il confirme hélas la réalité :
« Ici, les promesses se noient avant de toucher le sol. »
Alors, je pense au voyage récent du Président de la République et son séjour éclair à Mayotte, après le passage de plusieurs ministres. Comme eux, il a fait des promesses…
« On nous a dit : « Un département, un espoir. »
Mais sous Chido, rien ne tient dans nos mains.
Mayotte attend sous un ciel noir,
On nous a promis des écoles pour demain. »
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Idylles de Mayotte ne se contente donc pas de sentiments. Tout ce qui est dit est vécu, même l’arrivée de jeunes pillards, ainsi que cette partie de foot improvisée mais sans les cages car Chido les a emportées.
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Péric Bisseck n’oublie pas de mettre en valeur les langues parlées sur le 101ème département français. Tout est bien expliqué en fin d’ouvrage après un bref historique très intéressant de l’île. Si le français est la langue officielle, le mahorais (shimahorais ou shimaoré) est parlé par 80 % de la population.
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Idylles de Mayotte m’a permis de vivre quelques instants précieux et particulièrement émouvants sur cette île lointaine où l’association Maor’aide, créée en 2020, s’attache à apporter l’aide humanitaire indispensable à tous ces gens en grande précarité. D’ailleurs, pour chaque exemplaire de ce livre vendu, 5 € sont versés à Maor’aide pour les enfants sinistrés de Mayotte.
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Enfin, je dois saluer l’ensemble des documents photographiques signés Audrey Albiges (photo ci-contre). Chaque photo est légendée. Si la photo est belle, les couleurs ne font pas oublier la détresse des Mahorais. Audrey Albiges qui est sage-femme à l’hôpital public de Mayotte a fourni un travail remarquable qui m’a permis d’approcher au plus près de la réalité de l’île, avant et après le désastre.
Idylles de Mayotte, l’œil de Chido, publié par Cap de l’Étang Éditions que je remercie, ainsi que Bruno Salgues, est une réussite, pour ne pas oublier. Indispensable !
Jean-Paul