Rim Battal : Je me regarderai dans les yeux
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Je me regarderai dans les yeux par Rim Battal.
Bayard / littérature intérieure (2025) 204 pages.
Une belle découverte grâce au Printemps du Livre de Grenoble !
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Je me regarderai dans les yeux, premier roman de la poétesse franco-marocaine Rim Battal, publié aux éditions Bayard dans la collection littérature intérieure est un récit d’inspiration autobiographique très fort, un véritable cri de liberté.
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À Marrakech, Rim, jeune adolescente de dix-sept ans est surprise par sa mère en train de fumer une cigarette à la fenêtre de sa chambre. Cet acte de désobéissance plutôt anodin déclenche alors un déchaînement de violence. Claques, coups, injures pleuvent sur la jeune fille qui parvient à s’enfuir mais sent alors le monde s’effondrer autour d’elle.
Une solution s’impose à son esprit, se rendre chez sa tante Aida à Casablanca, plus progressiste.
Mais sa désillusion sera immense. En effet, sa tante la déçoit à jamais quand elle lui répète l’injonction de sa mère reçue au téléphone, avec froideur et sans commentaire. Elle doit aller chez le gynéco et ne revenir à la maison que munie d’un certificat médical attestant sa virginité !
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Le livre s’ouvre d’ailleurs sur cette consultation chez la gynéco, une scène d’une brutalité sans nom pour cette jeune fille de dix-sept ans.
Une phrase résume à elle seule le traumatisme : «Finalement, ma virginité, c’est la docteure Bensouda qui me l’a prise. Virginité littérale, métaphorique et politique. »
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L’injustice dont elle a été victime pour une petite transgression, associée à l’hypocrisie des adultes et à leur incapacité à la protéger vont être à la source d’une grande révolte.
Dans ce superbe roman à l’écriture puissante où prose et poésie sont mêlées et dans lequel l’humour est souvent présent pour atténuer la violence, Rim Battal dénonce la société patriarcale, le poids des traditions et de la religion, montrant également combien, au sortir de l’enfance, il est difficile de se construire lorsqu’on est trahie par les adultes qu’on aime et en qui on avait confiance.
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Ce qui est fort intéressant dans ce roman et qui ne peut qu’encourager toutes les jeunes femmes à suivre son exemple, c’est que Rim Battal (photo ci-dessus), en partant de son expérience personnelle, montre comment il est possible, malgré toutes les pressions, de parvenir à conquérir sa liberté et à pouvoir se regarder dans les yeux.
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En lisant Je me regarderai dans les yeux, roman qui montre la détermination d’une jeune fille et sa force pour conquérir sa liberté et lui permettre de devenir femme, artiste et écrivaine, je n’ai pu m’empêcher de penser au roman de Abdellah Taïa, Le Bastion des Larmes, qui revient sur l’enfance de l’écrivain, dans un Maroc hypocrite, patriarcal et homophobe. Deux très beaux romans.
Un grand merci à Maëlle.
Ghislaine
