Sandrine Collette : Madelaine avant l'aube

Madelaine avant l’aube   par  Sandrine Collette.

JC lattès (2024) 247 pages.

Prix Goncourt des Lycéens 2024.

Prix Goncourt de Détenus 2024.

 

 

 

 

Madelaine avant l’aube est un livre fort. Fort bien écrit d’abord par Sandrine Collette, écrivaine que j’avais déjà bien appréciée dans On était des loups.

 

 

Madelaine avant l’aube, Prix Goncourt des Lycéens 2024 mais aussi Prix Goncourt des Détenus 2024, est fort aussi au travers des descriptions d’une vie à la campagne dans une époque lointaine, chez des paysans qui tentent de vivre, de survivre malgré toutes les menaces qui pèsent sur eux et les malheurs qui s’enchaînent. Fort aussi côté sentiments car Madelaine avant l’aube m’a emmené au plus profond des pensées, du ressenti de chacun des personnages du roman avec, bien sûr, l’héroïne principale qui s’affirme.

 

 

 

Fort enfin avec le premier narrateur d’un récit découpé en quatre parties. Je ne peux que vous laisser la surprise de découvrir qui est Bran. Il raconte si bien.

 

 

Dans ce hameau des Montées, trois petites fermes voisinent. De l’autre côté du fleuve, le Basilic, se trouve le village : La Foye. Eugène le traverse tous les jours avec Jéricho, son cheval, pour aller débarder.

 

 

C’est aux Montées que Madelaine, enfant dont on ignore tout le passé, arrive et est recueillie par Rose, la plus vieille du hameau. À côté, Ambre et Aelis, sœurs jumelles, vivent, l’une avec Léon et l’autre avec Eugène. Ce dernier et Aelis ont trois enfants vivants : Germain (10 ans), Artaud (9 ans) et Mayeul (6 ans). Deux autres sont morts car, à cette époque, la moitié des enfants ne passe pas la dixième année. Seuls les plus costauds restent.

De leur côté, Ambre et Léon n’ont pas d’enfant.

 

 

Avec des mots simples et des descriptions précises, Sandrine Collette me plonge dans la vie quotidienne de ces gens, à une époque lointaine dont elle ne précise pas la date. Elle sait parfaitement faire prendre conscience du caractère de chacune et de chacun.

 

 

Hélas, aux conditions de vie difficiles, s’ajoute la dépendance de ces paysans à une sorte de seigneur, Ambroisie-le-Père, à qui un maximum de terres appartient. Il prélève d’ailleurs la moitié des récoltes, quelle que soit leur quantité, année bonne ou année mauvaise. Si cet homme est assez bienveillant, il n’en est rien de celui que l’on nomme Ambroisie-le-Fils. Il ne respecte rien, ni les cultures, ni les gens. Il viole les femmes qui ont le malheur de se trouver sur son passage et si un enfant naît, un second malheur frappe.

 

 

Madelaine est donc arrivée aux Montées. Cela fait presque trois ans qu’elle est là. Rose s’en est occupée d’abord puis Ambre, sans enfant, a pris le relais et se dit sa mère. Il va sans dire que la présence de Madelaine bouleverse les habitudes car sa force de caractère s’impose. Si elle perd le premier couteau qu’on lui a donné, elle se familiarise très vite avec le maniement de la hache, hache dont elle ne se sépare jamais.

 

 

Les saisons et les années passent mais c’est lorsque l’hiver n’en finit pas, que le froid devient terrible et dure que l’autrice sait parfaitement faire ressentir privations et souffrances de ces gens qui font tout pour résister, pour survivre, faisant preuve d’une solidarité exemplaire.

 

 

Appréhendant bien toute la beauté et la rudesse du monde rural, de la vie des paysans, Sandrine Collette (photo ci-dessous) a su développer un récit très original grâce à la présence de Madelaine qu’elle a su faire vivre dans un milieu impitoyable où, pourtant, l’amour a sa place, la révolte aussi.

 

 

Madelaine avant l’aube m’a absorbé, presque envoûté, un régal de littérature !

 

 

Jean-Paul

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