Stephan Schäfer : encore 25 étés
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Encore 25 étés par Stephan Schäfer.
Traduit de l’allemand par Stéphanie Lux.
Titre original : 25 letzte sommer.
Actes Sud (2025) 133 pages.
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Encore 25 étés, premier roman de Stephan Schäfer (photo ci-dessous), dont Stéphanie Lux offre une belle traduction de l’allemand, est un petit bouquin qui se présente à la manière d’un conte. Il est une sorte de méditation un peu magique sur le sens de la vie.
Le narrateur, jamais nommé, un double de l’auteur, mène une vie pressée, n’arrivant jamais à déconnecter du travail même lorsqu’il part le week-end dans sa maison de campagne, ce, jusqu’à un certain samedi matin. Là, sorti courir dès l’aurore, pour tenter de profiter encore vainement de la beauté environnante, il rencontre un homme, Karl. Celui-ci, cordialement, l’invite à venir à sa ferme toute proche.
Ainsi débute l’histoire de ces deux hommes que tout oppose et qui vont devenir amis. L’un a mis le travail, la reconnaissance et l’argent au centre de sa vie et ne sait plus paresser. Quant à l’autre, agriculteur, il ne s’occupe que d’une seule chose, la pomme de terre et... réfléchit.
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À la table en bois de la cuisine devant un café, dans le champ de pommes de terre, dans la bibliothèque que Karl nomme « sa salle du trésor », ou encore à nouveau à table devant des mets simples mais savoureux, par le biais de différentes questions sur ce qui les a marqué récemment ou dans le passé, sur des voyages ou des expériences qui ont pu les changer, les deux hommes vont débattre sur les éléments essentiels de la vie. On s’aperçoit alors qu’ils ne sont pas si différents que cela le semblait au premier abord.
Cette pause que s’octroie le narrateur en prenant le temps de réfléchir à sa vie et à son sens, va peu à peu lui permettre, grâce à Karl, de retrouver une sorte de paix intérieure.
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Le temps passé au travail et le rythme mouvementé de notre vie relèguent au second plan notre désir de connaître davantage les personnes que l’on aime ou de faire les choses qui comptent vraiment pour nous.
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Il est facile pour nombre d’entre nous de s’identifier à ce personnage constamment stressé toujours guidé dans ses décisions par les questions de sécurité, d’intérêt, de peur ou de statut et cela ne peut que nous inciter à réfléchir à notre propre vie et à nous demander s’il n’est pas temps de savourer davantage l’instant présent, d’être un peu plus fou et de prendre les choses un peu moins au sérieux avant d’avoir des regrets...
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Au cours de cette introspection, Karl avoue être parti sur cette voie, lors d’un voyage avec Johanna son épouse, une randonnée de plusieurs jours dans ce désert qui semble infini, le Wadi Rum. C’est là, au contact d’un vieux bédouin, leur guide, à qui ils avaient demandé son avis sur une délicate décision qu’ils devaient prendre que ce dernier leur avait posé quatre questions, ces dernières lui ayant servi de garde-fous et de repère jusqu’à aujourd’hui.
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J’ai trouvé très original et très imagé d’avoir choisi cette vallée de Jordanie, pour réfléchir aux éléments essentiels de la vie.
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D’autres thèmes suscitent également la réflexion comme celui des choix de professions souvent adoptés par le désir de plaire sinon d’obéir aux parents ou encore les traumatismes survenus dans l’enfance et leur impact sur une toute une vie parfois.
Charmée par la découverte de cette belle amitié scellée dans la forêt, j’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce livre qui est à la fois un roman fort divertissant et qui suscite une grande réflexion sur le sens de la vie. Il délivre un message optimiste en montrant qu’il est toujours temps de revenir à l’essentiel et de prendre un nouveau départ.
Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud.
Ghislaine