Jean-Baptiste Del Amo : La nuit ravagée
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La nuit ravagée par Jean-Baptiste Del Amo.
nrf – Gallimard (2025) 459 pages.
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Inspiré par la littérature fantastique et beaucoup de films horrifiques vus en VHS alors qu’il était adolescent, Jean-Baptiste Del Amo s’en est donné à cœur joie en écrivant La nuit ravagée.
Comme il le confie en Postface, il n’a pas oublié cette campagne toulousaine nouvellement urbanisée où il a grandi. Justement, dans son quartier, il y avait une maison abandonnée. Quand il a osé en forcer la porte d’entrée, le jeune Del Amo a trouvé des lieux qu’une famille a dû laisser, subitement… de quoi alimenter une imagination fertile.
Toutes ces sources d’inspiration l’ont poussé à écrire La nuit ravagée, troisième roman que je lis de cet écrivain après Règne animal et Le fils de l’homme. Autant j’avais été enthousiasmé par ces deux lectures, autant celle-ci ne m’emporte pas. J’ai même été lassé par la tournure résolument fantastique que prend l’histoire, surtout dans la troisième partie. Son écriture n’est pas en cause.
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C’est toujours riche avec une débauche d’événements, une action soutenue mais cela ne m’accroche pas car je n’aime pas le genre… hélas… même si j’avoue qu’un film comme Shining, de Stanley Kubrik adapté du roman fantastique de Stephen King, Shining, l’enfant lumière, m’a marqué.
Pourtant, tout avait bien débuté avec ces ados de Saint-Auch, petite ville imaginaire située à 25 kilomètres de Toulouse. Le récit est prenant, haletant et pose beaucoup de questions. Je fais rapidement connaissance avec Thomas (Tom), Alexandre, Max, Mehdi et Lena, ces ados qui s’ennuient dans leur lotissement, durant cet été 1993.
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Jean-Baptiste Del Amo dresse alors un état des lieux réaliste, souvent triste avec ces familles brisées, ces couples qui se séparent, ces divorces, ces beaux-pères brutaux, etc… Le racisme ordinaire est bien là aussi et c’est Mehdi Belkacem qui subit la stupidité crasse d’autres lycéens et n’ose se plaindre au lycée comme auprès de son amie, Lena, de peur de voir les choses empirer.
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Les portraits d’ados mais aussi d’adultes, hommes ou femmes, se succèdent et sont joliment brossés. On a souvent connu des gens de la sorte.
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Jean-Baptiste Del Amo (photo ci-dessous) sait aussi émouvoir quand il parle du cancer qui frappe une mère et les réactions de ses enfants, de son mari, de sa sœur. C’est juste et précis avant qu’il commence à jouer avec moi dans la seconde partie. La maison abandonnée suscite déjà des hallucinations, hante les rêves de Mehdi et je ne sais plus si je suis dans un cauchemar ou dans une autre dimension.
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L’auteur ajoute énormément de références à la musique, à la chanson, au cinéma, à la littérature. Cela revient souvent et je suis incompétent dans les domaines abordés.
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Cette maison abandonnée permet à chacun de revivre son traumatisme afin d’en venir à bout. Max découvre son homosexualité, une attirance irrésistible pour Anthony alors que la sœur de celui-ci décide de tisser une relation avec lui. Ça fume énormément dans cette histoire ; peut-être pour juguler ce stress qui monte alors que le drame atteint son paroxysme au lycée quand Brice vient s’excuser. C’est terrible.
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Enfin, vient cette troisième partie, un vrai film d’horreur et je décroche, hélas. Pour moi, il y en a trop alors que j’aurais tellement aimé que Jean-Baptiste Del Amo poursuive, peaufine son analyse sociale très pertinente du début. Il a choisi une autre voie et je trouve cela dommage mais c’est une œuvre littéraire que je respecte.
Jean-Paul
