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Lionel Duroy : Échapper

Échapper   par  Lionel Duroy.

Julliard (2015) 277 pages ; J’ai Lu (2016) 288 pages.

 

 

 

Avec Échapper, Lionel Duroy a livré un récit dont il s’est fait une spécialité : l’autofiction.

 

 

Si cela est pratiqué par d’autres écrivains, à sa façon, l’auteur de L’homme qui tremble et de Disparaître, pratique cet art avec talent, même si je l’apprécie moyennement. J’avais, de loin, préféré Eugenia, un roman historique.

 

 

Échapper a été publié en 2015, avant les deux autres autofictions citées plus haut.

 

 

Cette fois-ci, il m’emmène au nord de l’Europe, à Husum (Schleswig-Holstein), en Allemagne, près de la frontière danoise. Comme d’habitude, Lionel Duroy change tous les prénoms, dit s’appeler Augustin, mais revient sans cesse sur son histoire familiale chaotique, la mêlant intimement à son récit. Je pense aussi qu’il en modifie certains aspects tout en gardant sa passion pour l’utilisation du vélo… ce que je ne peux qu’apprécier, contrairement à cette cigarette qui pollue régulièrement les pages comme elle le fait encore beaucoup trop dans notre cinéma.

 

Donc, si je n’apprécie pas trop certains aspects de son récit, j’aime les informations artistiques et géographiques que l’auteur donne. Ici, il mêle habilement peinture et littérature grâce au roman de Sigfried Lenz : La leçon d’allemand ; je ne connaissais pas.

 

 

S’inspirant de la vie du peintre Emil Nolde (photo ci-dessous), Sigfried Lenz  a bâti l’histoire de Max Ludwig Nansen, un peintre allemand qui vivait à Rugbüll. Pour en savoir plus, Augustin se rend sur les lieux, lieux qu’il avait déjà visités en compagnie d’Esther, femme qui l’a abandonné pour un autre homme. Cette fois-ci, il est seul mais beaucoup de souvenirs reviennent régulièrement.

 

 

Au passage, le narrateur se pose quantités de questions sur le couple et ses rapports avec l’écriture. Avant Esther, il faut le signaler, il y a eu Agnès et leurs trois enfants dont Coline, la plus jeune, se manifeste un peu.

 

 

Sur les lieux où se déroule le roman de Sigfried Lenz (photo ci-dessus), Augustin se démène, recherche, creuse même pour retrouver des traces car la mer se déchaîne régulièrement emportant terres et bâtiments. Il faut sans cesse consolider les digues et cela ajoute encore du mystère à la vie du peintre. Menacé par les nazis, Emil Nolde (un des ses tableaux ci-dessous) a tout fait pour pouvoir continuer à peindre, écrivant à Goebbels, se réclamant même du parti nazi pour récupérer ses toiles confisquées parce que considérées comme de l’art dégénéré.

 

 

Cette partie-là est très intéressante mais les problèmes personnels du narrateur refont vite surface avant que  Susanne vienne illuminer le roman. La rencontre d’Augustin avec cette femme mariée qui s’adonne à la peinture, offre des moments émouvants, plein de sensibilité, magnifiques car leur précarité fait trembler le lecteur que je suis.

 

 

La maisonAugustin habite, les rencontres qu’il fait, les élément historiques distillés au fil du roman, tout cela ajoute un charme indéniable à Échapper, roman qui m’a permis de revenir en arrière dans le parcours littéraire de Lionel Duroy (photo ci-dessus) et je ne le regrette pas malgré les notes négatives données plus haut.

 

Jean-Paul

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M
Cet auteur me gène beaucoup dans sa façon de toujours ressasser son histoire familiale
Répondre
J
C'est pour cela que j'avais bien plus apprécié "Eugenia".
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