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Julia Deck : Ann d'Angleterre

Ann d’Angleterre   par  Julia Deck.

Seuil (2024) 250 pages.

Prix Médicis 2024.

 

 

 

 

 

Avec une maîtrise consommée, Julia Deck retrace une vie, celle de sa mère, Ann, qu’elle nomme, non sans humour : Ann d’Angleterre.

 

 

 

En même temps, elle mêle la sienne à la vie compliquée de cette femme qui vient d’être victime d’un sérieux malaise, un AVC, parce son médecin traitant avait arrêté les anticoagulants. C’est grave  et je vais suivre avec une appréhension certaine l’évolution de la santé de cette femme.

 

 

 

 

Comme des quantités d’autres patients, la voilà aux urgences, confrontée au manque de moyens et à la surcharge de travail du personnel soignant.

 

 

En alternance, Julia Deck reprend le cours de la vie de sa mère, me présente sa famille anglaise, son clan, où les femmes dominent. S’il y a Kate, vingt-deux ans de plus que l’autrice, il y a surtout Alice. Quant à tante Betty, elle est décédée. C’est assez compliqué et je comprends cette quête de LA VÉRITÉ qui anime la recherche menée par Julia Deck pendant que sa mère retrouve peu à peu une partie de sa conscience après être restée quinze heures dans le couloir des urgences, ce qui est arrivé à beaucoup d’entre nous.

 

 

J’apprends qu’Eleanor Ann est née en 1937 à Billingham, grande cité industrielle située à quatre cents kilomètres au nord de Londres. Imperial Chemical Industries (photos ci-dessus et ci-dessous), la première usine chimique du monde, emploie beaucoup de personnel dont George qui épouse Olivia en 1930. Ce sont les parents de Betty et d’Ann. Avec un souci de précision louable, Julia Deck révèle l’histoire compliquée de sa famille.

 

 

Pour cela, elle se lance dans un gros travail afin de retrouver des documents et des papiers pouvant la renseigner. En même temps, elle trouve inimaginable de donner à manger à sa mère et d’être satisfaite du peu qu’elle peut avaler !

 

 

Alors qu’elle se bat pour que la santé de sa mère s’améliore, Julia Deck partage les films, les livres qu’elle a aimés avec elle. Elle sait parfaitement combler les vides, faire rêver aussi.

 

 

Quand elle raconte son enfance, c’est amusant. Lorsqu’elle détaille son voyage en Angleterre avec sa mère, c’est vite très intéressant mais son grand combat, c’est trouver un Ehpad digne de ce nom pour que sa mère continue à progresser, à retrouver la plupart de ses moyens, contredisant ainsi ce qui était prédit au début de son hospitalisation.

 

 

Le récit est très vivant avec beaucoup d’anecdotes, des événements allant du plus triste au plus gai, du plus inquiétant au plus rassurant. S’ajoutent de très pertinentes réflexions sur les éléments de langage utilisés par le monde médical. Alors qu’au début, la narratrice s’est insurgée contre l’inertie des chefs de service, voilà qu’elle rend enfin hommage au dévouement du personnel soignant, le confinement étant passé par là.

 

 

Julia qui est née le 18 mai 1974, raconte son enfance, nous fait partager son parcours d’écrivaine, nous fait connaître ses parents car Ann a épousé François, a obtenu la nationalité française et divorcé.

 

 

Julia Deck (photo ci-contre) que j’avais écoutée avec beaucoup d’intérêt aux Correspondances de Manosque 2024, ne m’a pas déçu. C’est la première fois que je lis cette autrice et j’ai été vraiment touché par sa sincérité dans ce qui n’est pas un roman mais plutôt ce que l’on nomme autofiction car elle parle aussi d’elle à la troisième personne, donnant des informations précises sur sa vie et son activité littéraire.

 

 

Ann d’Angleterre a obtenu le Prix Médicis 2024, récompense amplement méritée.

 

Jean-Paul

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