Jacky Schwartzmann et Morgan Navarro : STOP WORK

STOP  WORK : les joies de l’entreprise moderne.

BD de Jacky Schwartzmann et  Morgan Navarro.

Dargaud (2020) 132 pages.

Fabrice Couturier est cadre à l’ancienne, au service Achats dans une fabrique de rondelles, chez Rondelles S.A.

Son physique imposant lui donne de l’assurance. Un peu fayot sur les bords, Christophe, représentant CGT, n’hésite pas à le traiter de suce-boules, assurant même que c’est l’image que tout le monde a de lui.

Quand un stagiaire de troisième lui est présenté pour qu’il le chapeaute durant trois semaines, il refuse dans un premier temps, avant de le prendre sous son aile avec chaleur, apprenant que cette demande vient du boss lui-même.

Sa vie familiale se déroule tranquillement si ce n’est que sa fille Lili pour avoir tagué sur les murs du lycée est renvoyée trois jours, et les parents vont donc être convoqués.

À noter sa petite passion pour les sites un peu cochons…

Notre homme attend impatiemment une promotion, le poste de responsable des achats étant vacant.

Terrible déconvenue, son patron prend une option externe et confie le poste à une certaine Mia.

Complètement désappointé, il se met à exécrer ce service EHS, Environnement Hygiène Sécurité, et les règles de conduite qu’il juge puériles, que la responsable Ludivine impose.

Plutôt que chercher la confrontation, Fabrice va tenter de se servir de l’absurdité des mesures prises pour saboter le fonctionnement de l’entreprise, mais finira-t-il par trouver sa place ?

On assiste ainsi, au cours de cette comédie pleine d’humour et pleine de malice, à la métamorphose spectaculaire d’un cadre conformiste devenu rebelle.

Sont également présents en second plan dans cette satire mordante du monde de l’entreprise, deux techniciens de surface un peu désabusés, mais fort attachants, un Portugais trans et un Algérien barbu, qui échangent leur ressenti.

Défilent dans ce one-shot « toutes les joies de l’entreprise moderne », sous-titre de l’album.

La course à la promotion, l’obligation de signalement des presqu’accidents, la présence du syndicaliste CGT, l’utilisation du franglais, les réunionnites, sans oublier l’arrivée du stagiaire de troisième dont la présence ne sera pas inutile à Fabrice …, tout est passé en revue avec humour et réalisme.

Jacky Schwartzmann (photo ci-dessus), que je ne connaissais jusqu’alors que pour ses romans Pension complète, Kasso et Shit,  m’a embarquée dans une satire sociale du monde de l’entreprise tout à la fois drôle, cocasse, parfois vaudevillesque et très facétieuse mais tellement pleine de réalisme !

Le dessin dynamique tout en étant très simple, et tellement expressif de Morgan Navarro (photo ci-dessous) sert merveilleusement le propos.

J’ai trouvé cette BD, Stop Work, pertinente et savoureuse et ne peux terminer sans vous livrer ce que Fabrice Couturier prononce dans le bureau de la proviseure,  pour excuser sa fille d’avoir tagué sur les murs de son lycée : « La vie est trop courte pour se raser la chatte » :

« Ce que veut dire ma fille, c’est que la vie est trop courte pour s’embêter avec des faux-semblants, avec des conventions. La vie est trop courte pour la passer à faire ce que les autres attendent de nous ! »

À méditer !

Ghislaine