Michel Guénaire : La Visite

La Visite   par  Michel Guénaire.

Grasset (2025) 139 pages.

La Visite est un livre impressionnant de concision et de précision, un récit indispensable permettant de revenir aux racines de ce mal qui a causé, au XX^e siècle, la mort de millions de personnes.

Dans ce livre, Michel Guénaire, avocat et écrivain, a raconté et analysé cette visite d’Hitler, entouré de sa « cour », le dimanche 23 juin 1940, à Paris.

Les troupes allemandes étaient entrées dans la capitale le 14 juin, l’armistice avait été signé le samedi 22 juin et, le lendemain, à 6 heures du matin, Adolf Hitler arrivait du Bourget où il avait atterri à bord d’un Condor. Il avait pris place dans une Mercedes-Benz 770 K blindée, conduite par Hans Baur ; cette voiture emmenait le führer avec Speer, Breker, Giesler et Brükner. Les autres suivaient dans quatre autres Mercedes.

Cette visite était privée. Les rue de Paris étaient désertes. Les visiteurs étaient tous vêtus de ce sinistre pardessus noir que l’on voit sur les photos.

Si Hitler a vaincu la France, il ne veut pas détruire Paris comme le voudraient certains généraux nazis. S’il admire notre capitale, il veut cependant faire mieux encore en Allemagne : Germania ! Son architecte favori, Albert Speer, est là pour s’inspirer de la beauté de Paris.

L’auteur ne se contente pas de suivre la visite mais rappelle au passage quantité d’informations sur Hitler, sa jeunesse, sa formation et son arrivée au pouvoir. Il précise aussi tous ses soucis de santé et sa forte addiction à différentes drogues fournies par ses médecins.

Michel Guénaire (photo ci-contre) détaille aussi sa « cour ». Celui qui se fait appeler le Führer, n’a pas oublié de s’entourer, en plus d’un architecte (Speer), d’un sculpteur (Breker), d’un autre architecte (Giesler), de son secrétaire particulier (Bormann), d’un photographe (Hoffmann), d’un chirurgien (Brandt), etc… Göring et Goebbels sont restés à Berlin.

Cette visite et ses différentes étapes révèlent beaucoup de choses à propos de l’état d’esprit de cet homme que tout un pays vénère et que le reste de l’Europe subit. Rue par rue, monument par monument, il faut suivre ce parcours.

La première halte se fait à L’Opéra, « le plus beau théâtre du monde ». Ensuite, c’est la Madeleine puis les Champs Élysées, l’Arc de Triomphe, le Trocadéro et la Tour Eiffel où sont prises les fameuses photos diffusées ensuite. L’ascenseur étant en panne, il reste sur le sol et prend le temps de déambuler sur l’esplanade bien que la visite se fasse au pas de course.

Cet homme qui gouverne un empire de quatre cents millions d’âmes avec trente hommes, est collé aux basques par Speer, Breker et les autres qui vivent de lui, le servent et n’oublient pas de s’enrichir au passage. Il ne faut pas oublier qu’ensuite, les œuvres d’art de Paris et d’ailleurs ont été pillées.

Au passage, Hitler demande qu’on retire et détruise la statue du général Mangin qui avait occupé la Ruhr après la Première guerre mondiale et voilà les Invalides. Là, il revêt une gabardine blanche pour descendre dans la crypte où se trouve le tombeau de Napoléon. Impressionnante, cette vénération pour l’Empereur ! Il déclare même que c’est le plus beau jour de sa vie…

Précis, bien raconté, le récit de la visite se poursuit au Panthéon, sixième arrêt, puis on passe devant Notre-Dame et l'Hôtel de Ville… pas d’arrêt. Le dernier sera pour le Sacré-Cœur pour la vue sur Paris, une ville qu’Hitler a su préserver.

C’est terminé ! Cela aura duré 2 h 30. Il salue le colonel Speidel qui a organisé La Visite. Il s’en va et ne reviendra pas.

Dans ce livre qu’il faut lire, Michel Guénaire détaille les faits, cite les hommes sans oublier de mentionner la fin d’un régime atroce qui a mis l’Europe et le monde à feu et à sang. L’auteur n’oublie pas de parler de la fin du dictateur et de ceux qui l’ont servi au plus près. Un certain Albert Speer s’en est bien tiré…

Jean-Paul