Dolores Redondo : En attendant le déluge
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En attendant le déluge par Dolores Redondo.
Traduit de l’espagnol par Isabelle Gugnon.
Titre original : Esperando al diluvio.
Gallimard / série Noire (2024) 556 pages.
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En refermant En attendant le déluge, de Dolores Redondo, je suis complètement sonné, terriblement secoué par tout ce qui se déroule dans ce polar qui m’a emmené d’Écosse au Pays basque avec Noah Scott Sherington, personnage très attachant.
Dolores Redondo, dans l’avant-propos, se dit « écrivaine des tempêtes » ; c’est très juste car elle a été profondément marquée par la catastrophe qui a ravagé Bilbao au cours de l’été 1983 alors qu’elle n’avait que quatorze ans.
Ce déluge, je vais le retrouver dans les dernières pages du livre mais, auparavant, il faut suivre la filature inquiétante, passionnante de ce tueur de femmes surnommé Bible John parce qu’il a cité des versets de la Bible au début de son parcours meurtrier. Cet homme a réellement existé, n’a jamais été arrêté et, peut-être, existe-t-il toujours ?
Tout commence avec une scène bien énigmatique mais à ne pas oublier. Ce chapitre intitulé « Le garçon », titre qui reviendra à plusieurs reprises, parle d’un certain Johnny obligé par sa mère et ses tantes de sortir dans le froid, d’aller jusqu’au lavoir pour nettoyer des linges ensanglantés, de frotter dur malgré la puanteur… Cette scène est déterminante ainsi que d’autres informations distillées plus tard pour tenter de comprendre. L’autrice y reviendra donc régulièrement.
Glasgow (photos ci-dessus et ci-dessous)) 1983. Une discothèque. Un certain Johnny se regarde dans la glace des toilettes avant d’aller aborder une jeune femme après l’avoir flairée. Le drame approche car cette personne, séduite par ce beau jeune homme, le suivra, sera battue, violée, assassinée !
Commencent alors ces chapitres reprenant le texte d’une chanson de Nick Kershaw (photo ci-dessous) qui a fortement marqué Dolores Redondo : « Wouldn’t it be good » À la fin du livre, le texte est reproduit et traduit, symbolisant l’état d’âme de Noah Scott Sherington, l’inspecteur de police qui est sur la piste du tueur de ces femmes qui avaient toutes leurs règles au moment de leur assassinat.
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Moqué par ses collègues, Noah ne lâche rien, se met en danger et suit un certain John Clyde qui habite Killlin, près du Loch Katrin. Va se dérouler alors une séquence terrible d’intensité ; de renversements de situation en coups de théâtre, c’est une scène véritablement apocalyptique dans ce que l’autrice nomme « le cimetière privé de Clyde » avec ces corps flottant sur l’eau, dans la boue et… déjà beaucoup de pluie. L’autrice sait bien décrire les lieux mais aussi les sentiments, les hésitations et faire partager la résolution de son personnage principal.
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À plusieurs reprises, Dolores Redondo (photo ci-dessus), bien traduite par Isabelle Gugnon, renouvellera ces scènes stressantes sans négliger beaucoup d’apports scientifiques, techniques, climatiques ou politiques.
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En effet, Noah, malade cardiaque qui est resté accroché à la vie par un fil très ténu, suit son instinct, ne laisse pas disparaître le suspect. Cela l’emmène à Bilbao, au Pays basque ou l’ETA (Euskadi ta Askatusuna) est soutenu par son cousin irlandais, l’IRA (Irish Republican Army). Là-bas, sur les rives du Nervión, il pleut souvent et cela va se dégrader de plus en plus. Cela donnera la catastrophe de fin août 1983, en pleines festivités.
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Tout cela se passe alors que le meurtrier continue à sévir. Alors, je rencontre quelques personnes très attachantes comme le jeune Rafa, la charmante Maite, le Dr Elizondo (psychiatre), le policier basque Mikel Lizarso, quelques autres comme des cardiologues espagnols, sans oublier Euri, la chienne de Rafa et même Edurne (Neige en basque) qui attendait en vain un certain John et ne se doutait pas que c’était son jour de chance...
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Originaire de San Sebastián (Donostia), Dolores Redondo connaît bien le Pays basque et elle le prouve dans En attendant le déluge, un roman noir qui laisse tout de même quelques coins de ciel bleu avec, au final, beaucoup de sensibilité, d’amour et de solidarité…
Jean-Paul
