MENU

Riad Sattouf : L'Arabe du futur (6)

L’Arabe du futur  (6)

Une jeunesse au Moyen-Orient (1994 – 2011).

BD par Riad Sattouf.

Allary Éditions (2022) 176 pages.

 

 

 

Et voilà le dernier tome de L’Arabe du futur, comme aimait à se qualifier, quand il était jeune, Abdel, le père de Riad et Yahya, restés en France. Leur petit frère, Fadi, a été enlevé par ce même père qui a fui en Syrie.

 

 

Riad Sattouf, de son dessin semi-réaliste, avec une sincérité impressionnante, a mené cette histoire au bout, histoire familiale d’abord car je n’oublie pas Clémentine, sa mère. C’est elle qui a subi le plus de désagréments, de dégâts causés par cet homme, son mari, qu’elle a tenté de suivre le plus possible jusqu’au jour où c’est lui qui est parti en emportant son petit Fadi.

 

 

Ce tome 6 couvre à peu près dix-sept années et permet surtout de suivre les premiers pas de Riad Sattouf dans le monde de la bande dessinée.

 

 

Sa progression chaotique est intéressante et édifiante car ce fut difficile et il fallut que Riad suivre une psychothérapie pour comprendre le sens de ses rêves, plutôt de ses cauchemars et, enfin, s’en débarrasse.

 

 

Dès le début, je souffre en suivant cette mère qui tente tout pour retrouver son petit Fadi. Elle est même victime d’un avocat véreux. En attendant, les années passent et j’apprends que Fadi se trouve bien en Syrie et qu’il refuse absolument de revenir en France.

 

 

Une scène est particulièrement édifiante. Dans un supermarché, en 1998, Clémentine, accompagnée de Riad, voit un certain Jacques Chirac foncer vers elle, lui serrer la main chaleureusement. L’occasion est trop belle, Clémentine tente de lui parler mais l’homme politique, en pleine campagne pour les présidentielles, n’a pas le temps… Il entend mais n’écoute pas. Il lui demande de lui écrire mais ne laisse pas d’adresse… Alors, Clémentine, Chirac ayant été élu, envoie six lettres à l’Élysée mais ne reçoit aucune réponse…

 

 

Riad qui a obtenu 13/20 au bac de français, sans savoir pourquoi, passe en terminale. Il veut entrer dans une école de dessin mais ça coûte cher. Il écrit alors à son père qui répond négativement : « l’école de dessinataires c’est NUL » mais joint une photo de Fadi et son demi-frère… grande surprise !

 

 

Pépé veut bien bourse délier mais seulement s’il a le bac. Alors, Riad bosse et réussit bac et concours pour l’école. Les réflexions de son père sont toujours incluses dans les vignettes sur fond rouge car elles polluent l’esprit du garçon. Il faudra beaucoup de séances de psychothérapie pour que cette présence obsédante s’évanouisse.

 

 

Commence alors le parcours de l’auteur, un chemin semé d’embûches pour se faire une place dans le monde de la BD. Pour cela, il doit vivre à Paris – c’est cher ! – et compter sur son opiniâtreté, sur le hasard des rencontres et sur son talent...

 

 

Enfin, « Petit verglas », est sa première publication mais comme dessinateur seulement. Il fait les festivals, galère beaucoup, fait atelier commun avec Joann Sfar, Christophe Blain et Mathieu Sapin et, grâce à l’intervention de Guy Vidal, publie chez Dargaud « Les jolis pieds de Florence » en janvier 2003. Pour lui, scénariste et dessinateur cette fois, c’est une nouvelle naissance !

 

 

La suite est très dense avec beaucoup d’infos et de réflexion. Riad, comme toujours, se confie avec beaucoup de spontanéité et fait partager ses débuts d’auteur de BD. Il collabore même avec Charlie Hebdo avec « La vie secrète des jeunes » et avec Fluide Glacial : « Pascal Brutal ».

 

 

Il réalise un film : « Les beaux gosses », César du meilleur premier film. Il obtient même le Prix du meilleur album au Festival d’Angoulême en 2010 avec « Pascal Brutal 3 ».

 

La carrière de Riad Sattouf est vraiment lancée quand l’histoire familiale le rattrape mais je ne vous en dis pas plus car l’émotion est vraiment trop forte jusqu’à la planche finale.

 

La lecture de L’Arabe du futur, lecture que j’ai trop tardé à faire, a été une véritable découverte, une source d’informations étonnantes, de très bons moments passés à suivre le parcours de Riad, à apprécier texte et dessins, un parcours jalonné d’événements politiques comme, dans ce tome 6, la révolution syrienne et la chute de Bachar al-Assad.

 

Si vous ne l’avez pas lu encore, lancez-vous sans hésiter dans la lecture de L’Arabe du futur !

 

Jean-Paul

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog