Roy Jacobsen : Les invisibles
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Les invisibles par Roy Jacobsen.
Traduit du norvégien par Alain Gnaedig.
Titre original : De Usynlige.
Gallimard / Du monde entier (2017) 269 pages ; Folio (2019) 304 pages.
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Dans Les invisibles, Roy Jacobsen me fait partager la vie simple, difficile, terrible, dangereuse mais pleine d’une beauté émouvante, de ces gens qui n’abandonnent jamais malgré toutes les difficultés et les épreuves qui s’accumulent.
Avec Les invisibles, je remonte au début de l’histoire d’Ingrid Barrøy car, en dépit du bon sens, j’avais lu d’abord le quatrième opus de la série : Juste une mère. Malgré tout, cette lecture m’a apporté beaucoup d’informations venant bonifier Juste une mère, tome 4 venant après Les invisibles, Mer blanche, et Les yeux de Rigel.
Hans Barrøy est pêcheur et paysan. Il veille au bon développement de la vie sur cette petite île du nord de la Norvège qui porte son nom : Barrøy. Avec Maria, son épouse, ils ont eu une fille, Ingrid, qui a trois ans. C’est cette dernière l’héroïne du roman, elle que je vais voir grandir et affronter bien des périls. Elle va surtout travailler dur, prendre ses responsabilités, pour que sa famille résiste d’abord aux intempéries puis aux événements qui ne manquent pas de se produire. Enfin, Ingrid doit aller à l’école itinérante, à Havstein où le premier souci de Maître Olai est d’apprendre à nager aux huit nouveaux élèves, sur les quinze dont il a la charge.
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Avec Hans, Maria et Ingrid, il y a Martin, père de Hans et beau-père de Maria. Il est âgé mais fait ce qu’il peut, ayant laissé la direction des opérations à son fils. D’autres personnes sont là aussi comme Barbro, la sœur de Hans. Elle intrigue car elle paraît handicapée, faisant preuve d’une volonté farouche. Elle a vingt-trois ans. Son frère tente de la faire embaucher comme domestique chez les patrons de l’Usine, sur une terre voisine. Barbro refuse car la patronne l’appelle « l’idiote ». Elle sait ce qu’elle veut : vivre sur l’île, sur Barrøy, où l’on dénombre trois saules, quatre bouleaux et cinq sorbiers plus le Bosquet de l’Amour et un énorme saule couché sur le sol.
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Je rencontre aussi Lars, Suzanne, Felix, oncle Erling, personnages secondaires. J’ajoute que la récolte de la tourbe, entre les semailles et les moissons, est essentielle car, une fois séchée, elle sert de combustible pour lutter contre le froid rigoureux de l’hiver.
Barrøy fait partie d’un archipel qui compte environ dix mille îles et c’est souvent que Roy Jacobsen en cite d’autres comme celle de Buøy d’où vient Maria. Si la pêche tient un rôle essentiel dans la vie de ces îliens, il ne faut rien négliger avec un peu d’élevage, la production de lait, quelques cultures et la récolte du duvet et des œufs des Eiders. Le duvet, il faut le nettoyer afin de le vendre un bon prix. Je note que le mot édredon vient du nom de ces oiseaux qui aiment nidifier sur Barrøy comme sur les autres îles scandinaves.
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Très simplement, je suis la vie de cette famille qui tente de vivre malgré les conditions très difficiles, les tempêtes qui peuvent réduire à néant un travail de plusieurs mois comme ce hangar construit par Hans et envolé en quelques minutes. Ce hangar doit compléter l’aménagement du quai que cinq ouvriers suédois viennent construire. Or, Barbro veut baiser et… vous connaîtrez le résultat en lisant Les invisibles…
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De plus, pour récolter un peu plus d’argent pour sa famille, Hans part chaque année pour les Lofoten, une expédition qui n’est pas sans risque. Il part aussi travailler sur un chantier pour une ligne de chemin de fer, sur le continent. Il fait des projets pour son île comme la construction de ce quai ou l’arrivée de l’eau courante à l’intérieur de la maison.
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Ainsi, il me faut un peu de temps pour me mettre dans l’ambiance, pour saisir cette vie si spéciale sur cette île que Roy Jacobsen rend si bien. S’il décrit parfaitement les lieux, il sait aussi bien analyser les sentiments de chacun, montrer comment Ingrid s’affirme, parler aussi de la mort qui arrive naturellement.
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Grâce à Roy Jacobsen (photo ci-dessus), Les invisibles réussissent à exister, affirmant une présence qui m’a appris beaucoup sur des conditions de vie peu enviables mais, surtout, il m'a fait apprécier ces gens qui sont vraiment admirables.
Jean-Paul
