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Fabrice Capizzano : Une salamandre à l'oreille

Une salamandre à l’oreille    par   Fabrice Capizzano. 

Au diable vauvert (2025) 344 pages.

 

 

 

Une salamandre à l’oreille, troisième roman de Fabrice Capizzano, met en scène Samuel Page, qui tente de survivre depuis le décès accidentel de sa femme, Diane, l’amour de sa vie, et mère de ses trois enfants.

 

 

Après avoir été auteur à succès, il est devenu apiculteur. En effet après la tragédie, après la mort de Diane, il y a de cela sept ans, il n’a plus jamais écrit.

 

 

La famille vit dans un village du Vercors, dans une maison à l’écart. Rongé par la culpabilité, aggravée insidieusement par la rumeur qui l’avait accusé d’être à l’origine de l’accident, Samuel survit, la visite et l’entretien de ses ruches, la beauté de la nature  lui procurant des moments d’apaisement.

 

Il tente de tenir son rôle de père auprès de ses enfants marqués par la mort de leur mère, de manière parfois chaotique mais toujours avec beaucoup d’amour.

 

 

Son vieil ami Robert, un peu trop penché sur la boisson, mais néanmoins lucide et sincère ne le laisse pas tomber et veille sur lui et les enfants. Quand Samuel, un peu débordé, va lui demander de l’aide pour transhumer ses abeilles, il lui recommande Billie, une jeune femme qui cherche un maître de stage pour la saison. L’arrivée de cette jeune femme impétueuse vient chambouler alors sa désespérance et raviver les blessures.

 

 

Composé de quatorze chapitres, chacun portant un titre ayant une relation avec le monde apicole, en passant par la reine, les cellules royales, les nourrices ou la propolis, etc... pour terminer par l’essaimage, chapitres dont le début offre une description courte mais pointue et essentielle sur le sujet abordé, Une salamandre à l’oreille est de ce point de vue, une véritable ode à la nature, au vivant, à l’apiculture.

 

 

Au cœur de cette nature, de cette vie sauvage, l’auteur développe un récit fort, poignant, sans pudeur sur le deuil, la douleur de vivre, l’amour fou, la famille et l’amitié et où vient se greffer rapidement une salamandre nommée Zoïa qui, très vite, s’attache étrangement à Samuel, de façon discrète au début pour être de plus en plus présente. La présence de l’amphibien apporte une touche surréaliste et finira par devenir au fil de l’histoire un point névralgique.

 

 

Fabrice Capizzano (photo ci-dessous) déroule avec talent cette sublime histoire d’amour qu’ont vécu Samuel et Diane, tout en distillant au fur et à mesure quelques indices sur cette vie où persiste un mystère, parfois lors des séances chez la psy, séances que l’éditrice de Samuel lui offre afin « qu’il puisse à nouveau pondre un bouquin ».

 

 

C’est aussi cela l’un des points forts de ce roman : la vie cachée d’un écrivain, son besoin d’écrire, sa réaction face au succès. Il est aussi un bel hommage à Philippe Djian (photo ci-dessous).

 

 

J’ai amplement savouré cette connexion à la nature et ce regard sur le monde des abeilles, un monde organisé tellement complexe. L’auteur, en nous faisant profiter généreusement de ses compétences et de son expérience de dix ans d’apiculteur, m’a permis d’approfondir mes connaissances sur les abeilles, que ce soit la composition d’une ruche, le cycle de vie des abeilles,  la gestion des ruchers ou encore  les menaces pour les abeilles et les ruches avec notamment le terrible impact que peuvent avoir les pesticides ou le réchauffement climatique.

 

 

La plume nerveuse, sensuelle, parfois décalée où le trivial accompagne la poésie raconte avec une extrême sensibilité, cet amour intense entre Samuel et Diane, les jours avant et les jours après et rend compte naturellement, parfois avec humour, et avec une grande sensibilité l’amour que porte ce père à ses enfants et réciproquement. La réaction du père et son aller-retour vain, en apprenant que sa fille Margot a réussi à allumer un feu d’artifice dans une centrale nucléaire de Gravelines, en sont un bel exemple, leurs actes m’ont ravie.

 

 

Si j’ai beaucoup apprécié cette histoire touchante, le style très personnel et l’écriture particulièrement originale de Fabrice Capizzano, j’ai néanmoins trouvé quelques longueurs et un peu d’essoufflement dans le récit.

 

Je remercie les éditions Au diable vauvert et Babelio qui m’ont permis de découvrir cet auteur.

Ghislaine

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Trouver l'apaisement dans la nature auprès des abeilles c'est un beau sujet je trouve. Je note tes bémols mais je te remercie de ce partage.
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