Jacques Prévert : L'avènement d'Hitler

L’avènement d’Hitler      par     Jacques Prévert.

Le cherche-midi (2010) 108 pages.

 

 

Tout le monde connaît Jacques Prévert. Beaucoup ont appris quelques poèmes de lui à l’école. J’en ai fait apprendre à mes élèves, séduit pas la justesse et la poésie de ses formules si justes et souvent amusantes mais je n’avais jamais plongé aussi avant dans ses textes, ce que m’a permis ce petit livre, L’avènement d’Hitler, paru grâce à Jean-Paul Liégeois, au cherche-midi, un cadeau de Simon que je remercie.

 

 

J’ajoute que je me suis décidé à lire ce livre après le spectacle extraordinaire fourni par Yolande Moreau et Christian Olivier, au Train-Théâtre de Portes-lès-Valence, le 23 mai 2019. Ces deux immenses artistes ont intitulé sobrement leur œuvre : Prévert. C’est chanté, parlé, joué et déclamé, superbement mis en scène, avec trois excellents musiciens et je ne peux qu’espérer que ce spectacle soit davantage connu et diffusé car c’est un régal complet !

 

 

En introduction de ce livre, Jean-Paul Liégeois rappelle la tourmente des années 1930 dans laquelle l’Europe était plongée. Malgré la parenthèse heureuse de 1936, les cauchemars s’appelaient Mussolini, Hitler, Franco et Staline.

 

 

Il précise aussi que Prévert était « Un résistant d’avant la Résistance. » Il ajoute ensuite très justement : «  Les dangers d’hier sont-ils écartés aujourd’hui ? Le seront-ils demain ? Rien n’est moins sûr. Nous aurons toujours besoin de la pertinence et de l’acuité des mots de Jacques Prévert. »

 

 

Alors, je me suis plongé dans les mots, les phrases, les formules du poète et ça commence très fort avec Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France. C’est cocasse et très drôle et c’est vrai que l’oral donne encore plus de force et de poésie comme Mouloudji, Serge Reggiani, François Perrier, Jean-Marc Tennberg et tant d’autres l’ont fait en enregistrant Prévert. Ce texte moque les profiteurs, « ceux qui, loin d’être morts, vivent sur le dos de la patrie, sur le dos du peuple. »

 

 

 

L’avènement d’Hitler est le second texte, écrit en pleine actualité, en 1931 :

« On présente d’abord le monstre en liberté

   On le présente aux ouvriers

« C’est un ami presque un frère

Un ancien peintre en bâtiment »

Le moindre mal quoi !

C’est moins dangereux qu’un général

un ancien peintre en bâtiment

Et maintenant

Les quartiers ouvriers sont peints couleur de sang. »

 

 

 

Suivent d’autres textes tout aussi percutants, déjantés parfois, antimilitaristes souvent, anticléricaux comme La crosse en l’air (1936). Jacques Prévert ne s’attaque pas à la religion et à ses thuriféraires sans raison puisque lorsqu’il parle de Laval et Mussolini en visite au Vatican, les faits sont réels et la collusion entre la hiérarchie catholique et les régimes fascistes et totalitaires évidente. Il parle de Mussolini gangster et de Pesetas Franco et n’oublions jamais que les collabos français soutiennent le nazisme dès 1933. Prévert épingle justement Paul Morand :

« Comme le disait au Saint-Père dit Pol Morand à la douairière

Debout les morts et à la douche nous voulons des cadavres propres…

oh monsieur Morand

vous êtes le roi des cormorans et toujours tellement garnement »

 

 

L’époque est terrible et les années qui vont suivre encore pires et il est important de lire aujourd’hui ce qu’a écrit un poète toujours soucieux du sort des plus faibles, des pauvres, des chômeurs. Jacques Prévert (1900 – 1977) pour toujours dans nos cœurs !

Jean-Paul

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