David Zukerman : San Perdido

San Perdido      par    David Zukerman.

Calmann-Lévy (2019), 450 pages ; Libra Diffusio (2019), 518 pages.

 

San Perdido, ce premier roman de David Zukerman a été pour moi, un coup de cœur !

 

Il se situe, comme son titre l'indique, à San Perdido, petite ville côtière panaméenne, imaginaire, et démarre un matin de juin 1946.

 

Felicia, qui vit tout près de la décharge de San Perdido, à côté du bidonville de Lágrima, voit alors arriver un très jeune enfant, à peine une dizaine d'années, pieds nus, aux yeux bleus : "Des yeux d'un bleu si clair qu'ils semblent blancs. Des yeux qui font deux trous dans son visage d'un noir profond." Il est seul et muet. Il va s'installer près de la cabane de Felicia, en creusant une sorte de tanière dans le sol. Il possède une force singulière dans les mains et c'est pour cette raison que Felicia le surnommera "La Langosta" qui signifie le homard, car ses grosses mains sont comme des pinces. Il sera le fil rouge du roman. Dès l'incipit, nous savons que ce personnage principal s'appelle Yerbo Kwinton et qu'il est un héros. Et, nous dit l'auteur, "Qu'est-ce qu'un héros, sinon un homme qui réalise un jour les rêves secrets de tout un peuple ?"

 

David Zukerman (photo ci-dessous) dans cette fable sociale, récit légendaire, sorte de pamphlet, nous livre une caricature de la société où les plus pauvres survivent à côté des nantis. Dans les deux camps, c'est la ruse qui permet de s'en sortir.

 

L'auteur décrit très bien la vie dans les bidonvilles, l'extrême misère dans laquelle ces gens vivent et  tous les moyens employés pour arriver à survivre. Il rend compte également avec beaucoup de vérité, de la corruption qui règne chez les plus riches et les gouverneurs.

 

Grâce aux portraits colorés des personnages que l'écrivain a si bien su restituer, nous sommes plongés comme si nous y étions dans cette ville et ce pays dont nous découvrons les coutumes, les combines, les coups bas, les trahisons et ressentons au plus profond de nous-mêmes toutes les inégalités. Il explore également avec beaucoup de psychologie les sentiments de chacun et enveloppe son récit d'une extrême sensualité, le climat tropical du Panama l'y aidant.

 

Le côté historique n'est pas négligé : l'indépendance du Panama, le canal de Panama, la présence d'anciens esclaves noirs et de soldats américains participent fortement à l'intérêt du récit. 

 

San Perdido est un roman d'aventure original, dépaysant, vif et haletant, un conte avec des personnages forts et attachants, qui dresse une caricature de la société panaméenne pas si éloignée de l'européenne qu'on pourrait le penser de prime abord.

 

Il me semble, d'autre part, que ce pourrait être un excellent scénario pour un prochain film. Impossible en effet,  en lisant ce roman dans lequel certains roulent en Buick Kustom, en Packard Super Eight, ou en cabriolet Hispano-Suiza K6 de 1935, de ne pas avoir déjà des scènes cinématographiques plein les yeux !

 

Si la couverture très colorée du livre avait happé mon regard, son contenu m'a enthousiasmée !

Ghislaine

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