Andreï Kourkov : Le cœur de Kiev

Le cœur de Kiev    par   Andreï Kourkov.

Titre original : Samson i Nadjeda (2).

Traduit du russe (Ukraine) par Paul Lequesne.

Liana Levi (2023) 350 pages.

 

 

Avec Le cœur de Kiev, Andreï Kourkov (photo ci-dessous) nous entraîne à nouveau à Kiev, au mois d’avril 1919, toujours sur les traces de Samson Koletchko, ce jeune garçon qu’il nous avait fait découvrir dans L’oreille de Kiev.

 

 

Le grand feuilleton continue donc, et que ceux qui n’ont pas eu la chance de lire le premier épisode, ne soient pas trop dépités, un résumé bref mais très complet en début d’ouvrage permet de lire ce deuxième opus sans aucun problème.

 

 

Samson devenu orphelin lorsqu’il a perdu son père et son oreille droite sous le sabre d’un cosaque,  a été enrôlé dans la milice.

 

 

On le retrouve donc en ce mois d’avril 1919, à Kiev, avec son acolyte Kholodny, un prêtre défroqué, chargé de faire respecter l’ordre bolchevique. Sa future femme Nadejda,  est employée au service des statistiques de l’administration bolchevique.

 

 

Dans cette cité où la population, affamée, est soumise au diktat de décrets promulgués par le nouveau pouvoir bolchevique, le jeune commissaire du peuple doit veiller à l’application de ces derniers. Les habitants, eux, ont bien du mal à intégrer toutes ces nouvelles règles qui apparaissent et changent sans cesse.  Le dernier décret en date promulgué par la Comrespappro, la Commission régionale spéciale pour l’approvisionnement en vivres, vient d’interdire tout commerce particulier de viande et, il faut le dire, a du mal à passer.

 

 

Quand un meurtre est signalé dans une remise, où du sang a été découvert, que celui-ci s’avère être celui d’un cochon qui a été abattu, Samson est amené à retrouver tous ceux qui ont profité de cet abattage illégal et à enquêter sur le marché noir qui s'est mis en place.

 

 

Le jeune Samson est tenté de relativiser l’infraction, mais la redoutable Tchéka, la police politique, se fait pressante et menaçante.

 

 

Avec cette fiction très séduisante, Andreï Kourkov brosse à nouveau une peinture savoureuse d’une ville sous pression, où l’absurde et le comique des situations côtoient le tragique. Il nous livre une magnifique description du quotidien des habitants de Kiev, après l’accession des bolcheviques avec les différentes forces en présence, armée rouge, milice, Tchéka, Syndicat des chemins de fer...

 

 

Les difficultés pour se loger, pour se nourrir, pour se chauffer, font alors partie du quotidien des habitants de Kiev.

C’est un plaisir de découvrir cette ville avec Samson, soit à pied, soit en briska (tableau ci-dessous), cette calèche légère. Il nous entraîne de son domicile au Marché juif, à la gare et jusqu’aux banlieues lointaines pour le besoin de ses enquêtes, nous permettant de profiter du pittoresque de certains quartiers, mais aussi de saisir toute la crainte et les risques qu’il peut y avoir à errer la nuit dans certains ou même à se promener au bras de sa tendre amie.

 

 

Un des points forts de cette histoire a été pour moi le stage d’interrogatoire auquel a participé entre autres, Samson, et au cours duquel lui sont révélées des consignes indispensables pour mener à bien les interrogatoires. L’obligation de fumer sera l’une des règles essentielles…

 

 

Avec Le cœur de Kiev, Andreï Kourkov nous invite par petites touches à entrer dans la vraie vie de ces Kiéviens qui essaient de survivre à la dureté de leurs conditions de vie et à assister aux bouleversements de cette époque avec l’implantation progressive d’un régime impitoyable.

 

 

Puisse  Le cœur de Kiev, ce puissant roman sociologique, politique et historique, enrichissant et très divertissant, ce roman aux résonances très actuelles, permettre de ne pas oublier l’Ukraine !

 

Il ne me reste plus qu’à attendre avec patience la suite de ce superbe feuilleton !

 

Ghislaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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D
une éternité que je n'ai pas lu cet auteur que pourtant j'aime beaucoup, merci d'en parler !
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