Daniel Berthet : 1851 Marianne des Mées

1851 Marianne des Mées     par     Daniel Berthet

Kariel B. Edition (2017) 249 pages.

 

 

Il ne faut pas oublier ces événements importants qui ont marqué l’histoire de notre pays. La menace d’un renversement de la République plane toujours puisque nous voyons des faits identiques se produire pas si loin de nous. Un homme politique au pouvoir, démocratiquement mis en place suivant les critères de l’époque, décide brutalement de confisquer ledit pouvoir, réalisant ce qui est pudiquement nommé un Coup d’État.

 

 

Photo ci-dessus : Daniel Berthet devant la fontaine des Mées, Fontaine de la République rappelant le sacrifice des Républicains des Mées, le 9 décembre 1851, pour défendre la démocratie.

 

Cela s’est passé en France le 2 décembre 1851 et Daniel Berthet  nous plonge dans la vie de l’époque dans ce département nommé les Basses-Alpes jusqu’en 1970 avant de prendre le nom actuel : Alpes-de-Haute-Provence. Pour que le tableau soit complet, il ne néglige pas le camp des puissants, de cette haute bourgeoisie où l’on se gargarise de titres de noblesse jamais complètement disparus depuis la Révolution.

 

 

Le récit, passionnant de bout en bout, débute en mai 1850 avec la légende du Pas de Marie, un lieu devenu arrêt de messagerie entre Manosque et Digne. C’est là qu’arrive la patache, la diligence que Marianne va prendre. Elle marche en sabots. « Enfoncé sur ses oreilles, un vieux bonnet phrygien dont le rouge avait pris la couleur de la terre à force de sueur et d’intempéries lui donnait des allures de sorcière. Ses mâchoires vides de dents accentuaient le trait lorsqu’elle ouvrait la bouche par saccades pour retrouver un peu d’air… »

 

 

C’est elle l’héroïne de 1851, Marianne des Mées. Ce bonnet phrygien était porté par son père assassiné par une bande de royalistes sous « la monarchie de juillet dans les années trente alors qu’il s’opposait au remplacement du drapeau tricolore par le drapeau blanc au fronton de la mairie de Digne. »

 

 

Les mots du terroir fleurissent « fan de chichourle, fan de pute » dans la bouche du père Laburlière et de Jules Sainfoure qui détaillent Marianne. Les descriptions sont savoureuses. À bord de la patache, Cunégonde De Louvion de Saint-Cyr est avec son mari, M. Dupré qui vient d’être nommé préfet dans ce département lointain.

 

 

Le décor est planté mais c’est à Digne que les événements se bousculent avec l’arrivée de ce nouveau préfet, un procureur et un colonel de gendarmerie n’hésitant pas à arrêter et condamner des innocents pour préserver les intérêts d’une caste regroupée dans l’Ordre de Pentacrine, des nostalgiques de l’Empire.

 

 

Les trois parties qui suivent portent des titres évocateurs : Haro sur la justice ! Haro sur l’assemblée ! Haro sur le peuple ! Le récit est haletant, plein de rebondissements, nous emmène jusqu’au palais de l’Élysée où le Président Louis-Napoléon, surnommé Badinguet, prépare son Coup d’État. Au passage, l’auteur ne néglige pas les amours de Cunégonde et de Magloire.

 

 

Lantoine, le fils de Marianne, côtoie Ailhaud qui mena la seule révolte pour le maintien de la République. Farouches partisans de la démocratie, ils avaient pris la préfecture de Digne et jeté les bases d’un fonctionnement juste, respectant les droits de tous les habitants de leur département. Hélas, la répression fut très dure.

 

 

Daniel Berthet raconte cela très bien car « Pendant ces journées de communion du peuple dans la révolte, Marianne des Mées fut le symbole même de la lutte pour la liberté. »

Jean-Paul

Livres de Daniel Berthet déjà présentés sur le blog :

- Il faut sauver le Saint-Esprit.

- Justice aux poings !

- L'anneau de Saint-Jérôme.

- Porteurs de rêves.

- Au nom de notre bonne foi !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog