Petra Rautiainen : La Mémoire des mers

La Mémoire des mers   par  Petra Rautiainen.

Seuil (2024) 244 pages.

Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli.

Titre original : Meren muisti.

 

 

Avec La mémoire des mers, l’autrice finlandaise, Petra Rautiainen nous emmène dans les contrées nordiques pour une enquête intime dans laquelle la mer occupe une place centrale.

 

 

Aapa, une jeune femme de quarante ans, travaille pour le compte d’une compagnie pétrolière, la Sté G. Oil à Miami, et plus spécialement dans la production de films publicitaires.

 

 

Aussi, lors du début de la conception d’un documentaire pétrolier, quand la direction a opté pour l’histoire du pétrole norvégien et a proposé comme témoin à interviewer Henrik Larsson, l’un des premiers foreurs du pays, l’un des plus doués, celui qui a  trouvé le premier gisement près de Stavanger (photo ci-dessous), Aava y voit là une chance de promotion. Étant du coin, elle connaît cet homme respecté partout et ne voit aucune raison qu’il n’accepte pas de coopérer.

 

 

 Et donc presque vingt ans après avoir quitté les membres de la communauté kvène (photo ci-dessous), une minorité en Norvège, Aava revient au Finnmark dans son village natal en 1980.

 

 

Mais, ce retour va être perturbé par une découverte essentielle sur un évènement qui l’a traumatisée quand elle était enfant, la mort de sa mère, une biologiste de renom, dans la collision d’un navire avec une baleine et dont le souvenir est encore très présent chez tous les habitants de la région.

 

 

En parallèle est dévoilé un journal de voyage en décalé tenu à bord d’un brise-glace transformé en vaste laboratoire de recherche, navigant dans les eaux norvégiennes avec pour objectif l’océan Glacial arctique.

 

La mémoire des mers de Petra Rautiainen (photo ci-contre) est un retour aux sources à plusieurs niveaux. Il l’est pour Aapa, la mer en kvène, qui revient dans son ancienne maison, dans ce lieu où la mer est partout, où elle est vitale.

 

 

Retour aux sources aussi dans son esprit, qui, progressivement, va s’ouvrir pour démêler cet enchevêtrement d’informations plus ou moins vraies et enfin faire jaillir la lumière.

 

Cela a été aussi pour moi la découverte de ces populations minoritaires avec ce dialecte finnois qu’est le kvène, parlé uniquement dans le nord de la Norvège ou encore cette branche religieuse des laestadiens de Finlande encore présente.

 

 

Un univers particulier où la vie est rude et sobre, d’où sans doute l’explication de ces personnages avares de paroles et à la psychologie un peu difficile à cerner...

 

 

Mais avant tout, ce qui m’a le plus captivée, ce sont les réflexions sur le réchauffement climatique qui privera les eaux marines de leur oxygène entraînant donc la disparition de nombreuses espèces animales au cours des cent prochaines années, mais aussi les recherches montrant que les baleines souffrent des forages pétroliers à grande échelle.  Petra Rautiainen sait parfaitement insérer dans son roman ces enjeux climatiques au cœur de l’océan arctique.

 

 

Mais n’y a-t-il pas lieu d’être découragé de savoir que déjà en 1930 les professeurs Alister Hardy et Cyril Lucas alertaient sur la quantité de plastique ramassé dans les mers qui augmentait au fil des ans, bien avant leur  progression fulgurante, ou encore que, dès 1959, Edward Teller, un des développeurs de la bombe H, avait mis en garde les dirigeants du secteur pétrolier contre l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone et alertait de la probabilité d’un réchauffement climatique et d’une élévation du niveau de la mer d’ici la fin du XXe siècle

 

 

La mémoire des mers de Petra Rautiainen, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, à la couverture  superbe, se révèle comme un bel hymne à la mer, et à la nature en général, dans toute sa beauté et sa complexité et un roman profondément humaniste et écologiste.

 

 

Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour cet envoi.

 

Ghislaine

 

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