IV. Correspondances de Manosque 2020.

Correspondances de Manosque 2020

 

22ème édition : Un régal malgré tout…

 

Samedi 26 septembre

Jean Giono, Une âme forte : Avant-première au cinéma CGR :

 

Voilà déjà cinquante ans que Jean Giono s’en est allé sur des chemins que lui seul connaît… Si le Mucem, à Marseille, lui consacrera une exposition, du 30 octobre au 17 février 2020, il était important de réaliser un documentaire sur ce grand écrivain passionné de cinéma et surtout, de présenter ce film dans sa chère ville de Manosque, en avant-première.

 

 

Ce film est programmé ce soir, jeudi 8 octobre 2020, à 22 h 50 (beaucoup trop tard !) sur France 3.

 

 

Nous n’avons pas manqué ce rendez-vous, dans le cadre des Correspondances de Manosque et nous étions nombreux dans la grande et belle salle d’un cinéma tout neuf et superbe. Fabrice Gardel (photo ci-dessous), le réalisateur, était là, Jacques Mény, le président des Amis  de Jean Giono aussi, mais c’était la présence de Sylvie Giono, la seconde fille de l’écrivain, qui était la plus émouvante.

 

En guise d’apéritif, un court-métrage permettait de survoler la région qui a tant inspiré Giono et de l’apprécier encore plus. Ensuite, Giono, une âme forte, permet de se faire une idée la plus précise possible de la vie de l’auteur de Jean-le-Bleu.

 

 

Giono, Furioso, le livre d’Emmanuelle Lambert, sert de trame à l’histoire. L’autrice intervient à plusieurs reprises dans le film, comme Jacques Mény et Sylvie Giono (photo ci-dessous), pleine de vie de passion et d’humour.

 

Les images nous emmènent dans Le Paraïs (photo ci-dessous), sa maison installée sur la pente du Mont d’Or, maison que nous avions visitée et qui domine Manosque. Son œuvre, ses films avec Marcel Pagnol, ses escapades à Paris, sa famille, ses amours, la guerre de 14, la Seconde guerre mondiale et son attitude mal comprise, rien n’est laissé au hasard. Ce film dont les commentaires sont dits par Ariane Ascaride, est vraiment complet et nous a passionnés. C’est un travail d’artisan vraiment réussi.

 

Rebecca Lighieri : Il est des hommes qui se perdront toujours :

Nous connaissions Emmanuelle Bayamack-Tam, Prix du Livre Inter 2019 avec Arcadie, mais, aujourd’hui, nous apprenons que cette autrice publie aussi des romans noirs sous le pseudonyme de Rebecca Lighieri.

 

Sous ce nom, elle nous parle de Il est des hommes qui se perdront toujours, roman qui nous emmène à Marseille, dans les quartiers nord, au cours des années 1980, sur les pas de Karel. La cité Antonin-Artaud où il habite est voisine du Passage 50 où vivent les Gitans, au plus bas de l’échelle sociale.

 

Karl, le père, un homme violent, a été tué. Karel, le fils veut savoir qui l’a tué et c’est un retour en arrière pour tenter d’expliquer cette mort.  Karel est le narrateur. Il s’exprime au présent, à la première personne du singulier dans un récit sans misérabilisme. Il parle de Loubna, sa mère, d’origine algérienne, qui laisse faire son mari, une attitude ambigüe alors qu’entre leurs enfants, la tendresse est évidente.

 

Ainsi, Rebecca Lighieri (photo ci-dessus) pose la question de l’origine de la violence et de sa reproduction tout en montrant Karel draguant les filles de beaux quartiers mais seulement celles dont le prénom se termine par le son i : Julie, Émilie…

Camille de Toledo : Thésée, sa vie nouvelle :

Place Marcel Pagnol, nous découvrons un auditoire impressionnant (photo ci-dessus) pour écouter un Camille de Toledo captivant. Si son vrai nom est Alexis Mital, il publie sous ce nom de plume aux consonances ibériques : Camille de Toledo.

 

Yann Nicol le questionne à propos de Thésée, sa vie nouvelle et il suffit de lancer Camille de Toledo (photo ci-dessous) pour être subjugué. Un homme, son narrateur, se rend en train à Berlin avec un carton d’archives. Faut-il l’ouvrir ou pas ? Ainsi la question est posée : Quelle histoire de l’avenir écrivons-nous au nom du passé ? L’auteur veut qu’à la fin de notre lecture, nous nous demandions : qu’ai-je appris en allant au bout de cette histoire ? Qu’est-ce que j’ai partagé ?

 

Il y a d’un côté, les promesses non tenues du passé. Qu’en faire ? Mais aussi qu’avons-nous fait ? C’est la question de ce début de siècle et nous sommes en plein mythe de Thésée avec une dette à payer à un monstre. Nous devons nettoyer les eaux mortes du temps pour nos enfants, savoir exactement ce qui s’est passé à propos des colonies, de l’esclavage, de cette économie mise en place et pour cette écologie qui tarde à s’imposer.

 

Toutes ces questions sont essentielles et nous avons vraiment été impressionnés par cet auteur que nous avons découvert en cette fin d’après-midi, à Manosque.

 

Dima Abdallah : Mauvaises herbes et Sarah Chiche : Saturne :

Voilà à nouveau deux découvertes, deux autrices aux côtés de Maya Michalon, place de l’Hôtel de Ville alors que la température fraîchit rapidement. Si Dima Abdallah publie son premier roman, Sarah Chiche fait parler d’elle pour cette rentrée littéraire car Saturne était en lice pour plusieurs prix.

 

Mauvaises herbes nous emmène à Beyrouth. D’ailleurs Maya Michalon a commencé l’entretien en lisant un extrait d’un message de soutien paru dans Le Monde. Dima Abdallah (photo ci-contre) fait vire un jeune narrateur et son père, deux voix qui s’expriment. Cet homme a aussi une fille mais elle s’est exilée à Paris. Le seul lien qu’ils avaient, c’était quand ils parlaient botanique car sa fille lui demandait toujours le nom des mauvaises herbes, d’où le titre.

 

La première partie se passe ne pleine guerre civile mais ce n’est pas un témoignage sur la guerre. L’armée française est là, comme un personnage central. Hélas, il faudra quitter Beyrouth et ce roman construit avec précision, d’une écriture fine, ne manque pas d’émouvoir.

 

Quant à Sarah Chiche (photo ci-contre), elle campe l’histoire d’Harry, fils d’un chirurgien ayant quitté l’Algérie. Il aime passionnément Ève, très belle, une fille perdue, une femme fatale, qui a mis au monde une fille, jamais nommée car c’est elle la narratrice qui doit affronter un passé compliqué alors qu’Harry, son père est mort d’une leucémie.

 

La narratrice avait quinze mois au décès de son père et elle a mis quarante-trois ans pour se décider à écrire pour faire de cette mort, une renaissance. Saturne est la planète de la mélancolie et dans la mythologie, Saturne dévore un de ses fils mais la narratrice va faire de cette mort si lointaine, une renaissance.

 

Lecture par Michel Vuillermoz : Lettres du mauvais temps

de Jean-Patrick Manchette :

 

Seul sur la scène du théâtre Jean-le-Bleu, Michel Vuillermoz, de la Comédie française, nous a fait partager un nombre impressionnant de lettres de celui qui révolutionna le polar en France : Jean-Patrick Manchette (1942 – 1995).

 

Cet homme était aussi traducteur, scénariste, dialoguiste, critique de cinéma, chroniqueur, rédacteur en chef, directeur de collection et, paraît-il, adorait jouer aux échecs. Avec ça, il trouvait le temps d’écrire une quantité impressionnante de romans.

 

 

Michel Vuillermoz, inoubliable Cyrano de Bergerac dans la mise en scène, au théâtre, en 2016, de Denis Podalydès, impressionne par son sérieux, son application, sa diction impeccable, donnant vie à des lettres s’adressant à Pierre Siniac, Robin Cook, Ross Thomas, James Ellroy ou encore Jean Echenoz.

 

Jean-Patrick Manchette confirme sa verve, son énergie, sa malice, son intelligence, sa passion et Michel Vuillermoz (photos ci-contre et ci-dessous) emporte l’adhésion de tout le public conquis par ces deux talents réunis pour un soir.

 

 

 

 

Lettres du mauvais temps, Correspondance 1977 – 1995, de Jean-Patrick Manchette, est édité par La Table ronde, cette année.

 

Jean-Paul

 

 

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D
encore une fois un beau rappel de cette journée, un Camille de Toledo formidable qui a fait l'unanimité il me semble, et ce film que je n'avais pas pu voir (un bénévole, ça bosse un peu quand même !) programmé ce soir, je vais sans doute être devant mon écran, tous ceux qui l'avaient vu ce matin là étaient dithyrambiques
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