Jean-Noël Orengo : Les Jungles rouges

Les Jungles rouges      par    Jean-Noël Orengo

Grasset (2019), 267 pages.

 

 

 

Surpris, au début, de trouver Clara et André Malraux, en 1926, dans ce qu’on appelait à tort l’Indochine, colonies qui regroupaient des peuples différents (les Khmers, les Amanites et les Vietnamiens), j’ai peu à peu pris goût à l’histoire.

 

 

Les Jungles rouges est un roman qui m’a éclairé sur une période pas si lointaine, période qui a vu l’empire colonial français, comme on disait, s’effondrer.  Jean-Noël Orengo, auteur que je découvre grâce aux Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de Lecteurs.com, démontre une écriture flamboyante, bien en adéquation avec cette jungle dans laquelle il nous entraîne à plusieurs reprises et qu’il décrit si bien.

 

 

Je me suis fait rapidement aux changements d’époque. Alternent le milieu des années 1920 avec la montée de plus en plus évidente des désirs d’indépendance en Indochine, les années 1950 durant lesquelles les futurs leaders indépendantistes se retrouvent et se forment à… Paris, puis 1973 et 1975 avec la prise du pouvoir sanglante par les khmers rouges, la fin du XXe siècle revenant à Paris et même à Trouville et le coup de théâtre final, en 2016. L’auteur précise, pour chaque nouveau chapitre, le lieu et la date pour ce qui va se passer, ce qui est précieux.

 

 

Entre volonté farouche d’indépendance et départ vers des horizons fantasmés - l’Asie du sud-est pour les Européens et l’Europe de l’Ouest pour les Thaï, Khmers, Vietnamiens - le roman est dense, un peu fouillis mais c’est volontaire, je pense, même si cela m’a désorienté parfois. Pourtant, cela a été une formidable motivation pour aller au bout de cette histoire terrible mêlant amour, politique et sexe tarifé ou non.

 

 

Jean-Noël Orengo (photo ci-contre) m’a bien fait ressentir les dégâts irréparables de la colonisation, les mélanges de peuples pas toujours réussis et l’échec de théories parfaites sur le papier mais désastreuses dans leur application. Plongé dans cette histoire compliquée, je voulais toujours en savoir plus et je suis parfois resté un peu sur ma faim. En tout cas, les souffrances, les drames, les morts innombrables causés par la barbarie des khmers rouges et les bombardements américains ne doivent pas disparaître des mémoires.

 

 

L’auteur m’a donc fait aussi rencontrer Clara et André Malraux, démystifiant le grand homme, puis m’a plongé dans la vie quotidienne au Cambodge, en Thaïlande, au Vietnam mais aussi en France. Son style est bluffant parfois, son écriture d’une richesse intense et le coup de théâtre final, même s’il emprunte des chemins détournés, mérite d’être souligné.

 

J’ai beaucoup  appris en lisant ce livre. J’ai été ému, horrifié aussi, lassé parfois par des détours que je n’attendais pas. Marguerite Duras est même venue compléter le tableau. Était-ce vraiment nécessaire ? Oui, mais pas indispensable.

Jean-Paul

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