IV. Nos Correspondances de Manosque

Correspondances de Manosque 2019 (IV)

 

De nombreux écritoires sont installés un peu partout dans la ville. Celui-ci, peut-être le plus spectaculaire, est perché dans un arbre, place de l'Hôtel de Ville.

 

samedi 28 septembre

 

 

 

 

 

 

 

 

Jacques Ferrandez : Le Chant du monde d’après Jean Giono :

C’est à Forum BD, superbe boutique consacrée à la BD, que nous nous retrouvons pour la séance de dédicaces de Jacques Ferrandez.

Son dernier roman graphique, Le Chant du monde d’après l’œuvre de Jean Giono vient de paraître et c’est très émouvant de rencontrer ce géant de la BD, en toute simplicité.

L’auteur des fameux Carnets d’Orient et de beaucoup d’autres albums tous remarquablement dessinés croque en quelques instants un de ses personnages et c’est avec le sourire qu’il offre sa dédicace aux nombreux fidèles qui ont répondu présent. Un moment très chaleureux.

 

 

Mazarine Pingeot (Se taire) et Vincent Message (Cora dans la spirale) :

L’une publie son treizième roman et l’autre fut lauréat du Prix Orange 2016.

 

La première parle du viol et du silence imposé ensuite dans un milieu assez fortuné alors que le second traite de la souffrance au travail. Mathilde, l’héroïne du roman de Mazarine Pingeot, est photographe. Lorsqu’elle vient photographier un Prix Nobel, ce monsieur la viole mais dans sa famille, il ne faut pas faire de scandale, rester à sa place. Dans le contexte du mouvement de délation qui a été lancé par Me Too, l’auteure reconnaît que des accusations peuvent porter sur des choses qui n’ont pas existé mais que, par contre, il faut en finir avec la domination masculine.

 

Chez Vincent Message, Cora est broyée par la vie quotidienne et quand sa société se restructure, l’engrenage est impitoyable. Pour cette femme, la politique et le social s’imbriquent car elle doit être maman, amante, amie, militante et subir aussi la domination masculine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Victoria Mas (Le Bal des folles) et Denis Michelis (État d’ivresse) :

Elle publie son premier roman alors que lui en est déjà à son troisième.

 

Victoria Mas s’est beaucoup documentée pour parler de ces femmes enfermées à la Salpêtrière, à la fin du XIXe.  Ce bal se donnait à la mi-carême dans cet hôpital-prison dirigé par le fameux Docteur Charcot. On venait voir les bêtes curieuses. Au travers de plusieurs histoires de femmes, l’auteure les sort de l’oubli et rappelle une période où on exhibait la maladie, où le voyeurisme des mondains était à son apogée le soir du bal.

 

Pour Denis Michelis, c’est l’histoire d’une femme enfermée dans son ivresse qui s’exprime sur une durée de sept jours. Isolée car elle n’a plus de permis, plus de voiture, elle fait du télétravail et c’est drôle et terrifiant à la fois.

 

 

 

 

Jonathan Coe : Le Cœur de l’Angleterre :

Sophie Joubert présente le grand romancier anglais, Jonathan Coe, avec pour interprète Valentine Leys. Il présente un livre essentiel en cette période car il traite du Brexit tout en reprenant les personnages de ces deux précédents romans. Tous les trois ils traitent du nationalisme. L’auteur permet de bien comprendre ce qui mijote dans son pays depuis vingt ans car les journaux de droite inondent leurs lecteurs d’une propagande anti-européenne. Une fracture générationnelle coupe le pays en deux car les plus de soixante-cinq ans veulent quitter l’UE alors que les plus jeunes veulent rester. Il en parle bien avec des scènes de comédie et des dialogues savoureux.

 

 

 

 

 

Lecture par Jean-Quentin Châtelain : Un sacré gueuleton : manger, boire et vivre de Jim Harrison :

Quelle débauche de nourriture, de bons, de très bons vins !

Jean-Quentin Châtelain arrive, seul sur scène, debout devant un pupitre. Il surprend d’abord par sa diction puis captive, subjugue, détend l’auditoire épaté par tant de plats ingurgités. Certaines recettes sont même détaillées. Et les vins ! Heureusement, il n’oublie pas les Côtes-du-Rhône, le Côte-rôtie, l’Hermitage. Dommage qu’il ne cite pas le Saint-Joseph ou le Madiran et encore le Pacherenc ou le Viognier mais c’est vrai qu’il ne goûte pas trop le vin blanc…

 

 

Rires, surprises, quelle accumulation de détails culinaires jusqu’au moment où le diabète met un frein à la goinfrerie

 

. Peu à peu, après l’apothéose des cinquante plats pour fêter les cinquante ans de son meilleur ami, c’est la décroissance. Calme, réflexion sur la vie, sur cette mort qui approche. Grâce à cette extraordinaire lecture, nous avons découvert Jim Harrison (1937 – 2016), un poète hors normes. Merci aux Correspondances !

 

Ghislaine et Jean-Paul

 

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