Marie-Hélène Lafon : Les Pays

Les Pays         par       Marie-Hélène Lafon.

Buchet/Chastel (2012), 202 pages ; Folio (2014) 160 pages.

 

 

Lire Marie-Hélène Lafon (photo ci-contre), c’est s’embarquer sur un fleuve que conduit un récit impulsé par de longues phrases et rythmé par de plus courtes, un récit étonnamment attachant, surtout lorsqu’il parle des détails de la vie quotidienne, de la vie des gens simples.

 

 

Tout commence avec un départ pour Paris, en train, même si le père aurait préféré voyager en voiture… Claire fait partie des deux enfants accompagnant leurs parents et c’est elle que nous allons suivre tout au long de ce livre où l’auteure semble avoir mis beaucoup d’elle-même.

 

 

Sans cesse, elle nous ramène dans ce Cantal qu’elle a laissé pour étudier dans la capitale, tout donner pour réussir ses études puis enseigner, sans oublier le pays du Saint-Nectaire et toutes les difficultés, toute la peine de ceux qui tentent de rester pour vivre et travailler sur place.

 

 

Après la visite décevante au Salon de l’agriculture, voici la Sorbonne et un professeur de grec remarquable qui invitait ses étudiants, en fin d’année, après la publication des résultats. Claire détaille sa propriété et note, à propos d’un cerisier méritant une taille sévère : « … sachant que l’on verserait sa procrastination au compte déjà bien garni des atermoiements inhérents aux littéraires éthérés. » Quel vocabulaire !

 

 

 

Les années d’internat sont aussi évoquées, comme ces rares amies liées à Claire qui n’hésite pas à consacrer la presque totalité de son repos estival à travailler au guichet d’une banque. Le hasard lui fait rencontrer un Pays, magasinier à la bibliothèque de la Sorbonne et c’est tout le Cantal qui revient…Plus loin, elle explique sa réussite aux examens : «  Elle avait fiché, compartimenté, absorbé sans fin, en brute méthodique. Elle avait ruminé, digéré et recraché. »

 

 

 

Nous la retrouvons à la quarantaine, de retour du pays, gare de Lyon où elle remarque : « Les filles des affiches sont des bêtes longues et maigres au pelage soigné, elles vendent des produits, elles sont dressées pour ça et appointées. » Finalement, elle reconnaît avoir deux terriers : un dans la ville minérale et un autre, là-haut, « son terrier des champs »

 

 

Pour finir Les Pays, voici le père de Claire à Paris, dans le métro, au Louvre et ses réflexions sont savoureuses mais le constat est simple : " Le bref séjour annuel à Paris permettait au père de mesurer la distance creusée entre Claire et lui par cela même qu’il avait toujours souhaité pour ses filles, la réussite dans les études et un métier stable." 

 Jean-Paul

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