Ernest-Pignon Ernest et Lyonel Trouillot : Tu aurais pu vivre encore un peu...

Tu aurais pu vivre encore un peu...  

 

par    Ernest Pignon-Ernest et Lyonel Trouillot

Éditions Bruno Doucey (2020), 94 pages.

 

 

C'est le premier vers "Tu aurais pu vivre encore un peu..." d'une des si belles chansons de Jean Ferrat qui a servi de titre à ce magnifique album dédié à cet auteur-compositeur interprète parti trop tôt. C'est un livre tout en délicatesse dont les portraits sont signés du plasticien Ernest-Pignon-Ernest (photo ci-dessous) et le texte superbe, de l'auteur haïtien Lyonel Trouillot : un livre conçu à quatre mains qui redonne vie à cet homme né Tenenbaum en 1930,  et décédé, voilà 10 ans déjà, ayant vécu depuis 1974, dans cette Ardèche qu'il a sublimement chantée !

Ces deux artistes ont associé leur talent pour conjurer l'absence de celui qui détestait les interdits, l'injustice et le totalitarisme et qui aimait avant tout la poésie. Il disait d'ailleurs à propos d'Aragon : "La poésie d'Aragon, c'est simple, c'est direct, c'est beau, trois choses qui sont essentielles pour moi dans la chanson"

Ce sont d'ailleurs pas moins d'une vingtaine de portraits pleine page, magnifiques qu'a peints Ernest-Pignon-Ernest, son ami - ils partageaient une même conception de l'art, celle des idées au service de la poésie - des portraits de poètes ou d'artistes que Ferrat considérait comme des frères de poésie et d'engagement : Aragon, Brassens, Desnos, Éluard, Neruda, E. Triolet, V. Hugo, V. Van Gogh, B. Vian et d'autres encore.

Quant à Lyonel Trouillot, il a su avec justesse et poésie, replacer les mots, les pensées et les paroles  du chanteur dans la vie d'aujourd'hui. 

Pour celles et ceux qui aiment Jean Ferrat, et j'en fais partie, c'est un album à se procurer de toute urgence. Il ne s'agit ni d'une biographie, ni d'un album photo, ni d'une anthologie mais bien d'une œuvre originale,  une véritable promenade poétique, artistique avec des paroles puisées dans certaines chansons de Jean Ferrat, auquel l'écrivain s'adresse accompagnée de forts beaux portraits au fusain.

Loin de nous plonger dans la nostalgie - un petit peu tout de même, il est impossible de ne pas fredonner quelques airs en le lisant -. cet ouvrage nous montre que ce qu'a mis Ferrat en musique colle toujours à l'actualité et qu'il a parfois eu des pensées prémonitoires :

"C'est fou ce que je m'acclimate

Au jardin d'acclimatation."

Lucidité plus que divination, tu as su voir venir toutes les régressions, l'affaissement éthique, la résignation et les stratégies d'acclimatation. C'est une France bien loin de la tienne qui triomphe aujourd'hui. Tu l'avais dit :

"Jésus-Marie"

Quelle décadence

Quelque chose est pourri

Dans mon royaume de France."

Mais ne nous laissons pas abattre et combattons toujours car n'oublions pas :

 "Que c'est beau, c’est beau la vie !"

Un bel objet essentiel à mettre sous le sapin !

Je remercie les éditions Bruno Doucey et Babelio pour m'avoir offert ce superbe cadeau de Noël avant l'heure.

Ghislaine

 

 

Tu aurais pu vivre encore un peu...  

 

par    Ernest Pignon-Ernest et Lyonel Trouillot.

Éditions Bruno Doucey (2020), 94 pages.

 

Tu aurais pu vivre encore un peu… Jean Ferrat le chantait pour un ami très cher et voilà que ce vers si émouvant sert de titre à ce très beau livre des éditions Bruno Doucey.

 

Les dessins signés Ernest Pignon-Ernest sont d’une expressivité extraordinaire. Ils semblent faits au fusain avec un relief d’une humanité profonde.

 

Ernest-Pignon Ernest était ami avec Jean Ferrat, né Tenenbaum en 1930 et mort en 2010, à 80 ans.

 

Né en 1942, Ernest-Pignon Ernest, depuis un demi-siècle, appose ses dessins sur les murs des villes, un peu partout dans le monde. Dans ce beau livre, s’il a réalisé trois portraits de Jean Ferrat, il superbement croqué Paul Éluard ou Pablo Neruda mais aussi Victor Hugo, Paul Verlaine, Georges Brassens, Charles Baudelaire, Elsa Triolet etc… et Louis Aragon, bien sûr !

 

Enfin, il y a les textes magnifiques de Lyonel Trouillot (photo ci-dessous) qui a su allier sa plume alerte aux extraits si bien choisis des chansons de Ferrat.

 

D’ailleurs, il s’adresse à lui, le tutoie comme un camarade, ce si joli nom. Écrivain haïtien, né à Port-au-Prince en 1956, est aussi poète et cela se ressent. Par contre, lui n’a jamais rencontré celui qui avait choisi l’Ardèche et Antraigues-sur-Volane pour vivre, mais il adorait ses chansons comme il le prouve par des textes courts, éloquents, percutants ou délicieux.

 

Ce beau livre est né lors d’une résidence artistique au Cairn de Meyrin dans le canton de Genève et s’est confirmé lors d’une exposition, « Les Murs du lendemain », au 18e Forum international sur les droits humains, toujours à Genève.

 

Rythmé par les œuvres de Ernest Pignon-Ernest, quelques mots éloquents écrits en gros caractères accompagnent un parcours littéraire sur les textes de Jean Ferrat,

 

Tu aurais pu vivre encore un peu aborde tous les thèmes de l’artiste, ses combats, sa lucidité, son chant d’amour et son affirmation en faveur des femmes, souvent aidé par les textes de Louis Aragon.

 

Jean Ferrat me manque, Jean Ferrat nous manque mais il reste ses disques et bien d’autres moyens pour l’écouter, le voir chanter. Il n’est pas un chanteur mais un homme qui chante et j’ai beaucoup aimé ce doux moment poétique et émouvant procuré par ce beau livre.

 

Comme Bruno Doucey, l’éditeur, l’affirme : « Chanter, écrire, dessiner, c’est toujours rêver de beaux lendemains. »

 

Jean-Paul

 

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vous savez nous donner envie de retrouver Jean Ferrat, il faut avouer qu'il nous manque tant, et ce livre a vraiment l'air superbe
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