Jean-Emmanuel Ducoin : Jean FERRAT 2

Jean FERRAT, L’homme qui ne trichait pas (2)   par  Jean-Emmanuel Ducoin.

Éditions Jean-Claude Gawsewitch (2011) 224 pages.

 

 

 

 

Avec Christine Sèvres, il s’installe à Ivry-sur-Seine, dans la banlieue rouge, et sa carrière prend peu à peu son envol. Concerts et disques s’enchaînent. C’est Gabriel Monnet, directeur de la Comédie de Bourges, qui lui parle d’Antraigues-sur-Volane, en Ardèche, et lui conseille de rencontrer Jean Saussac, peintre et ancien résistant.

 

 

Jean et Christine ont un coup de foudre immédiat pour ce village où ils achètent une vieille ferme à moins de 3 km du bourg. Cet amour passionné et raisonné pour la beauté et le calme du lieu ainsi que pour sa population, donnera La Montagne, en 1964.

 

Jean Ferrat poursuit sa carrière, écrit même des musiques de films et se produit à Bobino. C’est l’époque où Potemkine déchaîne les passions. La chanson est même interdite à la télévision. Toujours en 1965, est organisée une Nuit d’Antraigues, avec, entre autres, Catherine Sauvage, le ballet de Roland Petit et… Jacques Brel !

 

 

 C’est en 1967 qu’il revient de Cuba avec une moustache qui deviendra légendaire. Là-bas, il s’est produit devant des milliers de personnes qui, paroles en mains, chantaient avec lui mais il n’a pas rencontré Fidel Castro. La matinée est un cadeau d’Henri Gougaud.  Ma France revendique le meilleur pour tous mais Jean Ferrat est à nouveau privé de télé, pour deux ans et demi, cette fois.

 

 

En 1970, il fait le Palais des Sports devant 60 000 personnes et 10 000 deux ans plus tard. Camarade dénonce l’écrasement du Printemps de Prague.   La Commune  rend hommage à Jean-Baptiste Clément et Eugène Pottier, les auteurs du « Temps des cerises ». Son album Ferrat chante Aragon, en 1971, est un véritable bijou. En 1972, il chante à la fête de L’Huma devant 100 000 spectateurs et, l’année suivante, au théâtre antique de Fourvière, c’est son dernier concert…hélas. Physiquement et nerveusement saturé, il veut avoir du temps pour lui et se retire à Antraigues.

 

Il mettra deux ans avant d’offrir un nouvel album combatif et prophétique avec La femme est l’avenir de l’homme. Il devient conseiller municipal d’Antraigues puis maire-adjoint jusqu’en 1983 et joue aussi à la pétanque sur la place du village. En 1979, il a réenregistré ses 113 chansons sur douze disques. L’année suivante, pour la première fois, son nouvel album de de douze titres est entièrement signé Jean Ferrat, paroles et musique.

 

Le 1er novembre 1981, Christine Sèvres décède d’un cancer à 50 ans. Un an plus tard, c’est Aragon qui tire sa révérence. Quelques années plus tard, Jean Ferrat partage sa vie avec Colette qu’il épouse. À la télévision, Michel Drucker lui fait toujours confiance et nous offre un spécial Ferrat en 1991. Devant dix millions de téléspectateurs, il chante 9 de ses 14 nouvelles chansons dont À la une qui fait du bruit. En 1994, son dernier album met en valeur seize nouveaux poèmes d’Aragon dont La Complainte de Pablo Neruda, une chanson entraînante et émouvante à la fois.

 

S’il a perdu ses illusions, Jean Ferrat garde ses espérances. Il se présente aux européennes sur la liste « Bouge l’Europe » de Robert Hue, en 1999. Une exposition, en 2004, présente Jean des encres, Jean des sources, à Ivry-sur-Seine puis à la fête de L’Humanité. Au cours du concert de Francesca Soleville et Véronique Estel, il prend le micro et chante Le Temps des cerises, un moment d’intense émotion. Aux régionales de février 2010, il appelle à voter pour le Front de Gauche et s’éteint le 13 mars qui suit, à Aubenas. Jean Ferrat avait 79 ans. Aussitôt, l’émotion est considérable. Ses funérailles, à Antraigues, attirent une véritable marée humaine et sont retransmises en direct à la télévision.

 

Depuis, sa tombe donne l’occasion à de très nombreux admirateurs d’aller lui rendre hommage mais il reste ses disques et les enregistrements vidéo d’un homme, un artiste, un poète qui a su, tout au long de sa carrière se comporter comme un être responsable et formidablement rempli d’une émotion qu’il savait transmettre de sa voix chaude et profonde…inoubliable.

 

 

Un immense merci à Myriam, Denis, Adrien, Benoît, Marie-Thérèse et Marie-Noëlle, pour ce beau cadeau de Noël 2011, un livre superbement illustré par de nombreuses photos qui sont aujourd’hui des documents.

Jean-Paul

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